[Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Mer 29 Nov 2017, 09:23

Ilest vrai que certains changements sonnent moins bien a mon sens mais c'est clairement une teaduction bien plus travaillee et fidele. Mais l'habitude et la nostalgie font que je vais avoir du mal. Apres bon la plupart des noms n'ont pas changės. J'avoue aussi que j'adore les films en vf et du coup je suis trop habitue a la premiere trad. Sylvebarbe je trouve bien plus poetique et symbolique que barbebois qui lui respecte bien le nom d'origine treebeard. Mais il faut reconnaitre les traductions francaises sont parfois mieux ou en tout cas plus poetique que les versions originales. Du couo que doit on privilegier ?
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Mark Chopper » Mer 29 Nov 2017, 09:41

Sylvebarbe je trouve bien plus poetique et symbolique que barbebois qui lui respecte bien le nom d'origine treebeard.


En sachant que Sylvebarbe respecte également le nom d'origine treebeard, la nouvelle traduction est un peu bidon/inutile. Effectivement, on perd le côté poétique. C'est un peu une traduction pour les nuls en fait :chut:

"L'élégance un peu surannée" dont parle un article que tu as posté, je trouve qu'elle donne un charme au roman... Bon, après, j'en connais qui ont abandonné la lecture parce qu'ils trouvaient le style lourdaud.

Je suis favorable à de nouvelles traductions dans bien des cas : les traductions françaises d'une certaine époque ont horriblement vieilli (avec des abus de passé simple, d'adverbes sortis de nulle part... bref, un style très lourd). Mais le style de Ledoux, je le trouve toujours plaisant : ses traductions de Dickens, par exemple, je ne verrai pas l'intérêt de les réviser.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Mer 29 Nov 2017, 10:26

Je ne l'ai pas lu mais pour certains noms la nouvelle trad est plus logique. De plus elle a ete faite avec les notes laissees par tolkien lui meme concernant la trad fr. Je ne pense pas que ce soit une trad bidon Pas exceptionnelle ou utile ok.

Mais parfois les trads ne rendent pas vraiment bien. On perd parfois l'essence , le style et le ton. Cf : game of thrones en anglais cest ecrit simplementalors qu'en fr c'est complexe et ca a ete souvent critique. Le but je pense c'est de se rapprocher de l'oeuvre originale tant pis si on perd en poesie qui de toute facon nest pas dans loeuvre originale....
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar lvri » Mer 29 Nov 2017, 10:31

En fait, ne vaut-il pas mieux lire l'oeuvre dans sa version originale ? Une traduction ne pourra jamais reproduire exactement une version originale j'imagine.
(Bon après, je ne sais pas à quel point c'est compliqué de lire LOTR en VO).
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Mark Chopper » Mer 29 Nov 2017, 11:02

En fait, ne vaut-il pas mieux lire l'oeuvre dans sa version originale ?


Si, mais on ne peut pas connaître toutes les langues parfaitement :mrgreen:

Je suis bien content de vivre dans un pays où on traduit en grande quantité.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar lvri » Mer 29 Nov 2017, 11:14

C'est sur qu'on ne peut pas connaître toutes les langues :mrgreen:

Disons que lorsqu'on a une base plutôt solide en anglais, j'imagine qu'il vaut mieux privilégier la version originale. Mais dans certains cas, ça reste quand même compliqué, et je ne sais pas si LOTR est "facile" à lire en VO.

