[Dunandan] Mes Critiques en 2018

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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar angel.heart » Jeu 08 Fév 2018, 16:17

Sinon, t'avais pas Touch of zen à mater avant cette daube? :chut:
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar Dunandan » Jeu 08 Fév 2018, 18:26

Toujours prévu pour ce mois-ci, mais je ne sais pas encore pour quand... je veux être vraiment en forme pour celui-ci et en semaine ce n'est pas toujours évident (j'étais d'ailleurs à deux doigts de pioncer devant Le Grand bleu passé la fatidique 2ème heure :mrgreen:).
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Série Noire - 5,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 10 Fév 2018, 05:58

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Série noire, Alain Corneau (1979)

Comme l'indique son titre, Série noire ne mâche pas ses mots où nous sommes immergés dans une France sordide avec un pauvre petit magouilleur qui plonge au fond du trou tant qu'il peut. Mais pourtant, Série noire, aussi frontal et sans concessions soit-il, ménage son personnage jusqu'à un certain point. On se retrouve ainsi confronté, comme lui, à son angoisse, ses doutes, sa colère contre une société qui toute entière, du moins celle qu'il connaît, l'a incité à commettre l'inévitable. Et à cet égard, Patrick Dewaere porte tout entier ce film, au désespoir palpable, presque physique.

Voilà pour les principales qualités du film, et passé ce constat et cette expérience jusqu'au-boutiste proche du réel, je m'en suis senti un peu exclu. Je comprends ceux qui adhèrent à ce genre de pellicule nihiliste qui va au bout de son propos, mais c'est juste trop pour moi, et dans un certain sens, un peu court en termes de portée narrative avec un propos qui transpire certes de sincérité, mais qui m'a surtout causé du détachement par tant de déversement de ce que l'humain peut porter de plus mauvais, avec son lot de manipulateurs et de canailles en puissance.

Et pour le coup, je n'ai pas trouvé le casting, excepté Bertrand Blier très bon en vieille petite vermine de son espèce toujours dans son élément pour se justifier avec un culot constant, à la hauteur de ce que propose Dewaere, Marie Trintignant en tête qui brille par son absence de jeu (mais aussi paradoxalement inquiétante en accentuant plus que de raison l'isolement de son «camarade»). Ainsi, malgré les gesticulations (fascinantes) de cet acteur incarnant à merveille ce pauvre type à la force friable comme du papier à verre, je me suis retrouvé comme face à un mur...

En tous cas, c'est le genre de film dont les avis devraient diverger tant ce film fait tout pour se rendre antipathique, mais qui encore une fois, y trouve aussi là sa force (bien que j'ai trouvé le tout un peu redondant), dans l'absence de compromis quant à sa peinture d'une France (et des traits d'une condition humaine) certes peu sexy mais belle est bien là, nous attendant au tournant au soir d'une (très) mauvaise journée.

Note : 5.5/10
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar Jed_Trigado » Sam 10 Fév 2018, 10:05

Quel dommage de te voir dans la team Scalp. :(
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar pabelbaba » Sam 10 Fév 2018, 10:21

Pinaize, c'est clair...

T'as pu voir l'interview de Corneau en bonus du DVD/BR Studio Canal?
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar Dunandan » Sam 10 Fév 2018, 15:56

Oui, je viens de la voir. Et en effet, je sentais que Dewaere improvisait (dans une certaine mesure), son jeu est comme je l'ai exprimé dans ma bafouille le gros plus du film, par contre je ne connaissais pas évidemment le dispositif à l'oeuvre pour capter tout ça, impressionnant. Mais bon ça ne change pas mon impression du film, que voulez-vous, on ne peut pas tout aimer ^^.
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Dans la nuit des temps - 6,5/10

Messagepar Dunandan » Dim 11 Fév 2018, 00:47

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Dans la nuit des temps, Tsui Hark (1995)

Voilà que je découvre l'un des derniers films de Tsui Hark ayant une certaine réputation qu'il me restait encore à voir, et s'il ne figure pas forcément, à mon sens, parmi ses meilleurs, Dans la nuit des temps constitue tout de même un divertissement vif et sympathique, avec un mélange des genres spécialement barré, alternant à l'envie comédie romantique, comédie grasse pur HK, SF avec du voyage dans le temps (avec Retour vers le Futur comme référence, il y a pire franchement), et un brin de caper movie et d'Opéra de Pékin pour l'ambiance.

