Peggy Sue s'est mariée
Francis Ford Coppola, 1986
Je ne vais pas le cacher, le thème du voyage dans le temps m'a toujours fasciné, sans doute plus que tout autre dans la science-fiction. Il constitue évidemment un ressort narratif puissant et offre une multitude de possibilités scénaristiques. Du coup, je ne sais pas pourquoi j'ai mis tant de temps à regarder ce film d'un réalisateur que j'aime beaucoup. Mais ce qui est sûr, c'est que je ne l'ai pas regretté.
Avec cette histoire d'une quarantenaire déprimée par ce qu'elle considère comme une vie ratée et un divorce en cours, et qui, après avoir perdu connaissance en pleine réunion d'anciens élèves, se réveille en 1960 dans son école, on part sur quelque chose qui semble éculé mais auquel Coppola parvient à donner une émotion et un sentiment de nostalgie très fort qui touche en plein cœur. Car on n'est pas dans une histoire où l'héroïne cherche à "corriger" le passé, apprendre de ses erreurs, ou chercher à tout prix le moyen de rentrer chez elle. Peggy Sue (excellente Kathleen Turner) accepte très vite la réalité de ce qu'elle vit, et le thème du film va plutôt être la redécouverte d'un monde disparu, de sensations oubliées - la jeunesse et toute sa beauté, son insouciance, mais aussi les êtres chers qu'on a trop délaissés, jamais osé aborder, ou tout simplement perdus (la scène avec les grand-parents est vraiment touchante).
Le film n'est pas exempt de défauts. L'histoire d'amour, ou plutôt de désamour entre Peggy Sue et la version jeune de celui qu'elle a appris à haïr plus vieux, ne fonctionne pas tout à fait, on s'en désintéresse un peu au profit d'autres personnages. Et il faut dire que Nicolas Cage est franchement mauvais dans le rôle, tout en surjeu et avec des voix agaçantes (bon, je ne serai pas aussi méchant que Nulladies dans sa critique
). A noter qu'on retrouve également au casting Jim Carrey dans un de ses premiers rôles (et il ne peut pas s'empêcher de faire une ou deux grimaces
), et l'inévitable Sofia Coppola que son père parvient toujours à caser.
Au niveau de la mise en scène, on dira que c'est surtout "efficace", pas d'expérimentation à la
Rumble Fish ou
Coup de Coeur, ni de réalisation flamboyante comme dans certaines des grandes oeuvres de Coppola, mais ça fait très bien le job (et j'aime beaucoup le plan d'intro et le plan final, qui nous font chaque fois littéralement passer de l'autre côté du miroir).
Bref, il y a une réelle douceur et une tendresse qui émane de cette sorte de conte de fées pour adultes, qui en fera sans doute fuir certains - les autres se laisseront porter par la musique sublime de John Barry et les chansons de Buddy Holly, et repenseront avec nostalgie à tous ces moments qu'ils aimeraient revivre.
8,5/10