Sinon oui, on peut se réjouir niveau traduction en France, c'est clair.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Alegas » Mer 29 Nov 2017, 12:12

Hannibal a écrit:bon ben je garde mes vieux livres :eheh:


La même. :eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Mer 29 Nov 2017, 12:30

Je vois vraiment pas ce qu'il y a de si drole.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Hannibal » Mer 29 Nov 2017, 14:06

C'est parce que tu vois la vie du mauvais côté, nous on est optimiste :love:
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Mer 29 Nov 2017, 14:13

Bah c'est surtout que les nouveaux noms sont pas plus ridicules. D'ailleurs ils veulent dire plus ou moins la meme chose et si on avait eu la derniere trad en premier puis celle de Ledoux en nouvelle trad vous auriez dit la meme chose....
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Hannibal » Mer 29 Nov 2017, 14:19

tu as tout à fait raison, le problème c'est que moi j'ai découvert le livre comme ça, le jeu de rôle papier comme ça, il y a 30 ans et c'est impossible pour moi de parler de Bessac, de Barbebois et autre...
Donc je garde mes vieux livres et je rigole 8) mais ça n'enlève rien au boulot de fait que je respecte mais auquel je ne pourrais pas m'habituer.
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Mer 29 Nov 2017, 19:59

Avis d'un lecteur passionné :

Voilà, j'ai un peu plus de temps pour donner mon avis.

Tout d'abord, en termes de qualité de français, le nouveau texte est bien plus fluide et agréable à lire. Plus moderne et léger.

Ce que j'apprécie particulièrement, c'est que Lauzon a réussi le tour de force de rendre aux personnages leur niveau de langage. En anglais, les hobbits ne s'expriment pas comme les Seigneurs du Gondor. Aragorn est capable de changer de ton selon s'il est plutôt rôdeur ou héritier de roi, etc. Malgré ses efforts, Ledoux n'avait pas réussi à le faire avec autant de constance.

Ledoux est un excellent traducteur, certes, mais quand il a traduit le Seigneur des Anneaux, il n'a eu que très peu de temps et il n'a pas pu policher sont travail autant que nécessaire. Ceci parce que l'éditeur n'y croyait pas. A cette époque, on ne croyait pas que le Seigneur des Anneaux puisse intéresser les francophones. Il y a carrément des paragraphes qui manquent !

Ces dernières années (depuis la sortie des films en fait), il y a eu un regain d'intérêt pour les études académiques sur Tolkien et son oeuvre. Comme si les fans du livre avaient eu besoin de dire : "Mais non, Tolkien c'est bien plus que ce Peter Jackson nous en montre !" Et du coup, cette nouvelle traduction profite de l'immense bon en avant du monde académique tolkiennien de ces dernières années. Les appendices sont un régal, les noms des lieux et des personnages n'ont pas été changés pour le trip, mais parce qu'ils correspondaient vraiment à quelque chose d'important. Ils profitent des avancées dans la connaissances des langues inventées par Tolkien, des connaissances des champs d'étude de Tolkien, de sa vie, des différentes versions des mêmes textes, etc.

Alors oui, quand j'ai commencé à lire j'ai été littéralement déboussolé. Je ne savais plus où j'étais, même en Comté ! Je devais revenir aux cartes et essayer de me repérer, chose que je n'avais plus faite depuis une quinzaine d'années. Et j'ai adoré ça.

J'ai retrouvé un sentiment que je n'avais plus connu depuis la sortie des films. Le sentiment de découverte de mes premières lectures à 12 ans (j'en suis à 18 lectures). Et mieux encore ! Avec ces changements de nom "Bessac, l'Arpenteur, Barbebois, Fendeval, Le Comté, etc." mon imaginaire a pu se détacher de l'imaginaire des films. Pas que les films soient mauvais au contraire, mais j'ai pu retrouver mon imaginaire d'avant. ça m'a laissé la place pour approfondir mon imagination, et c'est ce que je recherche en lisant le Seigneur des Anneaux autant de fois.

C'est déroutant, mais j'aime être dérouté. Je discutais avec Vincent Ferré il y a quelques semaines lors d'une conférence en Suisse. Il est actuellement LA référence académique de Tolkien en France. Il a participé à la nouvelle traduction. Il disait que cette traduction pouvait rebuter les anciens lecteurs, mais que c'était une traduction pour les nouveaux. Et c'est vrai que je recommanderais à un nouveau lecteur qui n'y connait rien de lire les nouvelles traductions et qu'il aura un plaisir immense. Mais je ne suis pas d'accord avec lui tout à fait. Il a négligé l'impact positif que ce déboussolement pouvait apporter aux anciens lecteurs. Redécouvrir les Terres du Milieu, c'est un bonheur que je souhaite à tout le monde !



