THE SHAPE OF WATER (2018)
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┟ Guillermo Del Toro ┧
6/10
Hollywood a toujours été le plus fort pour s'auto-congratuler. Se rendre hommage et se féliciter d'avoir une si belle mémoire sur lui-même. Chaque année, un grand livre s'ouvre : il était une fois, au royaume fabuleux d'Hollywood...De beaux miroirs érigés avec au centre le passé d'une industrie à bout de souffle. Mais qu'importe le flacon, tant qu'on ait l'ivresse.
C'est donc l'histoire d'une muette (belle époque) qui tombe amoureux d'un animal magique sans le savoir, forcément caché du monde, forcément opprimé, rejeté du cadre par sa différence. Deux animaux effrayés, incompris vont se rencontrer et s'aimer. Cet amour va être confronté au modèle américain du début des années 60. Un modèle froid, rigide, planté dans le contexte de la guerre froide, la course à l'espace, à l'armement. La belle époque, quoi...Le monde, divisé en deux, court à celui qui aura la plus grosse (et celui qui pissera sans les mains), et devient machinal, bête et sans âme. L’idéologie de l’américain parfait de l’époque se reflète sur l’époque actuelle où l’on épouse la différence et l’on commence à rejeter l’ordre établi. Un film moderne ? Pas tant que ça. Del Toro ressuscite la Créature du Lac Noir pour rendre hommage à la belle époque de la SF en Technicolor, au cinéma de Jack Arnold, aux bêtes et aux méchants en plastique qui n’avaient pas besoin de faire peur pour émouvoir. Par extension, aux romances des années 50, avec toute la structure narrative qui s’en suit. Avec le méchant sans nuances et la happy end qui va bien. Du cinéma nostalgique, lisse et poil-à-gratter sans être polémique.
C’est là le véritable défaut du film, sa linéarité. De l’eau tiède où se noie une narration cousue de fil blanc, non sans émotion et remous, mais dont on attend toujours l’effet de surprise. La beauté pure de ses décors, de sa photographie, de la musique, ne suffit pas à rendre cette histoire assez singulière pour être poignante. Alexandre Desplat est comme souvent très à l’aise pour imposer une ambiance douce amère, teintée de magie aux accents de frayeur. Et même Del Toro assure, sous la silhouette de sa belle créature cachant bien ses atouts, et de ses mouvements soyeux de caméra, remplis de belles petites idées visuelles. Mais la tiédeur de son propos et le manichéisme de son méchant ne parviennent pas à rendre cet hommage éternel, malgré tous les efforts entrepris.
C'est donc l'histoire d'une muette (belle époque) qui tombe amoureux d'un animal magique sans le savoir, forcément caché du monde, forcément opprimé, rejeté du cadre par sa différence. Deux animaux effrayés, incompris vont se rencontrer et s'aimer. Cet amour va être confronté au modèle américain du début des années 60. Un modèle froid, rigide, planté dans le contexte de la guerre froide, la course à l'espace, à l'armement. La belle époque, quoi...Le monde, divisé en deux, court à celui qui aura la plus grosse (et celui qui pissera sans les mains), et devient machinal, bête et sans âme. L’idéologie de l’américain parfait de l’époque se reflète sur l’époque actuelle où l’on épouse la différence et l’on commence à rejeter l’ordre établi. Un film moderne ? Pas tant que ça. Del Toro ressuscite la Créature du Lac Noir pour rendre hommage à la belle époque de la SF en Technicolor, au cinéma de Jack Arnold, aux bêtes et aux méchants en plastique qui n’avaient pas besoin de faire peur pour émouvoir. Par extension, aux romances des années 50, avec toute la structure narrative qui s’en suit. Avec le méchant sans nuances et la happy end qui va bien. Du cinéma nostalgique, lisse et poil-à-gratter sans être polémique.
C’est là le véritable défaut du film, sa linéarité. De l’eau tiède où se noie une narration cousue de fil blanc, non sans émotion et remous, mais dont on attend toujours l’effet de surprise. La beauté pure de ses décors, de sa photographie, de la musique, ne suffit pas à rendre cette histoire assez singulière pour être poignante. Alexandre Desplat est comme souvent très à l’aise pour imposer une ambiance douce amère, teintée de magie aux accents de frayeur. Et même Del Toro assure, sous la silhouette de sa belle créature cachant bien ses atouts, et de ses mouvements soyeux de caméra, remplis de belles petites idées visuelles. Mais la tiédeur de son propos et le manichéisme de son méchant ne parviennent pas à rendre cet hommage éternel, malgré tous les efforts entrepris.