Vu tous les bons retours, je m'attendais à autre chose que le film social typique de Cannes, raison pour laquelle à la base je n'étais pas allé le voir au cinéma, et au final ça n'a pas loupé, comme quoi je devrais me fier à mon instinct pour ce genre de films. J'ai découvert après la vision que le réalisateur n'était autre que le mec qui avait écrit le soi-disant scénario de
Entre les murs, peut-être l'une des plus étonnantes arnaques cannoises de ces dernières années (le film sans aucune mise en scène qui gagne une Palme d'Or tout de même
), et ça ne m'étonne guère plus que ça, vu qu'on est à peu de choses près dans le même délire, à savoir la volonté de faire qui va traiter d'un sujet de société en vogue pour faire parler de lui. Car bon, le film a beau parler d'actions se déroulant dans les années 90, vu l'engouement qu'il y a depuis plusieurs années à instaurer une sorte de mouvement cinématographique LGBT, ce
120 battements par minute s'avère être à mes yeux une énième tentative de surfer sur la vague.
Alors attention, histoire d'éviter les faux-débats, je suis loin de réprimander la présence de l'homosexualité au cinéma, mais à l'heure où l'acceptation dans notre société est de plus en plus grandissante, j'ai un peu de mal à comprendre je pense qu'il serait temps que ce soit traité de façon toute aussi normale qu'un autre sujet, et donc avec une certaine subtilité. Après tout, des films comme
Thelma et Louise,
Bound ou
La Vie d'Adèle sont des films qui en parlent de façon directe ou indirecte, mais ça ne crée pas pour autant des stéréotypes et ça cherche à aller plus loin que le cliché de base pour en soutirer quelque chose d'intéressant. Dans le cas de
120 battements par minute, le film tombe clairement dans le piège du vous avez-vu comment étaient traité les gays à l'époque, et de ce côté là on se tape toutes les plus grosses ficelles, comme la jeune catho dégoûté de voir deux hommes s'embrasser ou les vieux qui regardent de façon scandalisée une gay pride. Le pire, c'est que le film tombe aussi dans le cliché de la folle comme quasi unique représentation de la communauté. Hormis un personnage, le mieux écrit, c'est joué de façon ultra maniéré pour 90% des gays montrés à l'écran, et j'ai un peu du mal à comprendre comment le film peut être plébiscité malgré ça. Ok, je veux bien croire que dans les années 90 il y avait cette tendance très forte, mais à un moment c'est bon ça ne se résumait pas qu'à ça
.
En plus, je trouve le film sacrément manichéen, car bon un film sur Act Up qui ne va que dans le sens de l'association, et où leurs opposants sont systématiquement montrés comme des idiots d'un autre temps, bonjour l'intérêt, alors qu'il y avait matière à poser un questionnement sur leur façon de procéder. Durant tout le film, j'avais l'impression de voir le réalisateur qui cochait les cases qui lui permettrait de gagner un prix à Cannes, je pense notamment aux scènes de sexe dont le côté frontal donne sérieusement l'impression que le mec voulait refaire
La Vie d'Adèle au masculin, sans comprendre que chez Kechiche c'était surtout là pour instaurer la passion sexuelle d'une relation qui prenait le pas sur le reste. Et puis côté mise en scène ça essaye de jouer entre deux tableaux, d'un côté la caméra épaule pour la majorité du film pour faire cinéma vérité, et de l'autre des tentatives de stylisation qui ne servent finalement pas à grand chose (les scènes de danse). Là où le film s'en sort le mieux, c'est quand il mélange les deux, avec quelques cadres travaillés (la plongée zénithale sur la foule couchée dans la rue). Ce qui va m'empêcher de descendre sous la moyenne, c'est surtout le casting, car malgré ma remarque sur le représentation des gays à l'écran, il faut quand même avouer que la plupart des acteurs s'en sortent vraiment bien, notamment durant les séquences d'assemblée générale qui sont de loin les plus intéressantes du métrage. En résumé, un film trop long, trop opportuniste à mes yeux et qui va constamment dans un certain sens pour plaire à une élite critique (Les Inrock, Télérama, Les Cahiers, y'a du choix). Pas très intéressant donc.