Un autre avis :

Je viens de lire la moitié du premier tome et à vrai dire je ne comprend pas ce qu'apporte la nouvelle traduction des noms propres. Franchement c'est inutile. Brandibouc à la place de Brandebouc ? Brandivin à la place de Brandevin ? Remplacer un e par un i... C'est désolant et, je le répète, inutile.

Lauzon aurait pu se contenter (le terme est inadéquat vue la somme de travail que cela doit demander) de procéder à une nouvelle traduction plus fluide, plus moderne, avec les paragraphes manquants etc etc sans gâcher le tout avec cette absurde entreprise de débaptiser la moitié des noms propres de Ledoux.



Réponse :

Tolkien était avant tout un linguistique. Il a écrit entre autres un petit livre à l'intention des traducteurs sur la manière de faire, en particulier pour les noms propres. Ledoux, même au c'est sa version que j'ai le plus lu, que j'y suis très attaché et que c'est sa version qui est la base des VF des films, n'a malheureusement pas suivi les indications de Tolkien.

Quand Lauzon a retraduit pour proposer sa version, il est allé jusqu'au bout et cela impliquait de toucher aux noms propres. Mais il n'a pas fait ça tout seul dans son coin. Il s'est entouré des meilleurs spécialistes du moment, et surtout, en utilisant des forums comme celui de Tolkiendil par exemple, il a pris en considération les avis des lecteurs les plus acharnés. Chaque nom a fait l'objet d'un grand débat avant même que le travail de traduction du récit ne commence.

Et du moment qui change un nom parce-qu'il est faux en français, autant aller jusqu'au bout et tout corriger en suivant les règles linguistiques comme Tolkien l'aurait fait. Ça a du être un crève cœur de renoncer à Grand-Pas ou d'autres noms familiers. Mais ce n'était en aucun cas pour faire le buzz !


Ta remarque s'applique parfaitement à n'importe quelle oeuvre littéraire. Tout à fait d'accord : franciser les noms propres est souvent idiot.

Mais le Seigneur des Anneaux n'est pas n'importe quelle oeuvre littéraire ! Elle n'a pas été écrite par un romancier mais par un linguiste. Il n'a pas inventé une trame narrative et ensuite un univers pour l'insérer; il a d'abord inventé des langues, puis un univers pour les y faire vivre et évoluer, puis à un moment donné, le Seigneur des Anneaux en a émergé.

Dans son univers, on ne parle pas anglais, on parle le langage commun (et d'autres langues). Il se positionne lui-même comme un traducteur d'un texte venu à lui dans une autre langue. Et lui-même a traduit en anglais les noms propres, et incite les autres traducteurs à faire de même (en respectant un paquet de règles, chose que Lauzon s'est efforcé de faire jusqu'au bout.

Pour le citer lui-même (dans la nouvelle traduction) :


