A STAR IS BORN
de Bradley Cooper Oh la belle croute.
J'ai complètement délaissé les critiques dernièrement, mais je me sentais obligé de pondre un truc sur ce navet au succès populaire hallucinant. Car au terme de ces 2h15 de souffrance, mix de facepalms et rires nerveux, quelle fut ma surprise d'entendre une bonne moitié de la salle applaudir de bon cœur. Complètement abasourdi par cette scène surréaliste, je m'empressai de checker le hashtag du film sur twitter. Et là, le drame, la mort du cinéma sous mes yeux, en 280 caractères espaces compris. Le premier film de Bradley Cooper est bel et bien le grand succès populaire de cet automne, ce film "magnifique", "bouleversant", ce "chef-d’œuvre comme on n'en voit rarement", et j'en passe.
Que s'est-il passé ? Les gens sont-ils à ce point friands de grosse guimauve dégoulinaute ? Ont-ils réellement aussi peu de culture cinématographique pour ne pas voir l'accumulation de clichés éculés (TOUT est prévisible dans ce film) ? La musique est-elle morte au point de plébisciter cette OST mielleuse à souhait ?
Ah oui ça, Lady Gaga fait le show, sa voix est d'une puissance indéniable, et son jeu d'actrice étonnamment crédible. Le plus bel atout du film, c'est bel et bien elle. Mais que dire du reste ?
C'est bien simple, rien ne va.
Bradley Cooper fait le beau, force l'accent texan, pour incarner un rocker au bon cœur mais en plein déclin et qui sombre dans l'alcool. Au secours.
La construction du script est forcée, tout est téléguidé, rien n'est crédible. Même la scène la plus réussie (le premier concert de Lady Gaga) est hautement improbable (tous les musiciens en parfait accord avec la chanteuse alors que personne n'a répété le truc au préalable. Comprenez bien qu'on ne parle pas là d'une jam session basée sur l'impro, mais d'un méga tube pop calibré de 3min) et laisse un goût amer. Et dans le genre forcé, comment ne pas évoquer ce final tire-larme à souhait, illustré par une chanson aux paroles d'une niaiserie sans nom.
Mais finalement, le pire dans tout ça, c'est que le film ne raconte presque rien. L'année dernière, Damien Chazelle faisait de sa comédie musicale aux contours pop une fresque cruelle sur l'égocentrisme qui règne dans le star system, avec un regard critique très lucide sur les industries musicale et cinématographique.
Bradley Cooper, lui, se cantonne à son histoire pour midinettes, et passe complètement à côté de tout ce qui aurait pu être dit sur l'univers de la pop music. Et quand il le fait, il se contente juste de mettre en scène un très très méchant producteur (les clichés, tout ça) le temps de quelques séquences. Au final, malgré les influences néfastes du secteur, c'est quand même l'amour qui triomphe sur tout, personne n'est perverti, tout reste tristement sage.
Faudrait pas froisser l'ado dans ses rêves de princesse non plus.
3/10