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Darren Aronofsky (2014) |
8,5/10 Cueilli à froid par un film dont j'attendais peu, j'ai pris un plaisir énorme à découvrir une œuvre dense, ambitieuse et hors des canons habituels.
Si à l'écran, certains défauts peuvent peut-être faire tiquer, notamment quelques CGIs en dedans, la relecture de l'histoire Biblique de l'Arche par le réalisateur américain a de quoi surprendre et cumule pour moi les qualités.
Car le film d'Aronosky tient beaucoup plus au final de la dark fantasy que du péplum Hollywoodien, et surtout il a la très bonne idée de réserver à ses personnages une vraie profondeur dans leur psychologie. Ainsi le mythe du héros vertueux est habilement reconstruite dans une 2e partie de film qu'on n'attendait pas, et l'histoire d'oser finalement ce basculement d'une réflexion passionnante sur de nombreuses thématiques. Ainsi densifié, le scénario ose s'orienter vers une lecture à hauteur d'homme, où les sujets plus universels confrontent donc ceux plus intimes et modernes, et où chaque personnage de trouver au final une place anti-manichéenne et pertinente. Dans cette seconde partie le film d'Aronofsky prend son envol et décuple son ambition tout en restant humble. Avec ses héros (Connelly, Crowe et Winstone qui s'avèrent parfaits au final) on embarque alors dans une toute autre histoire, créant la passerelle entre le mythe et le contemporain, entre le pré et le post apocalypse.
Surprenant et habile, le film d'Aronofsky possède donc pour moi de nombreuses qualités, dont notamment ces très belles notes d'intention. Fond et forme s'accordent parfaitement, les quelques défauts esthétiques s'oublient facilement au profit d'une richesse et une beauté plastiques inspirées. Et la direction du métrage, son unité artistique à dessein et ses différentes interprétations, de faire de ce film pour moi, quelque chose d'étonnamment rare et juste à la fois, d'iconique mais de brillamment anti-spectaculaire.