Juste histoire de poursuivre la discussion, j'me suis fait un double programme Fassbinder ce midi : Querelle sur les reco de Jed, suivi de Despair qui m'intriguait.
Querelle : 4/10
J'ai en partie souffert devant Querelle. Entre les corps de marins huilés omniprésents, les dépucelages virils sur commode (je ne dois pas être assez ouvert ^^), les acteurs en mode happening et les décors métaphoriques, il faut vraiment rentrer dans le trip de Fassbinder pour apprécier l'expérience. Si comme moi, vous passez à côté, alors les deux heures semblent bien longues, d'autant plus que la trame narrative permettant à Fassbinder de dérouler toutes ses thématiques (psychologiques comme politiques) est bien mince. Alors j'me suis raccroché aux branches, à Franco Nero notamment ainsi qu'à quelques jeux d'ambiance : visuellement parlant, qu'on accroche ou non à la proposition de Fassbinder, Querelle est très soigné.
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Despair : 7/10
Despair fut par contre une découverte intéressante. Fassbinder y traite en fond d'un contexte peu souvent développé au cinéma, à savoir la montée progressive du nazisme juste avant la seconde guerre mondiale, pour accompagner son illustration de la folie, allant même jusqu'à dédicacer son film à trois artistes qui se sont laissés dévorer par cette dame vicieuse.
Même si comme d'habitude, il faut parfois se laisser porter sans tout comprendre (pourquoi cet homme, de prime abord bien dans ses bottes, se persuade de sa ressemblance avec un vagabond qui ne partage aucun de ses traits physiques ou encore pourquoi ferme-t-il les yeux sur les infidélités de sa femme ?), les clés viennent plus tard, dans le dernier acte qui cristallise la folie qu'il a choisit d'embrasser. Pourquoi ? La question reste posée. Par ennui, par esprit de rebellion (l'homme a peur par exemple de posséder un visage commun) ou bien par manque de réponse à cette fameuse recherche du sens de nos vies... qu'importe finalement, seul le geste compte, et l'attitude de celui qui l'assène.
Fassbinder ne prend pas vraiment partie, se contente de filmer, avec son oeil affuté. Souvent placée en intérieur, sa caméra fait mouche, notamment lorsqu'elle filme l'homme et sa femme dans leur appartement bourgeois. Dirk Bogarde est bluffant, Andréa Ferréol l'accompagne à merveille, fausse pimbêche chipie troublante.
De quoi me donner envie de poursuivre mon petit voyage chez Fassbinder, d'autant plus que j'ai lu que Querelle n'était finalement pas vraiment le reflet de ses autres films. Espérons...