Ça faisait un petit bout de temps que je voulais prendre le clavier pour parler d'un fléau qui doit en toucher plus d'un sur ce forum, notre baisse de passion pour cet art qu'est le cinéma. Ça me fait vraiment chier mais je dois l'avouer ma passion est en train de mourir. Entendons nous bien j'aime toujours le cinéma et pourrait difficilement me passer de ma DVDthéque de 300 galettes mais qu'est il advenu de celle que j'avais encore il y a 5/6 ans et qui constituait une grande source de satisfaction à mes yeux.
Mais reprenons les choses dans l'ordre, comment ai-je commencer ma passion? Gamin j'ai toujours été friand d'histoires, quand j'avais 10 ans et que je n'étais pas familier avec le cinéma je m'évadais dans des livres à n'en plus finir et devait avoir un rythme de lecture similaire à celui d'un Mark Chopper, puis vient ma rencontre avec le grand écran. On va pas se raconter d'histoires je n'ai pas commencé direct par du Mankiewicz ou du Roeg, je me souviens qu'une de mes premières séances cinéma était la revanche d'une blonde ou encore les Yamakazi, c'est dire. Quand je parle de rencontre avec l'écran je ne parle pas d'expérience familial ou entre ami, je parle de prendre ses 6 euros de l'époque et d'y aller soi même en mode "putain je suis un bonhomme je vais aller voir la revanche d'une blonde." (j'avais même mytho ma famille en disant que j'allais voir Harry Potter, car bon aller voir la revanche d'une blonde à 13 piges de soi-même c'est chaud.)
Et la a commencé une période de Cinéphagie extrême qui a du durer jusqu'à ma vingtaine, quand je dis Cinéphagie c'est vraiment cinéphagie, genre j'avais un besoin de voir TOUS les films à l'affiche, VF ou VO à l'époque c'était balek, j'allais aussi bien voir avec des amis la dernière comédie potache à la mode que le petit film d'auteur primé à Trifouilly-les-Oies, a noel je me faisais offrir non pas les films que j'avais aimé pendant l'année mais des sombres merdes que je n'avais pas vu histoire de compléter mon catalogue de vision. Après faut dire que j'ai eu la chance d'avoir 13/14 ans l'année de cette formidable invention que fut la carte UGC illimité. C'est génial ce truc, tes parents paient 20 balles par mois et ils peuvent se débarrasser de toi ad vitam aeternam. C'était l'année ou j'ai failli y passer dans un incendie, qui dit incendie dit situation précaire et sans domicile jusqu'à ce que l'assurance te décide de faire la charité, qui dit incendie dit plus rien et qui dit incendie dit plus de vacances. Bon j'allais en colo 2/3 semaines mais cette année les vacances familiales c'était mort donc la carte UGC a sauvé mon été et peut être que psychologiquement quelque chose s'est passé (bon je vais t'éviter la thérapie sponso confessions intimes.)
S'en est suivi donc 6 ans de relation amoureuse à sens unique ou l'analyse et la critique c'était osef total, je prenais tout avec amour, trouvait des qualités partout et de temps en temps il m'arrivait de tomber sur des films ou je me disais "dah c'est quand même pas mal le ciné" mais en 2003 on enchaînait des journées ou on se faisait la cité de dieu et la 25éme heure à la suite, aujourd'hui quand t'as un Wind River tu mouilles dans ton calbut tellement c'est inespéré. En plus d'être accro aux séances de ciné j'étais devenu addict à la cassette vidéo, tu sais ce truc formidable qui te permets d'enregistrer 10000 films à la suite (bon en vrai j'avais que 7/8 cassettes donc je gardais presque rien, la seule cassette que je gardais c'était Sexcrimes car à l'époque t'avais pas Youporn.)
Je me souviens encore de mes décryptages en mode FBI des programmes télés pour trouver THE film à enregistrer pour le lendemain, THE film que je n'avais pas vu, le film que je ne pouvais de toute façon pas voir au cinéma et plus c'étais bis et con plus j'étais client. Je me souviens encore de mon horloge interne qui me reveillait à 06h00 du mat pour se réveiller une heure pile avant mes parents et voir la première heure du film enregistré la veille (je me gardais la second heure pour le journal de 20h00 ou je pouvais squatter la chambre des vieux pendant qu'ils regardaient le journal.) Maintenant si je me réveillais à 06h00 du mat tous les jours faudrait me mettre sous perf de cachetons. S'en est suivi la période snob (vous la connaissez bien, vous l'avez vécu )
Il arrive quelque chose de formidable dans la vie d'un jeune adulte c'est quand t'as tes premières payes et que tu vis encore chez tes parents, t'as rien à payer et tu te retrouves avec un salaire de quatre chiffres comme si t'avais braqué la banque du coin. Et la putain ce fut la folie furieuse. Au grand desespoir de mes parents qui me disaient "Mais tu te rends compte si tu mets tout de côté dans 10 ans tu pourras t'acheter un appartement...blabla" VOS GUEULES J'AI UNE COLLECTION DE DVD A FAIRE MOI!!! Et je faisais péter la boite aux lettres, genre 20 DVD easy par semaine (mon postier a du me détester.). les bouquins sur l'armoire ca vire, j'ai des DVD à mettre moi, les livres de classe au dessus de l'ordinateur, je les...direction Gibert, je pourrais peut être les revendre et m'acheter des DVD. Les meubles avec les conneries de ma mère qui a cru que ma chambre était son annexe perso, désolé mais j'ai des choses plus importantes à stocker dans ma vie. Et petit à petit je suis arrivé à 1500 DVD (bon certains diront "petit joueur") mais ce fut quand même l'apogée de ma vie de cinéphile.