Le choix de traduire ces noms appelle sans doute quelques explications. Conserver tous les noms sous leur forme originelle aurait, m’a-t-il semblé, eu pour effet de masquer une caractéristique essentielle de l’époque du point de vue des Hobbits (point de vue que j’ai cherché le plus souvent à conserver) : le contraste entre une langue très répandue, pour eux aussi ordinaire et habituelle que l’anglais peut l’être pour nous, et les vestiges encore présents de langues beaucoup plus anciennes et plus vénérables. Si je m’étais contenté de transcrire tous les noms, ils auraient semblé tout aussi obscurs aux yeux des lecteurs modernes – si, par exemple, le nom elfique Imladris et son équivalent occidentalien Karningul avaient tous deux été laissés tels quels. Mais parler d’Imladris au lieu de Fendeval reviendrait à dire Camelot au lieu de Winchester, à ceci près que, dans le premier des cas, l’identité des lieux était connue avec certitude, en dépit du fait qu’il y avait encore à Fendeval un seigneur de grand renom, bien plus vieux que ne le serait Arthur s’il régnait encore à Winchester de nos jours.
Le nom du Comté (Sûza), de même que tous les autres toponymes hobbits, ont donc été anglicisés. Cela s’est fait sans trop de difficulté, car leurs noms étaient souvent composés d’éléments analogues à ceux que l’on trouve dans nos toponymes les plus simples : soit des mots encore d’usage courant comme « colline » ou « champ », soit des formes un peu altérées comme, en anglais, ton au lieu de town. Mais, comme on l’a déjà dit, d’autres étaient issus d’anciens mots hobbits désormais passés d’usage, lesquels sont représentés par des éléments équivalents dans notre langue (bourde pour « habitation », court pour « ferme », etc.).
Cependant, les noms de personnes, tant des Hobbits du Comté que de Brie, étaient inhabituels pour l’époque, notamment la coutume qui s’était développée, quelques siècles auparavant, des noms patronymiques hérités de génération en génération. Ces noms de famille avaient pour la plupart une signification claire (dans la langue courante, étant dérivés de surnoms plaisants, de noms de lieux ou – à Brie en particulier – de noms de plantes ou d’arbres). Traduire ces noms ne présentait guère de difficulté ; mais il restait un ou deux noms plus anciens dont la signification s’est perdue, et je me suis contenté d’adapter leur orthographe : Touc pour Tûk et Boffine pour Bophîn, par exemple.
Autant que faire se peut, j’ai suivi pour les prénoms des Hobbits une démarche semblable. Les Hobbits donnaient communément à leurs filles des noms de fleurs ou de pierres précieuses. À leurs garçons, ils donnaient le plus souvent des noms sans signification dans le langage courant ; et certains noms de femme étaient de cette espèce. Citons, à titre d’exemple, Bilbo, Bungo, Polo, Lotho, Tanta, ou encore Nina. On trouve d’inévitables ressemblances avec plusieurs noms encore portés ou connus aujourd’hui : Otho, Odo, Drogo, Dora, Cora, et ainsi de suite. J’ai conservé ces noms, que j’ai simplement adaptés en modifiant la finale ; car dans les noms hobbits, a était une finale masculine, tandis que les finales en o et en e étaient féminines.
Cependant, dans certaines familles anciennes, en particulier celles d’origine peaublême comme les Touc et les Bolgeurre, on avait coutume de donner des prénoms grandiloquents. La plupart étaient vraisemblablement tirés de légendes du passé, autant des Hommes que des Hobbits ; et si bon nombre d’entre eux ne signifiaient plus rien pour les Hobbits, ils ressemblaient néanmoins aux noms des Hommes de la Vallée de l’Anduin, du Val ou de la Marche. Aussi les ai-je rendus par ces vieux noms, principalement d’origine franque et gothique, que l’on trouve encore chez nous ou qui figurent dans nos livres d’histoire. Ainsi, j’ai pu au moins préserver le contraste souvent amusant entre prénoms et noms de famille, dont les Hobbits eux-mêmes étaient bien conscients. Très peu de noms sont issus des langues classiques, car les plus proches équivalents du latin et du grec, dans la tradition du Comté, étaient les langues elfiques, qui figuraient rarement dans la nomenclature hobbite. Les Hobbits ne furent jamais nombreux à connaître les « langues des rois », comme ils les appelaient.
Les noms des Boucerons différaient de ceux du reste du Comté. Les gens de la Marêche et leurs parents ayant traversé le Brandivin se distinguaient de plusieurs manières, comme on l’a raconté. Nul doute que c’est de l’ancienne langue des Fortauds du Sud qu’ils tenaient bon nombre de leurs noms excessivement étranges. J’ai choisi le plus souvent de les conserver tels quels, car s’ils semblent bizarres aujourd’hui, ils l’étaient tout autant à l’époque. Ils avaient une consonance que l’on pourrait vaguement qualifier de « celtique ».
