


Avant de réaliser son long-métrage du même nom, Miyazaki dessina un manga fleuve, 7 tomes de 130 pages environ (parfois plus) dont le film de 1983 ne fait qu'effleurer la surface.
Post-apo, fantasy, épique, écologique, religion, tous les grands thèmes sont là. La guerre est au centre de l'histoire (dont l"environnement rappelle parfois Mad max mais avec des avions) , il y a de nombreux morts, même des enfants et certains passages sont même trashs (on en retrouve dans l'animé : le bébé omû torturé). Il y a tout un contexte géopolitique en parallèle du background sur la fin du monde, la pollution , la régénération de la Nature et les Omûs. Malgré la Terre invivable, des conflits naissent partout , des complots, des trahisons et une grande aventure avec un rythme excellent, la perfection. Il y a pas mal de dialogues aussi. Clairement, le manga Nausicaa égale largement voir même dépasse Mononoké. Grosse mythologie.
Et le gros point fort, typiquement Miyazakien donc, ce sont les femmes.
Voilà comment le féminisme devrait être traité ! Des femmes fortes, engagées, qui ne chialent jamais sur leur sort, elles sont indépendantes et à aucun moment l'auteur n'évoque un conflit entre les sexes. Il a juste mis des femmes en avant et en a fait des personnages très forts et charismatiques. La princesse Kushana est un bel exemple , qui vole même parfois la vedette à Nausicaa et qui rappelle fortement Dame Eboshi de Mononoké.



Je repense à l'animé et ça me fait le même effect que pour AKIRA dont l'adaptation ne fait que survoler l’œuvre de base. 6 tomes dont seulement 1 ou 2 transposés. Nausicaa c'est un peu pareil : le film adapte le 1er tome et une partie du 2 . En même temps, le manga ne fut terminé qu'en 1994 alors que le film est sorti en salles en 1984...

Glénat avait réedité l'oeuvre de Miyazaki en version d'origine, avec une teinte sépia plutôt que noir et blanc et les posters attachés en début du tome. Sur ces posters on trouve parfois des cartes qui expliquent un peu la topographie de l'univers, des schémas qui montrent dans quel sens avance telle ou telle troupe....
Une description de Nausicaa et des vêtements, accessoires et armes etc...
Du super bon boulot, belle édition, un dessin d'enfer, rythme de dingue, Le Monde vert de Brian Aldiss meet le Seigneur des anneaux meet Mad max meet Miyazaki. Une belle mythologie, violente (sans trop en montrer mais il y a des passages saisissants notamment un vaisseau qui explose et dont les habitants sautent dans le vide pour échapper aux flammes façon 11/09 avec des femmes qui tiennent des enfants dans leurs bras et Nausicaa qui voit ça de loin...ou encore la case des bébés morts dans un four...


Hayao Miyazaki a d'ailleurs dit dans une interview au magazine Comic Box que, bien qu'il ait lu étant jeune un large éventail d'ouvrages de science-fiction, il ne s'est jamais vraiment intéressé aux récits de fiction. Et même s'il admet que des titres comme Nightfall (Quand les ténèbres viendront) d'Isaac Asimov, Hothouse (Le monde vert) de Brian Aldiss et Le seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien lui ont fait forte impression, sa source d'inspiration première reste la nature et la force vitale qui la caractérise.
Au début des années 80, Tokuma Shoten, la maison-mère du magazine Animage, décide de lancer des projets artistiques sur différents supports. Le rédacteur en chef d’Animage, Toshio Suzuki, propose alors d'accompagner plusieurs projets de films de Hayao Miyazaki.
Le premier est Sengoku Majô (Le château diabolique de Sengoku), dont l’univers n’est pas sans rappeler Princesse Mononoke, ou encore les futurs Le château dans le ciel et Mon voisin Totoro.
Sengoku Majô narrait les aventures d’un jeune garçon né à une époque de guerres médiévales qui se retrouvait soudain confronté à des envahisseurs venus d’une autre dimension.
« Une époque où l’on trouve des statues de grands bouddhas laissées à l’abandon dans les hautes herbes. Des paysages dévastés et l’énergie des guerriers du Kantô. Voilà quelques-uns des éléments qui constitueront l’univers de ce film » commentait alors Miyazaki à propos de ce projet.
Différentes machines et autres appareils dont il a le secret seraient également intervenus dans le scénario, ainsi qu’un gigantesque château volant...
Le second projet était l’adaptation d’une bande dessinée de l’auteur américain Richard Corben, intitulée Rolf. Elle narre l’histoire d’une princesse protégée par son chien-loup transformé en homme par un magicien. Yutaka Fujioka, président de Tokyo Movie Shinsha, l’avait rapportée d’un séjour aux Etats-Unis parmi tout un tas d’autres et Hayao Miyazaki l’affectionnait particulièrement.
Dès cette phase préparatoire, Miyazaki s’était déjà largement éloignés de l’œuvre de Corben. Les croquis réalisés dans le cadre de ce film montraient de nombreux éléments absents de la version originale : la Vallée du Vent, des vers des sables et le personnage de Yala, reine des goules, déjà proche de la Nausicaä définitive.
En fin de compte, c’est bien Rolf qui servit de base à Nausicaä de la Vallée du Vent en y ajoutant des ingrédients purement de science-fiction, comme la « mer de la décomposition ».
En parallèle , je ne pouvais pas ne pas parler de ses premiers travaux de mangaka à savoir LE VOYAGE DE SHUNA , en couleur, non traduit en français et qui contient déjà tout Nausicaa et Mononoké :

Pour ceux que ça intéresse, une traduction en fichier Word existe ici.
LE PEUPLE DU DÉSERT sous un pseudonyme et NB. Traduction anglaise ici, tout en bas