Et pourtant on ne peut pas dire que la mise en place soit spécialement bonne, malgré une introduction haute en couleurs remixant Blanche Neige et les sept nains avec le style de l'Opéra de Pékin. Car par la suite, ça vire vers une certaine hystérie à coup de gags lourdingues pas vraiment drôles (du vomi, des bousculades «je t'aime moi non plus»). Mais heureusement ça se calme un peu par la suite lorsque la touche fantastique prend son envol, où le récit trouve un certain équilibre en revisitant plusieurs fois certaines séquences où Tsui Hark semble s'amuser comme un petit fou en instaurant un cadre et un univers avec trois bouts de ficelles tout en diversifiant les approches. C'est parfois cheap comme rendu (les rideaux en guise de bras rallongés, ou encore le masque en latex du badguy), mais ça compense avec une réalisation souvent inspirée, généreuse et riche en idées (j'adore particulièrement le passage où les deux protagonistes se partagent le même corps) même si c'est parfois un peu bordélique, mais on finit toujours par s'y retrouver.

Coté casting, le duo fonctionne du tonnerre même si Charlie Young apparaîtra bien plus bouleversante dans le magnifique The Lovers. Cependant, encore une fois, dommage que l'interprétation générale soit alourdie par un surjeu quasi constant de certaines têtes d'affiche (surtout celui qui joue le «fiancé« de cette dernière, une vraie tête à claques), mais en contre-partie on y retrouve de beaux morceaux de tendresse, et lorsque les comptes sont rendus dans la dernière ligne droite, le film atteint même un niveau de profondeur inattendu alors que ce n'était pas forcément parti sur de bonnes bases. Bref, malgré ses défauts évidents (ça part un peu dans tous les sens et pas toujours «dans le bon sens» avec notamment un humour un peu trop neuneu), La nuit des temps est à l'image du ciné HK de l'époque qu'on aime, avec ses maladresses (qui ont parfois leur charme), mais aussi une sincérité et une liberté de ton qui transpirent par tous les pores, au service d'une inventivité (artisanale) de tous les instants.

Note : 6.5/10
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Dans un recoin de ce monde - 6/10

Messagepar Dunandan » Dim 11 Fév 2018, 05:46

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Dans un recoin de ce monde, Sunao Katabuchi (2016)

Si j'avais un mot à retenir pour qualifier ce film, c'est sa lenteur. On suit une jeune fille en apparence épargnée par les bruits de la guerre, avec tout ce que cela implique comme douce quiétude du quotidien, et le gros soucis qui traverse l'ensemble du film, c'est qu'on enchaîne les séquences sans réel enjeu dramatique, se réduisant, du moins dans sa première partie, à des tranches de vie dans la pleine compagne qui sont ma foi un poil lourdes et ennuyantes. Mais si le sens du rythme n'est pas toujours très bien géré (c'est même un peu paresseux dans les transitions avec ces innombrables encarts pour indiquer les dates), par contre c'est plutôt joli (la nature est particulièrement vivante) et bien reconstitué historiquement parlant. Et on a même droit à quelques envolées lyriques bienvenues grâce au sens artistique de cette jeune fille qui nous offre de chouettes transfigurations du réel via ses dessins, d'autant plus que cela s'insère bien dans le récit.

Dans le même sens, ce qu'on ne peut enlever à Dans un recoin de ce monde en dépit de son style assez suranné (pour le meilleur et le pire), c'est l'originalité (relative) de son point de vue. Alors certes c'est un peu long pour ce que ça veut raconter, mais lorsque vient le fameux tournant dramatique, tout est remis en perspective, bien que quelques signes précurseurs venaient déjà faire un peu d'ombre à cette ambiance «ensoleillée» et sans problèmes, et ce ne sont pas seulement les conséquences de la guerre qui sont questionnées (de manière plutôt poétique je dois dire, sans oublier le côté physique et émotionnel de la chose, le tout en embrassant une certaine partie de la population), mais également le poids de la tradition sur la jeunesse jusqu'à un certain point exploitée à des fins de maintien d'un ordre social. Et c'est fait de manière assez fine, comme le rideau de pluie venant annoncer Hiroshima.

Alors c'est clair qu'on n'atteint pas les cimes du Tombeau des lucioles ou encore de L'île de Giovanni pour nous parler des conditions de vie durant la seconde guerre mondiale au Japon en termes d'émotion et d'implication, mais au moins on a droit à une histoire «originale», un peu trop didactique à mon goût et également un peu trop sérieuse dans sa première heure pourtant en proie à l'insouciance (il y a bien quelques notes d'humour, mais c'est très fugace), mais qui mérite malgré tout le coup d'oeil pour tout amateur du genre.

