Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance |
Réalisé par Martin McDonagh |
7.75/10 |
Synopsis
Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville.
Critique
A longueur d'année, on nous rabat les oreilles avec des films féministes qui n'en sont pas, en revanche si on ne devait en retenir qu'un celà serait surement celui-ci, là où une femme à jeu égal avec les hommes.
Frances McDormand, y apparaît sans fard, une mère abattue devant l'impuissance de la police et de la justice face au viol et au meurtre de sa fille qui demeure irrésolu. Une héroïne qui a priori a perdu tout féminité, toute raison de survivre après ce drame mais qui pourtant va se relever et tenter de faire avancer les choses coûte que coûte.
Dans un premier temps, elle va tenter l'emploi de moyens légaux mais provocateurs pour réveiller les consciences.
Mildred choisit de ne pas sombrer dans les abîmes de la dépression mais de se battre contre des moulins à vent et semer le chaos au pays des rednecks.
Un peu comme dans Comancheria où les habitants doivent palier au manque de forces policières et faire justice eux-mêmes, Martin McDonagh dénonce les dysfonctionnements de la société US qui malgré les moyens technologiques et policières n'arrivent pas à capturer tous les coupables. Certains citoyens sont titillés par la gâchette et tentent de se faire justice eux-mêmes en menant leur propre enquête en toute illégalité.
Meme si Frances McDormand porte tous les malheurs du monde sur son visage, tout n'est pas noir dans 3 billboards qui mélange habilement comique de situation et violence comme le cinéaste avait su le faire dans Bons baisers de Bruges.
McDonagh ne plante pas son décor dans le Missouri par hasard.
Meme si la vengeance est au cœur du récit car il en est le moteur, le film va bien plus loin que ça.
3 billboards n'est en rien un revenge movie binaire mais va surprendre le public par sa tournure très inattendue des événements.
Sous ses airs de camionneuse meurtrie, Frances McDormand n'est jamais dans le surjeu avec ce personnage déterminé sous une carapace de dure à cuire provocante qui s'égare par moments dans des allégories poétiques.
3 billboards change sans cesse de rythme, de tons; jamais manichéen, le culot de Mildred sera le révélateur de la vraie nature de ses opposants montrant que même si des pensées sont profondément ancrées en chacun de nous, il est toujours possible d'évoluer en prenant du recul.
Dans la lignée des frères Coen, Martin McDonagh a su choisir une excellente distribution de loosers magnifiques de l’Amérique parfonde raciste et homophobe.
Entre le burlesque et la violence brute, l'intrigue est pleine de surprises mais la justesse de ton y est constante.