Hostiles |
Réalisé par Scott Cooper Avec Christian Bale, Rosamund Pike Long-métrage : USA Genre : drame / western Durée : 02h34min 2018 |
8.75/10 |
SynopsisEn 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple.
CritiqueScott Cooper signe encore un film d'envergure sous le signe du western, avec une quatrième long métrage et signe sa deuxième collaboration avec Christian après les brasiers de la colère.
Hostiles souligne encore l'absurdité de la guerre et de certains ordres dont on sait par avance qu'ils vous mèneront tout droit à votre perte mais que vous devez suivre pour préserver votre honneur.
Scott Cooper n'entretient en aucun cas un ton moralisateur car cette histoire, personne n'a tord ou raison, il n'y a pas de manichéisme tranché.
Meme le pire des salauds parvient à trouver une sorte de pardon aux yeux du spectateur grâce aux quelques lignes de dialogues qui lui permettent d'expliquer pourquoi il en est arrivé là. Ben Foster est l'un d'entre eux, on pourra regretter son passage plutôt expéditif à l'écran. Un rôle dans la lignée de 3h10 pour Yuma où il croise à nouveau le chemin de Bale.
Joseph Blocker (Christian Bale) est loin d’être un saint étant donné que lui et sa troupe sontjuste des tueurs professionnels ayant commis de vrais carnages par le passé (hommes, femmes, enfants...) pour leur patrie. Des soldats qui obéissent aux ordres; certains sont aguerris à cet exercice au point de ne plus rien ressentir lors d'un meurtre, d'autres viennent d’être embrigadés et découvrent les sacrifices qu'ils devront faire pour leur patrie (Jesse Plemons, Timothée Chalamet).
Hostiles montre qu'au cours du conflit certains ont choisi volontairement cette voie et savent à quoi s'attendre alors que de simples citoyens qui n'ont rien demandé croisent malheureusement le chemin de la violence sans pouvoir y échapper.
La scène d'ouverture vous happe littéralement de par sa violence ultime qui là aussi n'épargne personne sur son passage et qui nous permet de découvrir le personnage de Rosamund Pike (Rosalie Quaid).
A priori, cette séquence peut surfer sur les vieux mythes US mais on verre par la suite que les préjugés vont devoir voler en éclat.
Il est rare dans les westerns d'y retrouver une figure féminine aussi poignante qui n'est pas reléguée au simple rôle de femme au foyer ou de prostituée.
On y retrouve une femme anéantie par les événements, marquée au fer rouge qui doit malgré tout se remettre en selle et suivre le groupe de soldats. On se demande pourquoi l'actrice n'a pas eu de nomination aux Oscars car ça aurait été amplement mérité, en dévoilant encore de nouvelles cordes à son arc.
Il est intéressant de suivre l'évolution de son personnage qui à travers ces épreuves est tout de même capable d'un pardon sans limite.
Christian Bale incarne un capitaine contrarié et usé. Son personnage veut qu'il garde une certaine froideur et un caractère carré qui peut porter préjudice à sa prestation globale mais il s'en sort avec les honneurs avec un sentiment d'une vraie implication dans son rôle et une justesse émotionnelle. Malgré sa haine pour les indiens, il mène sa mission avec respect pour l'autre et comme pour Rosalie Quaid, le regard de Joe Blocker ne sera plus le même à la fin de sa mission.
Hostiles jouit d'un casting 5 étoiles sans fausse note, c'est avec un grand plaisir de voir se mêler des vétérans (Wes Studi, Stephen Lang, Peter Mullan..) aux plus jeunes.
Scott Cooper n'hésite pas à mettre en scène la violence de façon crue, ni ne montrer hommes et femmes exprimer leur chagrin tout en préservant leur dignité.
Le mélange profondément tragique sans concession se mêle au lyrisme des plans de transition qui font honneur aux déserts américains. Scott utilise habilement les superpositions d'images pour un résultat esthétique réussi sans fioriture.
Le périple de cette troupe à travers les réserves indiennes n'est pas sans embûche, ainsi Hostiles peut parfois virer au survival. Le film est pourtant assez bavard, cependant les répliques sont rarement superflues. (A noter que Cooper a souhaité de nombreux dialogues en langue indienne.) Ces confidences faites dans l'intimité nous mettent dans la confidence des pensées profondes des protagonistes montrant leurs interrogations, leurs névroses, leurs souffrances qu'ils n'ont pas le droit de donner de façon officielle en tant que militaire.
Hostiles ne délimite pas les frontières des conflits entre des guerres entre les peuples; on peut ainsi voir des affrontements entre américains, entre tribus indiennes et bien sur entre US et indiens. Les origines de ces batailles sont parfois floues et dénuées de toute logique.
Riche en émotions, en brutalité, Cooper signe un film humaniste sur le complexité des conflits entre les peuples, même si le message est loin d’être original, il a le mérite d’être diablement efficace.