Note : 6/10
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar lvri » Dim 11 Fév 2018, 08:39

:super: même si j'aurai peut-être été un tout petit peu plus généreux :mrgreen:
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Bras armé de la loi 2 (Le) - 8/10

Messagepar Dunandan » Dim 11 Fév 2018, 08:43

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Le bras armé de la loi 2, Johnny Mak (1987)

Par expérience, les suites dans le cinoche de Hong-Kong, peut-être plus qu'ailleurs, ne sont pas toujours garantes d'intérêt, le plus souvent propices à un filon commercial qu'on va épuiser jusqu'à la moelle en perdant l'essentiel. Mais ce second opus, en plus de faire un lien solide et cohérent avec le précédent (via un petit résumé accéléré à la manière d'archives), offre un nouveau regard sur le brûlot burné que constituait déjà le premier Bras armé de la loi à l'encontre de l'appareil de la justice hong-kongaise.

Un pitch de départ qui lorgne du côté de Infernal Affairs (dont il sera clairement l'une des principales inspirations), mais la ressemblance s'arrête là avec son lot de séquences d'action montées sur ressort se rapprochant davantage d'un John Woo (les infiltrations pures et dures ne durent jamais très longtemps pour notre plus grand plaisir), le tout enduit d'une pointe de souffre renvoyant cette fois-ci du côté du pamphlétaire L'Enfer des armes. Pour dire deux mots sur l'histoire, on suit un trio d'ex-flics échappés d'un camp chinois de rééducation (l'info est importante) pour vivre dans la colonie anglaise, mais rattrapés à la frontière, on les oblige à faire la taupe pour le compte de la police locale qu'on devine entre deux eaux, alors que les continentaux incarnent cette loyauté qui leur manque tant, du moins du côté des supérieurs qui ne pensent qu'à leurs futures promotions.

Un script donc simple mais terriblement efficace, surtout que Johnny Mak se montre à l'aise avec les différents codes du genre du flic infiltré (au menu, alliances et trahisons consommées entre flics et truands), mais la différence, il la trouve, une fois de plus, dans l'exécution de l'action, se dotant d'un montage percutant et nerveux (en tête la séquence du règlement de compte avec une mise à mort proche d'un CIII par sa sauvagerie extrême, mais ailleurs ça reste tout aussi expéditif tout en demeurant assez réaliste) et en jouant avec habileté entre les différents cadres où il insuffle une véritable atmosphère, puis enfin dans cette application intègre et puissante d'une loyauté digne d'un Peckinpah.

Ainsi, on ne manque vraiment de rien avec des personnages bien développés et un rythme soutenu et dégraissé, si bien que même les plus menus défauts tels qu'un récit légèrement décousu et peut-être quelques scènes surjouées (j'ai en tête cette actrice qui incarne la colère d'une drôle de façon) n'ont pas vraiment atteint mon plaisir (le reste du casting est globalement très bon, donc pas de soucis), mais y ont même contribué avec ce côté franc du collier maintenu d'un bout à l'autre sans qu'on s'en excuse jamais. Peut-être pas aussi définitif que le précédent, mais plus touchant grâce à des personnages qui existent davantage, particulièrement le leader du trio, charismatique en diable. Ce qui permet au final se résolvant dans les armes et répondant habilement au premier du nom, de paraître d'autant plus marquant.

Bref, un film que je conseille vivement à tout amateur du genre et sur lequel se basera largement l'industrie à venir dans sa facette plus intimiste, à la différence qu'ici, encore une fois, le cahier de charges est pleinement rempli avec son lot de séquences d'action bien vénères dans les lieux les plus divers (aéroport, restaurant, entrepôt désaffecté) avec en prime un propos qui a conservé toute sa charge fiévreuse. Et tout ça plié en à peine 1h20, une qualité devenue suffisamment rare pour être soulignée.

Note : 8/10
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar Dunandan » Dim 11 Fév 2018, 08:46

lvri a écrit::super: même si j'aurai peut-être été un tout petit peu plus généreux :mrgreen:

C'est déjà un miracle que je ne me sois pas endormi devant durant la première heure vu son tempo au ralenti, mais heureusement le récit s'épaissit ensuite, si on peut dire ^^.
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Belle équipe (La) - 7/10

Messagepar Dunandan » Lun 12 Fév 2018, 13:17

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La belle équipe, Jean Duvivier (1936)

De Jean Duvivier, je ne connaissais que Le petit Monde de Don Camillo, et si je ne trouve pas de dernier forcément mauvais (j'avoue que la nostalgie a un rôle à jouer, étant l'un des films familiaux de prédilection tournant en boucle durant les vacances), il aurait été dommage que j'en reste là tant La Belle équipe se situe à plusieurs crans au-dessus. Surtout que ma découverte des films de Carné m'avait donné forte envie de découvrir d'autres films du réalisme poétique, et ma foi, c'est plutôt une belle réussite même si Carné m'avait davantage convaincu, surtout au niveau de la gestion de sa dramaturgie.