Ainsi, les traces résiduelles de l’ancienne langue des Fortauds et des Hommes de Brie rappelant la survivance d’éléments celtiques en Angleterre, j’ai parfois cherché à reproduire ces derniers dans ma traduction. Brie, Combe, Archètes et le Bois de Chètes s’inspirent donc de ces reliques de la nomenclature anglaise, choisies en fonction du sens : brie signifie « colline » et chètes signifie « bois ». Quant aux prénoms, un seul a été modifié de cette manière. J’ai choisi Meriadoc parce que le diminutif de ce personnage, Kali, signifiait « jovial, gai », mais il s’agissait en réalité d’une abréviation de Kalimac, un nom du Pays-de-Bouc désormais sans signification9.
Je ne me suis servi, dans mes transpositions, d’aucun nom d’origine hébraïque ou de semblable provenance. Il n’est rien dans les noms hobbits qui corresponde à cette composante de nos noms. Les diminutifs tels que Sam, Tom, Tim, Mat, sont des abréviations courantes de noms hobbits tout à fait originaux comme Tomba, Tolma, Matta et autres. Mais Sam et son père Ham se nommaient en réalité Ban et Ran. C’étaient là les diminutifs de Banazîr et Ranugad qui, à l’origine, étaient des surnoms, lesquels signifiaient respectivement « mi-dégourdi, benêt » et « casanier » ; mais, ces mots n’étant plus d’usage courant, ils étaient restés comme prénoms traditionnels dans certaines familles. J’ai donc tenté de conserver ces qualités en proposant Samsaget [aSamwise] et Hamfast, formes modernisées de l’ancien anglais samwís et hámfæst, de sens très voisin.
Parvenu aussi loin dans mes efforts pour moderniser la langue et les noms des Hobbits et leur donner un air de familiarité, j’ai été entraîné dans une nouvelle démarche. Les langues des Hommes apparentées à l’occidentalien devaient, à mon sens, être rendues par des formes apparentées à l’anglais. J’ai donc transposé la langue du Rohan pour la rapprocher de l’ancien anglais, étant donné sa parenté (relativement lointaine) avec le parler commun, son rapport (très proche) avec l’ancienne langue des Hobbits du Nord, et son caractère archaïque par comparaison à l’occidentalien. Dans le Livre Rouge, il est maintes fois rapporté que les Hobbits, au contact de la langue du Rohan, reconnaissaient de nombreux mots, et voyaient là une langue assez proche de la leur ; ainsi, il paraissait absurde de laisser sous une forme tout à fait étrangère les noms et les mots des Rohirrim préservés dans les chroniques.
J’ai choisi de moderniser la forme et la graphie des toponymes du Rohan dans un certain nombre de cas, comme pour Dunhart ; mais ce choix n’est pas systématique, car j’ai suivi l’exemple des Hobbits. Ils modifiaient les noms qu’ils entendaient de la même manière, lorsque ces noms étaient composés d’éléments qu’ils reconnaissaient, ou ressemblaient à des toponymes du Comté ; mais il en est d’autres auxquels ils ne touchaient pas, et j’ai fait la même chose, comme pour Edoras « les clos ». Pour les mêmes raisons, quelques noms de personnes ont été modernisés, dont celui de Langue de Serpent10.
Cette assimilation permet aussi de représenter les vocables régionaux spécifiques aux Hobbits, originaires des parlers du Nord. Je leur ai donné des formes qu’auraient pu prendre, s’ils avaient survécu jusqu’à nos jours, des mots désuets de la langue anglaise. Ainsi, mathom est à l’ancien anglais máthm ce que le véritable mot hobbit kast est au kastu de la langue du Rohan. De même, smial (ou smile, prononcé à l’anglaise) « terrier » est un descendant plausible de l’ancien mot smygel, ce qui représente bien la relation qui existait entre le mot hobbit trân et celui du Rohan trahan. Sméagol et Déagol sont des équivalents inventés selon le même principe pour les noms Trahald « chose qui fouit, se faufile » et Nahald « secret » des langues du Nord.
[...]
NOTE PORTANT SUR TROIS NOMS : HOBBIT, GAMGIE ET BRANDIVIN
Hobbit est un mot inventé. En occidentalien, les rares fois où l’on faisait allusion à ces gens, le mot était banakil « demi-homme ». Mais au temps du récit, les gens du Comté et de Brie se servaient du mot kuduk, qui ne se disait nulle part ailleurs. Or, selon ce que rapporte Meriadoc, le Roi du Rohan employait le terme kûd-dûkan « habitant de trous ». Étant donné que les Hobbits, comme on l’a vu, parlaient par le passé une langue fort apparentée à celle des Rohirrim, il semble probable que kuduk ait été une déformation de kûd-dûkan. Pour les raisons précédemment mentionnées, j’ai choisi de rendre ce dernier terme par holbytla ; et hobbit pourrait très bien passer pour une déformation de holbytla, si ce nom avait existé autrefois dans notre langue.

