STAR WARS : EPISODE VIII - LES DERNIERS JEDI /
Star Wars : Episode VIII - The Last Jedi / de Rian Johnson (2017)
C'est un euphémisme de dire que la reprise en main de la saga de George Lucas par Disney n'a pas commencé de la manière la plus rassurante qui soit avec un épisode 7 qui parvenait par moments à faire vibrer la corde nostalgique mais se révélait souvent vain et un épisode hors-série – Rogue One – poussif et ennuyeux malgré ses bonnes intentions. Cet épisode 8 avait néanmoins pour lui de susciter la curiosité grâce à la personnalité de son réalisateur qui signe seul (du moins officiellement) le scénario et semble être le seul cinéaste à avoir réussi à tirer son épingle du jeu de la firme aux oreilles de Mickey.
La découverte du film peut laisser un sentiment mitigé tant il semble être sur le fil tout du long. Au rang des bons points, on soulignera l'originalité du projet qui prend le contrepied de son prédécesseur en réutilisant intelligemment les figures obligées de la saga pour mieux emmener l'univers vers autre chose plutôt que de copier bêtement une formule toute faite. Toute la partie avec Luke et Rey surnage clairement, notamment grâce a deux interprètes inspirés et attachants. Pour ce qui est des défauts, on pourra regretter un humour parfois mal venu mais qui, honnêtement, n'handicape jamais réellement le film. La caractérisation de certains personnages est plus gênante, notamment Finn dont les scénaristes ne savent pas quoi faire, Poe Dameron qui hurle à chacune de ses apparitions et un Kylo Ren dont les motivations semblent changer d'une scène à l'autre. On pourrait aussi parler d'une scène de résurrection spatiale assez gênante ou du personnage de Laura Dern dont on ne comprend toujours pas l'écriture.
Malgré tout, je ne parviens pas à laisser ces défauts prendre le dessus tant l'ensemble apparaît comme un bol d'air frais revigorant permettant à cette saga de sortir enfin de sa léthargie. Cela fait vraiment plaisir de voir Rian Johnson tenter de proposer réellement quelque chose quitte à se planter parfois avec ce film centré sur l'échec. Tous les personnages échouent à leur façon et cela donne un film au ton résolument différent du reste de la saga. Et grâce à cela, il me semble que Johnson réussit enfin à redonner du souffle et de la vie à la mythologie de la saga. Le film d'Abrams avait trop poussé l'aspect méta au point que l'on avait l'impression que les nouveaux personnages étaient eux mêmes des fans de Star Wars tout excités à l'idée d'intégrer les récits mythologiques avec lesquels ils avaient grandis. Johnson, lui, utilise intelligemment cet aspect en confrontant réellement les personnages pour la première fois à cette mythologie en les faisant échouer. Poe et Finn découvrent réellement le sens du mot rébellion et résistance et ce que cela implique en terme de perte et de renoncement tandis que Rey se confronte pour la première fois à la vrai nature de la Force. D'ailleurs, la petite blague que lui fait Luke lors de son entraînement est souvent pointée du doigt alors qu'elle est plutôt bien vu. Elle sert surtout à lui faire comprendre que la Force n'est pas qu'un concept vague, presque institutionnel, une idée qui va soudainement la pénétrer et opérer en elle une sorte de révélation. Non, la Force est quelque chose de beaucoup plus diffus, personnel et intime qu'elle doit apprendre à apprivoiser et ressentir si elle veut avancer.
C'est pour tous ces éléments que je trouve l'aspect iconoclaste de cet épisode plutôt bien géré. Si je n'utiliserais pas la fameuse formule voulant que le film soit le meilleur depuis L'Empire contre-attaque, il est toutefois pour moi ce que j'ai vu de plus enthousiasmant dans la saga depuis la trilogie originale. Il a en tout cas réussi à faire renaître en moi l'intérêt pour une saga qui m'aura passionné enfant et ado et qui m'avait laissé de marbre depuis bien longtemps.
Malheureusement, l'accueil plus que mitigé du film laisse penser que cet "essai" ne sera sans doute pas transformé et que la suite de la saga sera sans doute beaucoup plus conformiste.
7,5/10