Ready Player one |
Réalisé par Steven Spielberg Avec Tye Sheridan, Olivia Cooke Long-métrage :USA Genre : SF Durée : 02h20min 2018 |
6.75/10 |
Synopsis2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l'OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l'œuf de Pâques numérique qu'il a pris soin de dissimuler dans l'OASIS. L'appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu'un jeune garçon, Wade Watts, qui n'a pourtant pas le profil d'un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…
CritiqueSteven Spielberg revient à la science fiction avec cette adaptation du roman d' Ernest Cline.
Là où Minority Report faisait dans la sobriété et l'anticipation, avec des séquences qui se révèlent tout à fait vraies aujourd’hui, Ready Player One offre une vision plutôt pessimiste de la société futuriste.
Les habitants les moins bien lotis vivent dans des sortes de bidonvilles modernes avec des mobiles homes empilés en guise d'immeubles de fortune, sans hygiène, en survivant avec le minimum vital.
Les plus aisés évoluent dans un univers SF grisâtre et froid (une vision assez classique).
Pour échapper à cette existence misérable, nombreux sont les citoyens qui se réfugient dans le virtuel qui leur permet de s'évader intellectuellement, de réaliser leurs rêves mais aussi de s'enrichir dans la vraie vie (car c'est comme ça qu'on gagne son salaire).
En aucun cas, l'auteur ne nous explique comment on en est arrivé là (même si on peut aisément l’imaginer), et pourquoi malgré les avancés technologiques les gens vivent dans les meubles des années 80 (pas très cohérent).
Au centre du récit, l'immense créateur de l'oasis - Halliday (Mark Rylance) est présenté comme un Steve Jobs du 21ème siècle, que tout le monde aime et admire. Spielberg ne remet jamais en question l'ambivalence de ce grand manitou et de l'influence parfois néfaste de ses inventions. Il est présenté comme un gentil inventeur timide sans arrière pensée négative alors que c'est quand même lui qui a imposé cet univers virtuel qui phagocyte les cerveaux de tous. D'un autre coté, il incarne parfaitement le cinéma de Spielberg, plein de bienveillance et de naïveté.
Le pitch est assez simple et comparable à celle d'un jeu vidéo, même si le parcours est très alambiqué, le héros (Tye Sheridan) va devoir faire marcher ses muscles et ses méninges pour réussir la mission cruciale.
Ready Player One propose donc une constante alternance entre réel et virtuel avec une large prédominance pour la VR.
Les gamers seront bien entendus enchantés, personnellement je le suis beaucoup moins. Mettre au même niveau les jeux précurseurs avec 3 pixels qui se battent en duel aux jeux contemporains....
Le virtuel est sans limite et est donc l'occasion de rendre hommage à la pop culture, mangas, geeks et de caser un max de personnages références sur chaque plan, sans aucune cohérence mais juste pour faire ratisser large.
Ainsi, au lieu de placer un héros et de lui rendre hommage à sa juste valeur, Spielberg propose un gavage du spectateur avec un flux interrompu de personnages issus des univers cool. Au début, c'est assez distrayant mais ça va tellement vite qu'on a pas le temps de tous les reconnaître, mais quand on en a vu 500, celà devient juste fatiguant de voir ce défilé de caméos inutiles.
Un visuel trop riche pour nos rétines qui crament tellement ça fourmille sur l'écran.
Ready Player One suit une groupe de jeunes gens qui ont décidé de relever le défi lancé par Halliday pour "sauver le monde". Le problème c'est que pour celà, ils doivent évoluer à travers leurs avatars afin de décoder des indices et résoudre des énigmes. Je n'ai pas vraiment apprécié le design de avatars de deux héros principaux qui malgré l'animation magnifique ne permettent pas au spectateur une vraie immersion dans l'oasis.
Pourtant Ready Player One arrive à rendre hommage à des personnages cultes à travers des séquences plus longues qui sont irréprochables en terme de visuel, de rythme et d'originalité. Malheureusement, comme dans un FPS, les héros ne vont pas droit au but et Spielberg s'égare énormément dans des discussions inutiles.
Là où Spielberg fait des étincelles dans l'Oasis, la réalité et surtout ses héros en chair et os font pale figure. Fidèle à lui-même, sa troupe de jeunes adultes est conforme à une production Amblin sauf que ses personnages sont fades au possible alors qu'ils sont dynamiques et plein d'astuces dans le virtuel. Pas du tout convaincue par le tandem, Tye Sheridan/Olivia Cooke qui sont insipides au possible alors que leurs associés ont nettement plus de mordant.
Tye Sheridan incarne un ado d'une banalité affligeante qui pourtant surpasse les autres dans le monde de l'oasis. Il est censé à travers son avatar devoir galvaniser les foules tel un William Wallace et y arrive avec une facilité déconcertante soulignant l'aspect mouton de cette société à la dérive.
Le film pèche aussi du point de vue émotionnel car les pertes se résument à des doubles virtuels qui peuvent revivre presque instantanément et à volonté. Ces game overs successifs sont clairement dépourvus de conséquences lourdes sur le déroulement narratif.
Spielberg propose un spectacle qui ne vous mettra pas plein d’étoiles plein les yeux mais plutôt des pixels: pas sure que les non-amateurs de jeux vidéo y trouvent leur compte, contrairement aux geeks et aux retrogamers.
Dommage que le visuel du monde réel soit délaissé qualitativement (des perruques dignes de TPMP) qui dénote avec l'Oasis riche en références culturelles (musique, littérature, ciné, jeux...).