Sonachine (Sonatine, mélodie mortelle) de Takeshi Kitano
(1993)
Bon je crois que là j’ai la confirmation officielle : Kitano, c’est loin, très loin d’être ma came. Pourtant, c’est pas faute de bien comprendre l’intention, et sur le papier cette histoire de yakuzas qui doivent se mettre à l’écart après un coup qui n’a pas bien tourné aurait pu me plaire, mais comme très souvent au cinéma, c’est pas tant le scénario qui compte que la façon dont il est traité, et là clairement le traitement à la Kitano ça me laisse complètement indifférent. Déjà sur la mise en scène, c’est à mon sens simpliste au point que ça donne l’impression que la forme est mise de côté. A l’exception de quelques mouvements de grue, qui sont généralement les meilleurs plans du film (la séquence des sumos, le plan où Kitano rentre dans le building pour en finir), c’est du plan fixe tout ce qu’il y a de plus bête, et même pas travaillé avec ça, c’est généralement l’acteur au milieu du cadre, avec une photo simpliste, bref à nouveau j’ai beaucoup de mal à voir en Kitano un formaliste. A la limite, il y a bien la scène de l’ascenseur que j’ai trouvé intéressante, mais c’était plus pour une question de montage qu’autre chose.
Mais il y a aussi la question de l’interprétation, et là c’est réellement le point qui m’a agacé dans ce métrage. Encore plus que dans Hana-Bi ou Aniki, j’ai sans cesse eu l’impression de regarder un film sur des demeurés. Je comprend bien l’intention de décalage, avec des persos mutiques et sans émotions alors que des carnages sont faits autour d’eux, mais soit c’est censé provoquer une réflexion et dans ce cas j’ai envie de dire que le film tourne rapidement en rond, soit c’est censé faire rire et là pour le coup c’est complètement raté sur moi. Au mieux, j’ai eu quelques sourires esquissés, mais c’était plus souvent sur des situations (la grenade dans la voiture) plutôt que sur les dialogues ou le jeu d’acteur. Je veux bien comprendre que ce soit une patte liée à son réal, mais bon voir Kitano et ses collègues tirer la gueule pendant 1H30 c’est clairement pas mon trip, et la soi-disant poésie qui en découle ne me touche aucunement. La musique d’Hisaishi, je vois pas trop ce qu’elle a d’exceptionnelle, je préfère nettement son travail chez Miyazaki, là je ne retiens aucun thème. Bref, je sens que je vais arrêter les frais là avec ce réal : là où chez un Kurosawa je trouve parfois des films qui se distinguent des autres, là j’ai vraiment l’impression de voir le même film chiant et joué de la même façon. Dans le meilleur des cas, si je trouve la motivation, je tenterais un jour L’été de Kikujiro, mais c’est pas demain la veille.
4/10