Et c'est pas la collection pour faire jolie, je les voyais tous par ordre d'arrivé, des fois je rentrais chez moi à 18h00 boum 3 films de suite, tant bien même que mon année record de vision a pas du être loin des 800 films de mémoire mais comment ai je pu arriver à une telle décadence? Mankiewicz. Ouais c'est un allemand juif qui est à l'origine de toute cette merde. Je me souviens à l'époque je trainais sur Mad movies car j'aimais bien les films de genre et de temps en temps je lisais cet étrange personnage qui n'avait pas l'air à sa place sur forum le bien nommé "Profondo Rosso".
Profondo Rosso c'était le mec que je revais d'être quand j'ai commencé ma période Snob, un mec qui connaissait tout, qui avait tout vu et qui avait l'air de tout aimer, c'est génial d'aimer tous les films qu'on voit et je me souviens qu'un jour en me perdant dans les dédales de Mad Movies je suis tombé sur le bien nommé prof parler de "Soudain l'été dernier" au début je me dis "qu'il est con HI HI il mets 6/6 au film avec la meuf de Buffy" puis j'ai vu les photos en Noir et Blanc et je me suis dis y a un truc chelou. J'ai lu vite fait sa critique et je trouvais ca sympa.
Puis j'oublie complètement cette histoire et je vais à Cine Corner à Saint-Michel, Cine Corner c'était ma deuxième maison à l'époque, j'y allais tous les vendredi soir lâcher l'équivalent du budget bouffe d'un Gérard Depardieu au salon de la viande. Et tout à coup je vois en tête de gondole "soudain l'été dernier", chouette alors ca coute 10 balles et y a une meuf en maillot de bain sur la jaquette, ca se tente.
Et la ce fut le drame, j'ai bouffé du Mankiewicz pendant 2 semaines, lu du Mankiewicz pendant deux semaines, j'ai dormi et vécu Mankiewicz et j'ai eu une illumination "y a peut être d'autres gens biens qui font des films bizarres en noir et blanc". Et la j'ai pété un câble en 2 ans j'ai du tout voir (j'ai pas la prétention de dire TOUT entendons nous bien mais j'ai vu pas mal quoi.) j'ai tout exploré de la période 40's à fin 60's et je vais pas plus développer car vous étiez la (C'était grossomodo à la même époque ou je me heurtais à la modération de Mad qui me sortait royalement par les yeux et que Scalp est venu me voir en MP pour faire sa rabatteuse.) (Oui j'ai un soucis avec l'autorité et je vous emmerde ).
En plus à l'époque j'écrivais (bien ou mal) je faisais un podcast (bien ou mal) ce qui me forçait à explorer, à m'intéresser, à avoir un sens critique, faire des connexions, bref j'étais passionné. Et puis je suis arrivé à un croisement, le croisement ou tu as vu tout ce qui t'intéressait et la mort du cinéma actuel. Bon j'en rajoute exprès, le cinéma est pas mort, mais celui que j'ai aimé clairement si. Il y a encore des films qui redonnent espoir, certains qui divertissent mais les mandales que je me prenais à une certaine époque sont bel et bien mortes et enterrées. En fait j'ai un regard trés triste sur ce qu'est devenu le cinéma actuel, en dix ans on a quand même assisté ni plus ni moins à une industrialisation de l'art qu'on aimait tous, ca peut sembler défaitiste et oui en soi le cinéma a toujours été industriel mais on est pas d'un industriel manuel à un industriel automatisé et c'est la toute la différence.
Aprés je ne rends pas le cinéma actuel totalement responsable de ma perte de passion, quid des films de patrimoine et des années 50/60 que je n'ai aucune envie de revoir pour la plupart et tout revendu? C'est juste qu’après une journée de boulot et de fatigue je n'ai plus le mental pour ca, je préfère écouter de la musique, regarder une bonne série, et gamer une heure ou deux, je suis peut être devenu un vieux con mais j'ai plus la place pour tout ça. Pour autant je regarde toujours au moins deux films par semaine (un au ciné et un en galette) mais quand je vois mon compteur de film à 40 et quelque pour cette année et celui que j'affichais il y a encore 6/7 ans de 800 bobines je me dis que j'ai quand même bien changé.
Et ca ressent même sur les sorties cinés, alors oui le programme aide clairement pas mais ce mois ci, mois ou je n'ai vu qu'un seul film au ciné et ou aucun ne me dis dans les semaines à venir, je me dis que ma passion ne va pas en s’arrangeant.