Le Privé aka
The Long Goodbye de Robert Altman - 1973
Je continue lentement mais sûrement ma découverte du ciné d'Altman. Après deux films très différents comme
M.A.S.H et
John Mccabe, voici le tour de son adaptation de Chandler, à la sauce papa de Ross et Monica.
Ici Marlowe est très différent de celui interprété par Bogart, pourtant ça marche d'enfer. En effet, Elliott Gould joue un privé à côté de ses pompes extrêmement contemporain, sorte de père spirituel du Big Lebowski et des anti-héros de Shane Black, mais sans le côté désabusé. Tout en nonchalance et naïveté, il traîne sa dégaine dans cette histoire faussement alambiquée de la meilleure des façons, sans coolitude forcée ni grosse punchline qui claque. Pourtant il a des répliques d'enfer et des dialogues funs, mais ça reste relativement fin.
En revanche, les autres persos sont bien plus dérangés et il semble être le seul à avoir un peu les pieds sur terre. A ce titre, ses confrontations avec Mark Rydell frisent le génie! Cette bouteille de Coca et le slip jaune de Schwarzy vont me hanter encore longtemps.
Côté réalisation, on retrouve les expérimentations d'Altman de ses précédents films, avec des tentatives couillues qui donnent des résultats souvent bordéliques (comme l'usage des reflets de vitre) mais finalement assez intéressant. Enfin ses prises de son sont quand même meilleures que sur
MASH et
McCabe, parce qu'on sait toujours qui dit quoi. Ce qui est un peu la base du ciné, mais pas forcément chez Altman.
Cependant la BO est un peu faiblarde, surtout pour un film des 70s avec Williams à la baguette.
Au final, c'est quand même une sacrée bobine qui avait au moins 15 ans d'avance sur son temps.
8/10