[Alegas] Mes Critiques en 2018

[Jed_Trigado]

Pas mieux qu'Alegas, Grave est très imparfait mais jamais j'y ai vu un film hautain ou méprisant. En fait, je le rangerais dans la même catégorie que les travaux de Du Welz ou NWR (celui qui va de Bronson jusqu'a OGF), on essaye de mélanger des influences arty avec des trucs plus bis sans cela ne fasse tâche.

[Alegas]

Tout pareil. Je trouve ça dommage que dès qu'un film cherche à faire du genre arty on qualifie ça de prétentieux (en tout cas en ces lieux), comme si le cinéma de genre devait se faire d'une seule façon pour être bien vu.

[Alegas]

Bad Lieutenant de Abel Ferrara
(1992)

J’étais persuadé d’avoir déjà vu un film d’Abel Ferrara dans ma vie mais en fait non après vérification, du coup ce Bad Lieutenant aura été ma première découverte de ce réal. Alors forcément, c’est difficile de faire abstraction de la réputation du métrage, je me souviens en avoir entendu parler assez tôt dans ma cinéphilie et qu’il a été durant des années sur ma watchlist, et si on rajoute à ça les nombreuses influences qu’il a lancé on n’en finit pas. C’est donc un peu mitigé que je ressors de cette séance, pas spécialement désagréable assez loin de ce que j’imaginais. Là où j’attendais un film d’intrigue, j’ai eu plutôt un film d’ambiance, et clairement je pense que c’est un film qui mérite d’être vu au ciné tant il y a un côté immersif sur lequel on doit jouer un minimum le jeu.

Cette descente aux enfers mêlée à une recherche de rédemption est vraiment intéressante sur le papier, mais c’est plutôt du côté de l’exécution où j’ai plus de mal : Ferrara n’hésite pas à tirer ses scènes en longueur malgré la durée relativement courte de son film, et autant les dialogues avec la nonne se suivent sans problème, autant j’aurais du mal à en dire autant des séquences de défonce ou du passage où Keitel emmerde deux nanas en bagnole. Ces séquences, j’ai l’impression qu’elles n’existent que pour Keitel, pour montrer jusqu’où il est capable d’aller en tant qu’acteur (car bon il y a des scènes on sent bien que ce n’est pas du jeu) et que scénaristiquement elle ne servent à rien, si ce n’est appuyer encore plus des éléments que l’on connaît déjà (à savoir que le mec est complètement borderline). J’ai bien conscience que ça participe énormément à l’ambiance du métrage, mais du coup du point de vue de l’histoire ça se suit avec un intérêt inégal sur la longueur en ce qui me concerne.

Après il faut rendre à César ce qui appartient à César : Harvey Keitel est tout simplement monstrueux dans le rôle, le mec se plonge à fond dedans et on devine que le tournage a dû être assez space par moment. Quand à Ferrara on sent le vécu dans les rues de New York, c’est vraiment retranscrit de façon très rough, et du coup la parti-pris de la caméra portée fait vraiment sens, quand bien même le réal ne s’empêche pas quelques effets de style, notamment dans les séquences de rêves/hallucinations. Au final, j’y vois pas le grand film vanté partout, même si je reconnais les qualités évidentes, et globalement ça m'a jamais captivé, mais je me dis qu’en le revoyant plus tard en sachant à quoi m’attendre pourrait lui être bénéfique.

5,5/10

[Scalp]

Bein écoutez la meuf en interview, elle est prétentieuse de ouf, elle mériterait de faire un film produit par Weinstein.

[Alegas]

Non mais là on parle d'un film, pas de ce que le réal dit derrière.
Parce que sinon le moindre film de Refn est prétentieux juste parce que le mec dit des conneries plus grosses que lui en interview.

[Scalp]

Quand t'es prétentieux et que tu fais de la merde, tu mérites du mépris, il est tout pété son film, vu et revu, pseudo scène choc, le genre de film qui a 20 ans de retard.

[Mr Jack]

Quand tu fais des plans fixes au ralenti pendant 3 minutes pour rien dire j'appelle ça du vent et donc du temps gâché en pensant que le spectateur allait chercher lui-même du sens dans des images qui n'en n'ont pas. C'est pas aussi lourdingue qu'un Neon Demon, c'est juste vain et pédant comme du Dolan des débuts. Et puis le faussement irrévérencieux moi ça me sort pas les trous de nez.

[Alegas]

J'ai dû zapper le plan au ralenti de trois minutes.
Sinon un plan n'est pas là juste pour avoir du sens (sinon le cinéma serait pure théorie et ça serait chiant), il peut être là pour instaurer une ambiance. Dans le cas de Grave, qui fonctionne à fond sur une atmosphère particulière, c'est clairement ça qui est mis en avant. Après qu'on aime ou pas ce qui est instauré avec ce même plan, c'est autre chose.

[Mr Jack]

Mais moi je trouve que plus grave encore (sans jeux de mots) ce film ne raconte rien. Il ne sert à rien et il brasse des sujets tout en surface sans jamais aller au fond des choses, juste en soignant bien des images assez choc pour créer une réaction sur le spectateur. C'est pas Argento ou Carpenter ça crée pas une ambiance à travers la mise en scène et la musique, à travers l'esprit des personnages, ça frôle les corps et glisse sur eux, ça t'emmène nulle part, c'est juste du bruit et des images.

[Scalp]

Y 0 ambiance dans Grave, ca passe même bien a coté de son propos tellement ça survole le truc.

