Les avis de vos dernières lectures

[pabelbaba]

L'Adieu au Roi de Pierre Schoendoerffer

Ca faisait longtemps que je voulais le lire, même si je n'avais jamais attaqué les écrits Schoendoerffer et que je ne le connais qu'à travers ses propres adaptations en films (Le Crabe-Tambour, La 317ème Section).

C'est chose faite et ça remue. Bien plus encore que ses films, car les horreurs de la guerre ne nous sont pas épargnées. La débandade nippone à Bornéo ça a vraiment dû être crade. Mais au delà de ça, comme dans ses films, ce sont les rapports humains au milieu de ce merdier qui sont intéressants. Avec ici une sorte de L'Homme qui voulut être Roi dans la jungle, mais sans le côté mégalomane. Schoendoerffer a plutôt pris le parti de sonder l'âme des hommes qui n'ont plus rien à perdre que ceux qui ont tout à gagner. Et ça prend autant aux tripes que les descriptions des exactions des uns ou des autres.

D'autant plus que Schoendoerffer utilise un langage soutenu et une narration bordélique comme c'est pas permis. Pourtant ça n'est pas un journal et le narrateur a dû avoir le temps de rassembler ses idées, mais voilà, il balance des infos et des pensées dans tous les sens, spoilant le lecteur à plusieurs reprises. Cependant ce n'est pas désagréable, ça participe de l'ambiance, et en finissant le livre hier dans la chaleur étouffante de Paris, c'était même presque parfait.

Maintenant je vais m'attaquer au reste de sa biblio.

[Mark Chopper]

Bordel, tu as lu plus de bouquins en un mois que ces deux dernières années

[pabelbaba]

La joie des transports en commun. Fini Rire & Chanson...

[pabelbaba]

Fatale de Jean-Patrick Manchette

C'est donc mon second roman de Manchette et après m'être marré devant Morgue Pleine, je suis resté dubitatif devant celui-ci.

Exit le narrateur personnage principal qui a des réflexions rigolotes et bonjour le narrateur neutre et chiant comme la mort. Déjà, ça fait drôle. Ensuite l'histoire est relativement courte (140 pages) et hormis un démarrage sur les chapeaux de roue, elle est relativement prévisible. Comme on ne connait pas vraiment les impressions de cette femme fatale, il est difficile de s'y attacher. Résultat, même si Manchette dynamite le récit provincial Chabrolien avec du sang à gogo, on ne se sent pas du tout impliqué. Et ce n'est pas cette fin ésotérico-fumeuse qui va rendre l'expérience plus concluante.

Résultat, ça se lit facilement (même si le personnage nommé Lorque casse les burnes parce que je lisais systématiquement "lorsque") mais il n'en reste vraiment rien à la fin.

[Jack Spret]

"Les guerriers du silence" de Pierre Bordage - 1993

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Quelle ampleur ! L'univers créé est si vaste, si développé que l'on a l'impression de se retrouver face à un très sérieux concurrent de Star Wars en terme d'implication émotionnelle. Les enjeux à différents degrés de lecture et d'échelle, les personnages jamais manichéens, toujours broyés par le doute et la peur de ne pas réussir, permettent de s'impliquer comme rarement dans cette oeuvre fleuve.
Véritable page turner, le roman parvient à dépeindre un monde fonctionnel en l'alimentant de questionnements théologiques, sociologiques et ethnologiques, le tout baigné par une écriture fluide et poétique. Certains passages sont parfois longs mais face à la qualité du monde dépeint et l'émerveillement qui découle de chaque chapitre, on ne peut pas en vouloir à Bordage d'avoir eu la main lourde ou le verbe faible sur certains passages.
Hâte de lire le reste de la trilogie !

[osorojo]

Tu me donnes envie de les relire Tu vas kiffer la suite, la trilogie est magique, d'autant plus que là les bases sont posées, les deux autres tomes se dévorent avec encore plus d'aisance.

[Jack Spret]

J'avoue qu'au début, il faut se coltiner les prénoms chelous, les différentes races ou classes sociales, les noms de planètes et les nouvelles technologies.
J'avais mal à la tête durant les 100 premières pages
Mais une fois que c'est digéré, ça passe crème !

