"Légende" de David Gemmell - 1984¤¤¤
Entamé sur la base de l'avis de Waylander et je dois bien avouer que je suis agréablement surpris. Plus jeune, j'ai bouffé pas mal de cycles de fantasy assez infâmes. Alors autant dire que c'est un genre dans lequel je retourne sur la pointe des pieds. Mais Gemmell reste une valeur sûre dans le genre alors c'est les yeux fermés que je me suis lancé dans la lecture de "Légende". Et sans même lire le synopsis...
Aussi, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'au tiers du roman, je me suis rendu compte que l'histoire allait traiter du siège d'une forteresse. Mon intérêt a alors augmenté car cela allait sous entendre que les personnages ne seraient pas une horde de clichés ambulants.
Gemmell tient au réalisme de ses scènes, à la profondeur de ses héros, dépeints tels des nobles guerriers mais également des hommes et des femmes qui combattent la peur au ventre. Et la mort d'un personnage fait tellement plus de mal lorsqu'on a eu le temps de s'identifier à lui. Surtout que les morts sont nombreuses et Gemmell ne s'attarde jamais. Une ligne suffit pour signaler qu'un personnage est mort: les autres continuent le combat et les cadavres des amis sont oubliés dans le charnier qui s'agrandit au fur et à mesure du siège.
Druss, la fameuse légende du titre, est un peu l'image du héros sur le retour, un vétéran incroyable qui revient livrer son ultime bataille car il ne sait faire que ça. L'écriture est fluide, c'est nerveux, on ne s'ennuie jamais et l'auteur arrive à placer des descriptions très poétiques et mélancoliques dans cet étalage de violence sèche.
La fantasy à petites doses, OK, mais alors des doses comme celle-là !
"La ménagerie de papier" de Ken Liu - 2015¤¤¤
Proclamé comme la nouvelle idole de la SF contemporaine, Ken Liu a le mérite de porter un regard original sur le genre. Tout au long de ces 19 nouvelles, il va questionner la transmission, l'héritage culturel, la langue, la famille. Des thèmes très terre à terre mais qui pourtant font du bien au genre et lui donne un souffle plus humain, plus proche de nous.
Bien que certaines histoires soient en deça du niveau moyen du recueil, d'autres explosent complètement notre imaginaire, comme celle du navire atteignant le bout du monde ou celle du vaisseau de survivants porté par les vents stellaires. De la poésie, une belle écriture et un personnage phare qui revient tout au long de l'ouvrage: la mère. D'ailleurs, le point le plus original de ces nouvelles est dans le choix de protagonistes principaux féminins, rarement vus en SF (ou pas connus chez moi). D'habitude, elles sont toujours un peu les faires-valoirs de l'histoire ou des motivations de l'homme clé de l'intrigue. Ici, elles ont une place prépondérante au sein des histoires, quittes à bousculer certaines idées reçues.
Un souffle de nouveauté qui fait du bien au genre et qui donne envie de s'attarder sur ces romans, eux aussi portés au pinacle.