[Mr Jack] Mes critiques ectoplasmiques de 2018

[Alegas]

THE NIGHT COMES FOR US (2018)

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┟ Timo Tjahjanto ┧
5.5/10

Difficile de noter un film aussi généreux et wtf à la fois. Il y a sans doute autant de choses ratées que de réussies dans le film. Mal écrit mais plutôt bien réalisé, mal narré mais bien photographié, maladroitement monté (surtout au niveau du son, les effets sont trop accentués comme dans un manga sous acide) mais plutôt bien chorégraphié (même si on est toujours à la limite du too much). Les personnages n'éxistent pas, sont incarnés aussi bien que dans un Tekken ou un Soul Calibur, et répètent toujours les mêmes gestes, suivent les mêmes lignes sans jamais dériver, du coup les bastons sont pas mal mais on a l'impression de regarder 20 fois la même scène. Linéaire, prévisible mais encore une fois ça se rattrape par ce que ça envoie, tant au niveau de la violence brute que du taux d'hémoglobine. Ca envoie la sauce et ça livre la marchandise. Sauf que ce manque d'incarnation annihile totalement l'implication pour les destins qu'on essaie de nous tracer. L'histoire est clairement nase, au-delà du classique, totalement basique, sans enjeux, avec des rapports de force superficiels. Dans ce genre de film, du coup, beaucoup se joue sur l'ambiance, le style. Encore une fois, c'est nuancé. Si le design global est plutôt minimaliste, les persos sont assez stylés et ont chacun leurs forces et faiblesses ; par contre la musique n'est pas du tout soignée, et reste là, en fond sans jamais se fondre dans le décor ni porter les protagonistes. Pareil pour la ville en décor, on est dans des pièces étroites, dans des hangars et des parkings sans jamais sentir l'environnement qui sert d'étau, se resserrant au maximum jusqu'au climax final. Un film gratuit, qui saigne bien comme il faut mais qui ne casse pas des briques.

[Jimmy Two Times]

Ouais, à peu près pareil en ce qui me concerne même si je suis plus généreux d'un point. J'avais maté Headshot juste avant celui-ci (auquel je mettrais 5.5/6), avec le même réal et le même casting ou presque. C'est un peu la même chose avec une action moins gorasse et un scénario à peine mieux (c'est complètement con avec une espèce de love story niaise mais au moins ça fait vivre un peu les persos). Ce diptyque (auquel on peut rajouter les 2 The raid) confirme au moins une chose, l'Indonésie n'est pas une patrie de poètes

[Mr Jack]

WIDOWS (2018)

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┟ Steve McQueen ┧
8/10

Bah merde alors, un très bon polar en 2018. Tout arrive. Tout y est : un éventail de personnages pris dans des situations insolubles, des enculés, des bad ass, des coups bas, des retournements de situation, des plans foireux. Un film à la fois très moderne dans ses partis pris (vive la nuance) et classique dans son éxécution, mais dans le bon sens du terme. Ca pue le polar noir des 80/90's où se mélangent problèmes raciaux, politiques, familiaux sans en faire trop. On n'a pas envie de plaider la cause de Viola Davis, on la regarde sortir la tête de l'eau, survivre. On n'est pas là pour dénoncer, on dresse des constats : les enculés ne sont pas forcément ceux que l'on croit. On n'est pas dans le format enquête policière mais dans le drame humain, la tragédie familiale. En cela on se rapproche de Gray. De Mann, aussi, dans ces personnages aux pieds du mur qui vont devoir sacrifier une partie de leur âme au nom de quelque chose qui les dépasse. McQueen récite ses gammes avec maestria. Il choisit de se délaisser d'une photographie léchée pour poser sa caméra avec minutie. L'oeil est toujours placé là où il faut, où la nuance se révèle et la perspective change. Le dosage entre séquences haletantes et scènes brutales est parfait là aussi. On ne regarde pas Heat, ce n'est pas un film de casse. On nous ment pas sur la marchandise, les femmes sont là pour survivre, elles ne jouent pas à l'homme, elles font le job à leur place. On ne passe pas 3h à se triturer le cerveau pour les plans des casses. Le plan est simple, c'est dit explicitement avant et après. In and out, les enjeux se font tout autour et de manière transversale. Davis, je n'ai jamais été fan mais elle porte vraiment le film. Quelques fissures de surjeu, comme Neeson, mais globalement ça tient. Les autres figures sont classiques, les rôles bien tenus. Quelques surprises, quand même. Kaluuya nous fait un perso tout droit sorti de The Wire, un gun man sans état d'âme qui pourrait faire ça en mangeant ses Frosties. Pas d'explications, pas de chichis, il fait son job. Debicki aussi surprend par son répondant et par le type de personnage qu'elle tient. Assez nuancé. Je ne m'attendais à rien, vu l'année cinéma, j'en étais même à rester chez moi jusqu'à la fin de l'année, répondant par dépit à une offre plus facile et moins éxigente. Et je me suis fait cueillir par un polar comme je les aime : brut, humain, nuancé et sans prétention.