[elpingos]

face à un très sérieux concurrent de Star Wars

Sans spoiler, Les Guerriers du Silence c'est Star Wars².

[Olrik]

De Pierre Boulle, on connaît surtout La Planète des Singes et le Pont de la Rivière Kwai, moins ce récit d'anticipation dans lequel il est décidé que l'avenir de la planète sera dorénavant confié aux scientifiques, les mieux à même de sortir l'humanité de l'impasse où elle se trouve.Assez rapidement les premiers résultats, positifs, montrent que ce choix était le bon. Jusqu'au jour une vague de suicides sévit un peu partout sur la planète, montrant que si le culte du savoir est une chose, le mettre dans l'esprit de tous les quidams pour qu'ils soient heureux en est une autre. Les scientifiques décident alors de lâcher du lest en permettant aux masses de se délasser en assistant à des jeux hyper violents supposés les captiver et leur faire oublier la morosité de leur existence...

Le défaut du roman est finalement sa brièveté. Cent pages de plus auraient permis de développer progressivement les choix des scientifiques et les conséquences de leurs choix, de façon à les rendre plus convaincants.Là, on a parfois une impression de gros sabots.Mais l'histoire, annonçant des histoires comme Rollerball, est suffisamment intriguante pour avoir envie de savoir comment tout cela terminera et il faut avouer que la chute, assez croustillante, est assez bien vue.

[Jack Spret]

Intéressant, je met ça dans ma wantlist

[Jack Spret]

"L'homme-dé" de Luke Rhinehart - 1971

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Quand on sort de ce bouquin, on se demande si l'écrivain est un fou en liberté ou un génie incompris. Sous couvert d'une fausse autobiographie fictionnée, il nous présente l'Homme-Dé, un psychiatre new-yorkais réputé qui découvre dans le hasard une manière de gérer sa vie. Abandonnant toutes ses décisions au caprice du dé, sa personnalité schizophrénique va pouvoir s'étaler au grand jour tout en ayant une justification rationnelle. Cette rationalité va entraîner un pan de la bien-pensance américaine à adopter cette nouvelle façon de vivre, bouleversant complètement les codes sociétaux en vigueur.
Impossible de ne pas penser à Chuck Palahniuk au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans l'esprit malade de Luke Rhinehart. Et il paraît même impossible que Palahniuk n'ait jamais lu ce livre tant il a de points communs avec son amoral "Fight Club". Le récit est également criblé de références à la pop culture et d'une liberté de ton, notamment sexuelle, qui en ferait rougir plus d'un. Pas étonnant que ce mélange explosif ait fait fureur sur les campus américains lors de sa sortie, Luke Rhinehart étant considéré comme un demi dieu par les étudiants de l'époque.
Bien qu'il tombe un peu trop régulièrement dans des passages érotico-pornos, moments obscènes entraînés par les choix du dé, je suis resté impressionné par la virtuosité du style, toujours réaliste, et de la maîtrise des codes psychiatriques et médicaux. Un coup de maître !

[pabelbaba]

La Vie de David Crockett par lui-même

C'est un livre assez court, mais aussi assez étrange. Sur ses 220 pages, 60 sont une préface écrite dans les années 50 pour expliquer le contexte et 20 autres une postface du même style qui finit l'histoire (le bouquin a été écrit 2 ans avant Alamo) et contextualise encore le bouquin.

Résultat, on a déjà tout lu avant d'avoir commencé. Pourtant ce n'était pas idiot d'expliquer un peu les conditions de rédaction du livre, mais là le gars parle trop, d'autant que les notes de bas de page sont redondantes avec ce qui a été expliqué au préalable.

D'un autre côté, le cœur du livre n'est pas super passionnant, entre chasses à l'ours et anecdotes politiques peu fiables, le tout avec un style proche de celui d'un ado... pas facile d'être pris par ce récit qui aurait pu être bien plus trépidant.

Malgré tout, j'ai appris pas mal de choses sur cette époque, les guerres indiennes, la vie des colons et même la politique. Mébon, il doit clairement il y avoir des bouquins mieux foutus sur cette époque.

