Dès la scène d'introduction, je sentais une légère impression de déjà-vu : un maître de kung-fu cherche à tuer ses semblables qui croisent sa route.
Drunken Master premier du nom commençait de la même façon, je me disais que c'était sûrement une coïncidence. On suit ensuite Jackie, jeune homme particulièrement doué dès qu'il s'agit de faire parler les poings et les pieds, mais qui est tellement insouciant et guignol qu'il l'utilise pour des mauvaises raisons, pendant que sa figure paternelle essaye désespérément de lui montrer le droit chemin. Là encore, j'avais déjà vu ça dans
Drunken Master, mais soit, après tout ce type de personnage est quand même la marque de fabrique de l'acteur, donc pourquoi pas. Puis, alors qu'on n'entend pas parler du bad-guy pendant quasiment une heure et qu'on suit des délires comiques à base de combats variés, le film prend une tournure de vengeance avec Jackie qui se fait humilier, puis qui apprend avec un maître une technique spécifique de kung-fu qui va lui permettre de foutre une branlée aux antagonistes sur l'acte final. A ce stade, le peu de doutes que j'avais encore se sont envolés
:
La Hyène intrépide est un copié-collé de
Drunken Master, film sorti pourtant juste un an plus tôt.
Pour le coup, je ne sais pas si la faute revient à une coïncidence ou à un manque flagrant d'imagination, mais les ressemblances vont même au-delà du script : la scène d'introduction donne l'impression d'avoir été tournée au même endroit que celle du film de Yuen Woo-ping, et le métrage reproduit ce qui à mon sens la grosse erreur de
Drunken Master, à savoir celle de se faire dérouler le combat final dans une clairière, ce qui le rend moins intéressant que ce qui a précédé puisqu'il n'y a aucune interaction avec le décor. Donc voilà, je vais pas non plus passer ma critique entière dessus, mais là où j'aurais souhaité un truc un peu rafraîchissant je me suis retrouvé devant une sorte de remake d'un précédent succès de Jackie Chan. C'est d'autant plus dommage que, cet aspect mis à part,
La hyène intrépide se révèle pas trop mal. Encore une fois, j'ai un peu de mal avec la partie comédie qui en fait des tonnes et dont l'humour se révèle carrément douteux par moment (sérieux, il y a des gens qui rigolent devant Jackie déguisé en femme ou qui louche ?), l'acting est over the top et le comique de situation fonctionne une fois sur deux (finalement les meilleurs passages de ce côté là sont ceux où Jackie fait augmenter son salaire avant de combattre), et puis faute d'un scénario vraiment intéressant (l'histoire fait du surplace pendant une bonne grosse demi-heure) c'est du coup du côté des combats qu'on va se reposer.
De ce côté là,
La Hyène intrépide est particulièrement généreux, même parfois trop tant on a l'impression que certains combats tirent en longueur juste pour cacher le script simpliste et faire tenir la durée jusqu'à 1H30, et de ce fait les combats perdent peu à peu en intérêt malgré des chorégraphies soignées. A un stade, entre deux bouffonneries de Jackie, le film fait vraiment démo martiale plus qu'autre chose, et il faut attendre la partie revanche pour avoir des passages qui s'élèvent du lot : le combat contre les sbires du bad-guy, mais aussi et surtout le combat de baguettes pour choper de la bouffe, idée complètement saugrenue qui est exploitée de brillante manière
(et désormais, je sais où
Kung Fu Panda a piqué l'idée, reprenant carrément des passages entiers de la chorégraphie). Jackie Chan emballe ça sans génie (ça manque d'idées de plans et de découpage pour être réellement marquant) mais le fait qu'il privilégie les longs plans pour qu'on puisse apprécier les chorégraphies est tout à son honneur. A noter que le bad-guy est un peu plus inspiré que celui de
Drunken Master : là le mec a un vrai but (expliqué au détour d'une seule réplique certes, mais c'est déjà ça) et surtout il en impose avec son style de combat redoutable. Dommage seulement qu'il se fasse battre un peu trop facilement à la fin : dès que Jackie sort sa technique secrète le mec devient complètement dépassé, et puis le coup de buter l'antagoniste principal sur un coup dans l'entrejambe c'est quand même un peu concon
. Un petit mot sur la fin qui est parmi les plus brutales que j'ai pu voir de ma vie : on tue la bad-guy sur un plan, on voit un plan suivant sans dialogues avec Jackie et son maître, et hop The End, le scénariste savait pas quoi raconter derrière
. Un film plaisant qui vaut surtout pour ses quelques idées de mise en scène et de chorégraphie disséminés le long du récit, mais bon pour quelqu'un qui a déjà vu
Drunken Master faut clairement pas en attendre quelque chose de très différent sous peine d'être déçu.