Ce film, c'est tout d'abord l’histoire d’une franche amitié pleine d'authenticité qui nous met le baume au coeur, où Duvivier y insuffle une pointe de pessimisme qui lentement mais sûrement s’empare de nos cinq camarades devenus propriétaires d’une ruine (qu'ils veulent transformer en guinguette) grâce à un coup de bol monumental. Malheureusement, malgré une tournure (plus noire) assez surprenante en termes de tonalité, je trouve que Duvivier loupe un peu le coche dans la dernière ligne droite, alors que jusqu'à lors, il parvenait à construire un propos particulièrement juste, pertinent, et moderne sur les limites de la communauté, aussi petite et fraternelle soit-elle, à fructifier et à partager un bonheur commun (je serais du coup bien curieux de voir si l'autre fin, de réputation plus lumineuse, ne serait pas un peu plus adaptée à la manière dont l'histoire évolue et au caractère des personnages).

Mais le gros point fort du film, outre son sujet, c'est son cadre, doté d'une aura toute particulière où l'influence du réalisme poétique prend tout son sens. Que ce soit pour souligner la complicité des cinq camarades (la séquence du vol des objets dans le stand, attendrissante comme jamais) ou la manière dont le partage semble être une valeur primordiale, et surtout, cette fameuse maison dont ils vont devenir propriétaires, symbole vivant de leur relation (séquence géniale où ils sont soudés l’un à l’autre sur le toit durant l’orage à boucher les trous) mais aussi de leur isolement le plus total lorsque le destin se referme sur eux. Et comment ne pas penser à ce moment où la caméra se rapproche de ces deux derniers à rester dans la course jusqu'à les présenter, pour l'ultime fois, seuls contre le monde (et en l’occurrence cette femme vénale qui finit par les mettre l’un contre l’autre dans un jeu de manipulation assez ambigu). Il n'y a pas à tortiller, la réalisation est bourrée de petites idées de mise en scène plutôt inspirées de cet ordre venant servir le récit ou mettre en valeur le cadre.

Pour animer tout ça, le casting est franchement bon, entre Jean Gabin dans l’un de ses premiers grands rôles, où l’on aperçoit déjà cette force tranquille et magnétique au naturel fou, et les autres ne déméritent pas dans leurs rôles respectifs dont le tout forme un portrait saisissant de la France de l’avant-guerre. Mais encore une fois, j’aurais des griefs contre la fin. Qu’elle sombre vers un certain pessimisme, pas de problème, mais elle ne cadre tout simplement pas avec le personnage de Gabin et ses aspirations (tout opposées), et semble clore le triangle amoureux dont il est question un peu trop brusquement, dont la dynamique est par ailleurs justement dépeinte. Dommage qu’on termine sur une telle note, car je l’aime bien la vision de Duvivier des petites gens, bien qu’un poil caricaturale, trop vaillamment opposée à mon sens à cette aristocratie profiteuse de ce que ces mains travailleuses ont façonné. Passage qu’on excuse aisément, grâce à un Gabin convaincant en diable, sauf justement ce fâcheux passage (malgré tout logique avec la tournure funeste des événements) qui semble, encore une fois, en faire un peu trop.

Mais bon, La belle équipe demeure malgré tout une belle proposition de cinéma ainsi qu'une histoire touchante sur l'amitié et le partage (et on y croit à cette camaraderie d'un autre temps qui nous rejoint en certains points) rattrapée par la réalité, ce qui me donne grande envie de découvrir d'autres Duvivier.

Note : 7/10
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Assassin habite au 21 (L') - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 15 Fév 2018, 02:39

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L'assassin habite au 21, Georges Clouzot (1942)

Sympathique et atypique cette première réalisation de Clouzot où je lui retrouve la même habileté que dans Le corbeau à construire un récit policier à travers sa galerie de personnages pour le moins truculents. C'est là la grande force de cet Assassin habite au 21, de détourner le genre du film policier et ses codes au profit d'une série d'interrogatoires qui se font passer le plus souvent pour une simple discussion informelle, alors que ce petit monde paraît toujours aux aguets (mémorable la scène avec le chapeau qui révèle justement cette tension à l'oeuvre). D'autant plus que le verbe est relevé et les subterfuges bien trouvés, et même l'inspecteur de police est un drôle de numéro, grimé en pasteur (toujours sur la corde raide entre parodie et crédibilité) pour mieux surprendre les habitudes de son adversaire potentiel.

