[color=#FF00FF]Kong: Skull Island de Jordan Vogt-Roberts (2017) - 3/10 [/color]
Les blockbusters bestiaires commencent de plus en plus à fleurir dans le jargon hollywoodien, notamment quand celui-ci se réapproprie les mythes du passé. Quand ce n’est pas Gareth Edwards qui marche sur les pas du géant qu’est Godzilla, ou lorsque ce n’est pas Guillermo Del Toro qui joue avec les codes du film de Kaiju avec Pacific Rim, c’est dorénavant Jordan Vogt-Roberts qui fait ressortir du placard le monstre emblématique qu’est King Kong. Et Skull Island ressemble plus à un Pacific Rim que d’un Godzilla dans son approche cinématographique : faire dévier le film de genre dans une modernité spectaculaire qui ne cesse de dépasser les limites du « Bigger and Louder ». Entreprise intéressante si elle se retrouve entre les mains d’un auteur ayant une véritable envie d’incorporer une personnalité un tant soit peu minime à son récit : ce qui n’est pas malheureusement pas le cas de Skull Island qui malgré ses qualités évidentes à l’écran, se noie dans un potager de références pachydermiques et dans la fadeur de sa représentation. Si l’on veut vulgariser la situation, on peut remarquer que ce nouveau King Kong souffre du même syndrome que celui qui a vu naître Jurassic World : l’image soignée n’entretient aucune ambiance et semble générique au possible, manifestant la faiblesse presque abyssale de ce qui se déroule devant nos yeux.
Et surtout, le soin apporté à l’ergonomie visuelle n’arrive en rien à dissimuler les carences d’un scénario dont l’écriture semble avoir été reléguée au second rang : personnages archétypaux (scientifique névrosé, colonel patriotique, photographe féministe, troupe de militaire solidaire), second degré hypocrite, références placardées de façon outrancière, humour pataud assez faiblard, empathie presque néante quant au cheminement du récit. Que le scénario soit mis de côté pour faire de Skull Island un divertissement régressif voire badass et un plaisir presque coupable ébouriffant, pourquoi pas : l’idée donne envie. Sauf qu’ici ce n’est pas le cas. Dernièrement, on a pu assister à la confirmation de la qualité d’une franchise qu’est John Wick qui se démène avec son costume un peu cheap mais qui sait aussi s’habiller avec son amour pour le cinéma de genre et l’envie d’en découdre, faisant d’elle une balade de film d’action au charisme saisissant. Et c’est ce qui manque irrévocablement à Skull Island : une présence, un charisme qui tient en haleine.
C’est d’autant plus dommageable que Kong n’a jamais été aussi imposant tant par sa puissance que par sa taille. Jordan Vogt-Roberts n’a pas fait les choses à moitié et a dessiné les traits d’un King Kong géant et l’iconise comme étant le dieu d’une terre encore inconnue et dont la thématique de la nature comme gisement divin, et du défenseur d’une humanité inoffensive face à des menaces souterraines rappelle celle du Godzilla de Gareth Edwards. Mais tout comme ce dernier, le problème provient des interludes entre les différentes phases de combat bestiaire qui voit le récit avancer à hauteur d’homme. C’est durant ces moments parfois assez longuets et anecdotiques que le film perd en implication empathique, faisant perdre une certaine dramaturgie aux secousses monstrueuses, à l’image du climax final aussi imposant visuellement que vain narrativement. On peut prendre l’exemple de la scène de destruction à Tokyo dans Pacific Rim qui avait su mêler le spectaculaire à l’intime. Malheureusement Skull Island ne regorge d’aucune scène de cette force cinématographique.
Et à force de vouloir édulcorer son univers, remplir des trous d’air avec des personnages qui n’ont rien à dire de nouveau, diminuer la tension primitive de son décorum (au contraire d’un Apocalypse Now ou d’un Predator), Skull Island perd en puissance : le film a beau frapper de partout, mettre des mandales mémorables avec ses bestioles dangereuses, l’implication chez le spectateur est réduite au strict minimum et gâche la moindre parcelle de plaisir. Certes, le film, notamment dans son dernier tiers arrive à prendre par la main grâce au soin enfin apporté à l’atmosphère, à ses moments de bravoures gigantesques et à ses idées de mise en scène, mais cela n’empêche pas de penser que l’on vient de voir un spectacle très vite oubliable.
Et surtout, le soin apporté à l’ergonomie visuelle n’arrive en rien à dissimuler les carences d’un scénario dont l’écriture semble avoir été reléguée au second rang : personnages archétypaux (scientifique névrosé, colonel patriotique, photographe féministe, troupe de militaire solidaire), second degré hypocrite, références placardées de façon outrancière, humour pataud assez faiblard, empathie presque néante quant au cheminement du récit. Que le scénario soit mis de côté pour faire de Skull Island un divertissement régressif voire badass et un plaisir presque coupable ébouriffant, pourquoi pas : l’idée donne envie. Sauf qu’ici ce n’est pas le cas. Dernièrement, on a pu assister à la confirmation de la qualité d’une franchise qu’est John Wick qui se démène avec son costume un peu cheap mais qui sait aussi s’habiller avec son amour pour le cinéma de genre et l’envie d’en découdre, faisant d’elle une balade de film d’action au charisme saisissant. Et c’est ce qui manque irrévocablement à Skull Island : une présence, un charisme qui tient en haleine.
C’est d’autant plus dommageable que Kong n’a jamais été aussi imposant tant par sa puissance que par sa taille. Jordan Vogt-Roberts n’a pas fait les choses à moitié et a dessiné les traits d’un King Kong géant et l’iconise comme étant le dieu d’une terre encore inconnue et dont la thématique de la nature comme gisement divin, et du défenseur d’une humanité inoffensive face à des menaces souterraines rappelle celle du Godzilla de Gareth Edwards. Mais tout comme ce dernier, le problème provient des interludes entre les différentes phases de combat bestiaire qui voit le récit avancer à hauteur d’homme. C’est durant ces moments parfois assez longuets et anecdotiques que le film perd en implication empathique, faisant perdre une certaine dramaturgie aux secousses monstrueuses, à l’image du climax final aussi imposant visuellement que vain narrativement. On peut prendre l’exemple de la scène de destruction à Tokyo dans Pacific Rim qui avait su mêler le spectaculaire à l’intime. Malheureusement Skull Island ne regorge d’aucune scène de cette force cinématographique.
Et à force de vouloir édulcorer son univers, remplir des trous d’air avec des personnages qui n’ont rien à dire de nouveau, diminuer la tension primitive de son décorum (au contraire d’un Apocalypse Now ou d’un Predator), Skull Island perd en puissance : le film a beau frapper de partout, mettre des mandales mémorables avec ses bestioles dangereuses, l’implication chez le spectateur est réduite au strict minimum et gâche la moindre parcelle de plaisir. Certes, le film, notamment dans son dernier tiers arrive à prendre par la main grâce au soin enfin apporté à l’atmosphère, à ses moments de bravoures gigantesques et à ses idées de mise en scène, mais cela n’empêche pas de penser que l’on vient de voir un spectacle très vite oubliable.