A la base je partais pour être assez indulgent : déjà qu’on a pas beaucoup de films de genre en France, si en plus c’est du rape & revenge et que c’est un premier long fait par une réalisatrice, j’étais prêt à louer la moindre qualité que je trouverais. Manque de bol, déjà le début n’est pas très convaincant, mais une fois passé le viol plus les minutes avancent plus ça va loin dans la connerie
. L’introduction du film, concrètement, se résume à mettre en valeur le physique de l’actrice principale, et en particulier son postérieur. Bon, soit, mes yeux n’ont pas souffert, loin de là, mais bon de la part d’une femme derrière la caméra j’espérais un truc plus sobre qu’un traitement digne de Michael Bay
. Ensuite vient la menace, là aussi on pourrait se dire que ça va la jouer subtil, mais non : les trois acteurs qu’on voit le long du métrage sont caractérisés comme tels : un gros dégoûtant qui passe son temps à bouffer, un beauf en puissance sexuellement frustré et un beau gosse infidèle qui se révèle être l’ultime connard en préférant protéger son pote violeur plutôt que sa copine
.
Le coup de la fausse mort, pourquoi pas sur le papier, mais c’est franchement mal exécuté : dès que la nana se réveille elle n’a pas le temps de se rendre compte de sa situation qu’elle cherche déjà à choper un briquet pour brûler l’arbre sur lequel elle est empalée. Et la façon dont elle finit par s’en sortir c’est un peu nawak, sur un plan c’est juste la base de l’arbre qui brûle, sur l’autre c’est l’arbre entier, puis inversement. Bon là j’encule des mouches mais il y avait quand même sûrement moyen d’écrire un truc moins capillotracté
. Ensuite il y a la partie la plus potable du métrage avec la traque près du lac. On a droit à une certaine tension, à une mise à mort bien cruelle, puis quinze minutes plus tard on part sur la dernière ligne droite qui fait baisser la note. Inserts gores complètement gratuits (le bout de verre dans le pied sans déconner ça doit durer deux-trois bonnes minutes
), hystérique pour rien, symbolique surlignée (le phénix de la canette de bière sur le bide, manquerait plus que le texte explicatif à l’écran
), écriture foireuse (depuis quand on peut sniper avec un fusil à pompe ?
),
Revenge va vraiment très loin dans le grand n’importe quoi.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est ce climax de dingue : ceux qui critiquaient l’aller-retour de
Mad Max : Fury Road peuvent se rhabiller : là on a le droit à la première course-poursuite où l’on tourne en rond autour d’un mur sans se rencontrer, et ce pendant facile cinq minutes
. Je ne sais pas si c’est un hommage à Bip Bip et Coyote, mais sérieux faut le voir pour le croire, et évidemment on te met bien des hectolitres de sang pour cautionner le fait que ce soit un vrai film de genre. Le petit plus qui fait plaisir : le dernier bad-guy vivant qui, avant de mourir, lâche une phrase bien macho pour qu’on comprenne bien que c’est un film féministe au cas où on aurait pas encore compris. Ça m’arrive parfois d’aimer des films pas bien subtils, mais là je crois que c’est un des fleurons du genre. C’est consternant de bêtise et ça ne peut même pas se rattraper sur la forme (ça se la joue léché mais c’est sans aucune réflexion derrière) ou sur l’interprétation masculine, au final il n’y a bien que l’actrice (qu'on sent très impliquée) à sauver. Ceux qui crachaient sur
Grave peuvent se préparer à le réévaluer en matant ce truc. Bref, c’est pas avec ce genre de film qu’on va redonner un coup de boost au ciné de genre français.