Ainsi, pour peu qu'on se prenne au jeu, L'assassin habite au 21 constitue un chouette divertissement à la Hercule Poirot, et via le huis-clos, permet de faire avancer astucieusement le récit en mettant l'accent sur la psychologie des personnages au détriment du mobile des crimes, somme toute assez banal, selon la manière dont on le prend (pour la beauté du geste, pourrait-on dire). Et ce film se permet aussi un humour grinçant et souvent drôle (les têtes de la police qui refilent leur sale boulot à leurs subalternes, la façon subtile dont le détective joue au jeu de ses interlocuteurs, ou encore sa femme au sacré caractère qui devient l'un de ses plus gros éléments perturbateurs).

Mais, et c'est peut-être pour cela que Le corbeau vieillira mieux à mon sens, si je me suis rarement ennuyé (on se croirait, toutes proportions gardées, dans les Dix petits nègres), et que la réalisation, bien que rarement mémorable (hormis le premier meurtre à la Jack l'Éventreur avec son ambiance teintée de gothique), ne fait jamais mauvaise impression, il manque un petit quelque chose que son successeur sublimera par sa peinture sans concession d'une France sous l'occupation. Mais rien que pour son mélange réussi entre polar et comédie (légèrement sombre), chapeau.

Note : 7.5/10
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Dommage que tu sois une canaille - 5,5/10

Messagepar Dunandan » Jeu 15 Fév 2018, 05:10

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Dommage que tu sois une canaille, Alessandro Blasetti (1955)

Franchement refroidi par cette comédie à l'italienne réputée comme étant l'un des précurseurs du renouveau du genre. Tout le mordant qui m'a fait aimer ce genre de farce est ici aux abonnés absents, là ça vire trop à la bouffonnerie (et que c'est bavard), flirtant avec la limite sans vraiment la dépasser. Pourtant, Sophia Loren y est plutôt convaincante dans son numéro de charme (m'enfin ses poils des aisselles, elle aurait pu les raser, ça casse tout) avec ce naïf de chauffeur qui croit tout ce qu'on lui dit, mais leur petit jeu est redondant à mort (et ça ne ça s'arrange pas avec la chanson qu'elle chantonne à tue-tête, et cette agaçante musique de fond qui abuse des instruments à cuivre), et elle, elle en mériterait une (le pire, c'est que le film ne nous donnera pas tort).

Du coup, c'est vraiment le script et son traitement qui m'ont causé problème. Aucun moyen de m'attacher aux personnages, de près ou de loin. Le casting n'est pourtant pas mauvais, mais le personnage de Sophia Loren m'a vraiment saoulé, à toujours profiter de la situation au nom de son charme pourtant pas inattaquable comme je l'ai précisé, et lui de la pister comme un chien fou, un vrai masochiste, à toujours se laisser mené par le bout du nez. Du coup, je me suis vite distancié de ce qui se déroulait à l'écran.

Par contre je sauverais Vittorio De sica, tout bonnement excellent en gourou paternel du vol à la tire. La manière dont il embobine son prochain et ses réflexions sur l'âge d'or de sa vocation sont tout simplement irrésistibles. Autre attraction du film, son dénouement, certes attendu, mais qui devient aussi intéressant par le geste inaugural qu'il promet et trouvera confirmation dans le genre. Car oui, les bonhommes intéressants sont aussi ceux qui révèlent un peu justement leur côté bonhomme, quitte à paraître des véritables machos.

Bref, déçu par ce film dont j'en attendais sûrement trop alors que ça se réduit finalement à un gentil règlement de comptes constamment déplacé par cette vamp de Sophia Loren qui se contente juste de suivre sa nature (et toute la famille s'y met, même la mémé), et encore une fois, je n'ai pas trop aimé le ton acidulé du film, pas assez équilibré à mon goût (et en parlant d'équilibre, ça va trop à sens unique dans les rapports de force). Mais rien que pour assister à cette progression de l'intrigue (et surtout l'interprétation de De Sica, dont je découvre le talent en tant qu'acteur alors que je n'ai vu aucun de ses films), ça en valait la peine.

Note : 5.5/10
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Re: [Dunandan] Mes Critiques en 2018

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 15 Fév 2018, 13:35

Ouais pas plus emballé que ça lors de sa découverte lors du Cinéma de Minuit, mais c'est pas ça qui va m’empêcher de mater d'autres de De Sica.
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