L'Homme qui venait d'ailleurs de Nicolas Roeg- 6,5/10
Autant l’aventure labyrinthique de Ne vous retournez pas, dans les ruelles nébuleuses de Venise m’avait envouté, voire crispé avec sa fin assez monumentale, autant le film avec Bowie me laisse de marbre malgré sa beauté de chaque instant. Certes, les qualités graphiques sont là, notamment des scènes de sexe magnifiques, mais pour moi, le film se perd en cours de route, à trop vouloir être illisible et la magie du montage syncopé n’opère pas, surtout par le biais d’une histoire d’amour mal fagotée et un personnage principal neurasthénique. La présence de David Bowie, son physique iconique, happe indéniablement, il bouffe le film de sa classe, on ne peut l’exclure, mais bizarrement le charme se délite au fil des minutes. Derrière ce subterfuge d’une science fiction qui n’en est presque pas une, Roeg utilise avec intelligence sa rock star et son environnement atypique pour parler de célébrité, de solitude, et de l’aliénation humaine et sa manière d’imaginer la marginalité ; mais semble parfois vouloir trop se reposer sur les épaules de l’aura de son acteur pour faire saisir les choses. On sent que le film est une grosse influence d’Under The Skin, mais là où le film de Glazer utilise l’image pour dévoiler sa limpidité (ou sa simplicité), L’Homme qui venait d’ailleurs se perd dans un récit qui multiplie des pistes dans le vide.