Voilà un film de SF qui a tendance a mettre tout le monde d'accord contre lui, renié par ses instigateurs en plus de ça, pourtant il fait partie de ces œuvres qui sont des ratages fascinants : pas de question de nier la qualité objective du bouzin mais la génèse fut tellement douloureuse et la beauté de certaines de ses images laissent a penser qu'on aurait pu avoir un tout autre film. Pour cause, c'est Walter Hill, abonné aux séries d'action musclées qui décide de changer de genre et d'y apporter sa touche perso au sein d'un gros budget (son plus élevé si je ne m'abuse), épaulé par un FF Coppola a la prod bien décidé a se payer son
Alien a lui pour se renflouer. Mais voilà malgré sa vision de départ suffisamment aguicheuse pour se défaire justement de la concurrence, malgré un tournage assuré jusqu'au bout et une post-prod bien avancée, la MGM lui fait un gros coup de pute, et ce ne sera pas moins de deux autres réals qui vont venir "sauver" le film : l'artisan Jack Sholder qui va essentiellement raccourcir le film (le premier tiers sera le plus touché) et ensuite Coppola qui va finir le tournage en bon gros tyran (lui va plutôt s'attaquer au dernier tiers). Résultat, impossible de faire un vrai bon film avec trois identités aussi différentes au sein d'un seul et même projet.
Pourtant, pas mal de bonnes intentions se dégagent de
Supernova par petites bribes, d'abord sur le perso de James Spader, vraiment interessant en ancien junkie qui lutte contre ses démons, surnageant auprès de persos nettement plus fonctionnels en l'état. Ensuite sur le plan esthétique, avec un design global ondulé et très flashy qui n'est pas sans rappeler
La Planète des Vampires (quand je vous disais qu'ils voulaient refaire un
Alien a leur sauce
) même si la mise en scène s'avère très inégale, allant du sublime (la scène de cul en lévitation) au bâclé (la baston sur Titan, c'est un bordel en termes de lisiblité). Toute la première moitié du film font que je garde une certaine indulgence, car si on est loin du grand film de SF métaphysique (je dirais plus qu'on est dans l'homo-érotisme vu le nombre de scènes où les acteurs jouent torse nus
), il reste une bobine correctement troussée malgré son rythme précipité, mais là où tout s'écroule c'est a l'arrivée du perso de Peter Facinelli, on bite strictement plus rien aux enjeux de l'histoire, le pire c'est que le monteur en est conscient et nous balance toujours avec dix plombes de retard une explication a deux balles pour combler une ellipse sur dix (la meilleure restant celle nous expliquant le pourquoi de la transformation physique du méchant
), faisant passer la partie "slasher spatial" de trucs comme
Sunshine et
Event Horizon pour des monuments de limpidité. Le pire, c'est que j'ai pris la peine de mater les scènes coupées du dvd et ces abrutis ont réussi a couper LES SEULES scènes explicatives importantes du récit, a ce niveau-là, je dis chapeau. Sans parler de la fin alternative nettement plus pessimiste (et belle en termes de réal malgré des sfx accusant leur âge), montrant les survivants voir le Cosmos périr lentement sous leur yeux, tellement plus raccord avec l'orientation que cherchait Hill.
Je ne désespère pas de voir un jour son DC (il existe puisqu'il a assuré la plus grosse partie du tournage), car je pense qu'on pourrait tomber sur quelque chose d’intéressant....
3/10