[Alegas]

Mais moi je trouve que plus grave encore (sans jeux de mots) ce film ne raconte rien. Il ne sert à rien et il brasse des sujets tout en surface sans jamais aller au fond des choses, juste en soignant bien des images assez choc pour créer une réaction sur le spectateur. C'est pas Argento ou Carpenter ça crée pas une ambiance à travers la mise en scène et la musique, à travers l'esprit des personnages, ça frôle les corps et glisse sur eux, ça t'emmène nulle part, c'est juste du bruit et des images.

Bah tu vois je pense tout le contraire.
Là où on en fait souvent des tonnes sur des films de genre qui ne racontent rien, où l'on prend la moindre situation ou réplique pour lui faire dire quelque chose qui le dépasse, je trouve que Grave a réellement quelque chose à dire.
Alors oui, ça a déjà été vu, oui c'est loin d'être le film le plus abouti sur le sujet, et oui on a déjà vu plus subtil, mais le fait est que le film a un propos, que ce soit sur la découverte du corps, de soi-même, du sexe ou de la difficulté à trouver sa place sans rentrer dans un moule prédéfini.

[Jed_Trigado]

Bein écoutez la meuf en interview, elle est prétentieuse de ouf, elle mériterait de faire un film produit par Weinstein.

Je veux bien te croire dans l'absolu, mais balance au moins une petite itw ou une déclaration, histoire d'enfoncer le clou.

[Mr Jack]

Mais moi je trouve que plus grave encore (sans jeux de mots) ce film ne raconte rien. Il ne sert à rien et il brasse des sujets tout en surface sans jamais aller au fond des choses, juste en soignant bien des images assez choc pour créer une réaction sur le spectateur. C'est pas Argento ou Carpenter ça crée pas une ambiance à travers la mise en scène et la musique, à travers l'esprit des personnages, ça frôle les corps et glisse sur eux, ça t'emmène nulle part, c'est juste du bruit et des images.

Bah tu vois je pense tout le contraire.

Ca, c'est pas nouveau

[Dionycos]

Bah tu vois je pense tout le contraire.
Là où on en fait souvent des tonnes sur des films de genre qui ne racontent rien, où l'on prend la moindre situation ou réplique pour lui faire dire quelque chose qui le dépasse, je trouve que Grave a réellement quelque chose à dire.
Alors oui, ça a déjà été vu, oui c'est loin d'être le film le plus abouti sur le sujet, et oui on a déjà vu plus subtil, mais le fait est que le film a un propos, que ce soit sur la découverte du corps, de soi-même, du sexe ou de la difficulté à trouver sa place sans rentrer dans un moule prédéfini.

+1000 sur tout ça
Et pour avoir un peu suivi le développement du film et vu et étudié le précédent court-métrage de la réal, je peux confirmer tout ça.
Le producteur de Grave était un de mes profs (pas Julie Gayet hein ), une vraie tête de con au demeurant, mais son projet était clairement intéressant.

[Alegas]

Série noire de Alain Corneau
(1979)

Premier film de Corneau que je mate (si on excepte Le Prince du Pacifique dont je ne me rappelle absolument rien, et c’est peut-être mieux ainsi ) et j’en ressors bien déçu. Je vais être assez concis vu que ce que j’ai à dire est assez redondant, mais globalement j’accroche pas au film. Faut dire aussi que tout le récit baigne dans une ambiance complètement anxiogène, à tel point que le film en devient réellement étouffant. A la fin, j’avais qu’une envie : me barrer de la salle au plus vite, non pas à cause de la qualité du métrage, mais bien à cause de cette ambiance particulière où tout est moche, tout est voué à mal se passer et où tout le monde est un potentiel salopard qui va profiter de la situation des autres pour améliorer la sienne. C’est pas un film fait pour rigoler, loin de là (sauf quand on voit Alain Chabat en motard ), et ce climat oppressant doit autant à un travail visuel (je crois que rarement la France n’a été montré de façon aussi hideuse sur pellicule) qu’au script vu que c’est vraiment difficile de s’attacher un tant soit peu à un personnage principal aussi détestable.

Le mec est une raclure de compétition qui ne pense qu’à sa gueule, et finalement la seule chose qui le rend un tant soit peu sympathique est le fait qu’il a face à lui des gens encore pires que lui. Pareil pour le personnage de Marie Trintignant : impossible d’avoir de la compassion pour quelqu’un d’aussi froid et insensible, et là pour le coup ça doit autant à l’écriture qu’à l’interprétation (que je trouve d’une fadesse totale, là où Dewaere s’approprie complètement le personnage pour le rendre over the top sans trop en faire non plus, j'aime beaucoup aussi Blier en salopard). Scénaristiquement, j’ai pas grand chose à redire : c’est très classique en reprenant des codes de film noir, et finalement ça sort du lot surtout pour son nihilisme total. Visuellement, j’ai trouvé ça assez quelconque si on excepte évidemment le travail pour rendre les lieux aussi moches que possible. Finalement, les séquences que je retiens le plus sont celles de Dewaere sur le terrain vague avec les immeubles en background, et qui posent d’emblée un certain contexte social dans une France en pleine transformation. Voilà, j’ai pas trouvé ça nul, mais j’ai pas trouvé ça bien non plus, et même plusieurs semaines après l’avoir vu je suis pas certain de savoir réellement ce que j’en ai pensé.

5/10