[pabelbaba]

Le Retour du Vieux Dégueulasse de Charles Bukowski

Encore un recueil de nouvelles écrites par Bukowski entre la fin des années 60 et le début des années 80. Rien de bien nouveau, mais ça fait plaisir de relire la prose de ce vieil ivrogne si sympathique et de retrouver son univers fait de femmes entre deux âges avec un pète au casque, de six-pack, de champs de courses et de réflexions pas très flatteuses sur le genre humain. Il y a quand même deux nouvelles qui dénotent, l'une fantastique et l'autre sur fond de récit d'anticipation.

A noter que la dernière nouvelle, intitulée My Friend, The Gambler, fait environs 50 pages (alors que les autres en font une dizaine) et parle sans vraiment le cacher de sa rencontre avec Barbet Schroeder et plus spécialement Steve Baës. Ma lecture d'Hollywood remonte pas mal, mais je n'ai pas le souvenir que ce qui est raconté dans cette nouvelle avait été détaillé dans le roman, d'autant plus qu'il n'est pas fait état de Barfly, ni de Mickey Rourke, les faits rapportés étant bien antérieurs et correspondent à l'écriture du script (la nouvelle étant publiée fin 1984).

Je ne pense pas que ce soit le meilleur point de départ pour commencer les aventures d'Hank Chinaski, mais pour les amateurs, il ne faut pas se priver.

[pabelbaba]

Le Gang des Dalton par Emmett Dalton

Encore une autobio, quoiqu'il parle pas mal de ses frangins et donc de moments qu'il n'a pas vécus. A vrai dire, ce n'est guère plus passionnant que l'autobio de David Crockett... En effet, le bonhomme n'est pas un littéraire et le style est vraiment scolaire. En ce qui concerne le contenu, ça permet d'avoir une idée du gang (constitué de 3 des 10 frères et de pas mal de complices) mais c'est un peu lassant de voir les faits présentés toujours comme si les Dalton étaient victimes du système. Surtout quand 50 pages sur 200 sont consacrées aux idées du bonhomme sur la justice, la prison et la réinsertion.

Anecdotique.

[Jack Spret]

"Les guerriers du silence - Terra Mater" de Pierre Bordage - 1994

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A la fin du premier tome, il était clair que l'auteur savait où il allait et comment il allait y aller. Le tome 2 est d'une fluidité incroyable et met la barre encore plus haut dans le développement de l'univers créé, déjà bien vaste. Cependant, j'ai eu du mal à accrocher aux parties concernant la fuite de l'enfant vers son destin car j'ai toujours eu du mal avec les personnages principaux jeunes dans les romans (sauf à de rares exceptions) et j'ai trouvé que ça créait un contraste beaucoup trop fort entre sa quête et les intrigues politiques et de cour ayant lieu à la Capitale.
Sinon, c'est un sans-faute, j'ai laissé mûrir ma lecture car après l'avoir fini, je le trouvais moins réussi que le premier mais force est de constater que le temps lui sert et que le tout s'imbrique parfaitement, dans une cohérence incroyable. On regrettera juste que malgré tous les obstacles qui se mettent en travers du chemin des protagonistes, ils arrivent toujours à s'en sortir et ce côté "sur le fil" va sans doute être lassant à la longue.

"Magellan" de Stefan Zweig - 1938

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Il y a des destins dont on ne sait rien ou pas grand chose. A peine ces héros sont-ils mentionnés à l'école. Et pourtant, force est de constater que l'oeuvre de Magellan est de celle qui mériterait qu'on lui accorde toute notre attention. Zweig, en essayiste talentueux, nous raconte ici la biographie romancée de cette quête incroyable aux confins du monde, à la recherche d'une réponse qui hantera à jamais le navigateur portugais.
C'est précis, documenté, poétique parfois. La plume de l'auteur ne cache rien des horreurs et des coups bas, de la noirceur de certains actes et de certaines paroles. Il nous permet ainsi de nous faire notre propre avis sur le personnage, quand bien même il tend à adoucir certains passages pour le rendre moins féroce. Il y a des découvertes qui changent le monde, révolutionnent toutes choses connues. Et ces découvertes se font dans la douleur, nécessitant parfois des sacrifices que bien peu aurait pu faire.