Gamgie. Selon la tradition familiale exposée dans le Livre Rouge, le nom de famille Galbasi ou, par réduction, Galpsi, était issu du village de Galabas, nom généralement compris comme un composé de galab- « gibier » et de l’élément archaïque bas-, plus ou moins équivalent à l’anglais wick, wich. Gamwich (prononcé Gammidge), semblait donc un bon équivalent. Mais en réduisant Gammidgy à Gamgie [aGamgee] pour représenter Galpsi, je ne faisais aucunement allusion aux relations qu’entretenait Samsaget avec la famille Casebonne [aCotton], encore que l’esprit hobbit n’eût pas dédaigné semblable plaisanterie, au contraire, si le calembour s’était présenté dans leur langue12.
[aCotton], en fait, représente Hlothran, un nom de village plutôt répandu dans le Comté, composé de hloth, « trou ou habitation de deux pièces », et ran(u), qui désigne un petit groupe de ces habitations juché à flanc de colline. Comme nom de famille, il s’agit peut-être d’une déformation de hlothram(a) « habitant d’une maison de campagne ». Hlothram, rendu par Casenier, était le nom du grand-père du fermier Casebonne.

Brandivin. Les noms hobbits de ce cours d’eau étaient des déformations de l’elfique Baranduin (accent tonique sur le and ), dérivé de baran « brun doré » et duin « (grande) rivière ». Brandivin pour Baranduin semble de nos jours une déformation assez plausible. En réalité, l’ancien nom hobbit était Branda-nîn, « eau frontalière », dont une traduction plus fidèle eût été Bournemarche ; mais par suite d’une plaisanterie qui finit par passer dans l’usage, là encore par allusion à sa couleur, le nom du fleuve était devenu, à l’époque qui nous concerne, Bralda-hîm « bière capiteuse ».
Il faut toutefois remarquer que, lorsque les Vieilbouc (Zaragamba) prirent le nom de Brandibouc (Brandagamba), le premier élément signifiait « pays frontalier » : Marchebouc eût donc été plus exact. Seul un hobbit des plus hardis aurait osé affubler le Maître du Pays-de-Bouc du nom de Braldagamba en sa présence.

Notes :
6.
Dans la présente traduction, c’est le français moderne qui joue ce rôle ; les observations de l’auteur, dans la présente section, s’appliquent néanmoins à l’anglais. Pour la bonne compréhension du discours, certains noms de l’anglais d’origine sont ici donnés entre crochets et précédés de la lettre a. (N.d.T.)
7.
En quelques endroits, on a voulu marquer ces distinctions par l’emploi non systématique du pronom thou. Peu fréquent de nos jours et indéniablement archaïque, ce pronom indique le plus souvent un style cérémonieux ; mais un changement de pronoms, de you à thou (ou thee), entend parfois montrer, à défaut d’autre moyen, une modification significative des termes d’adresse : l’abandon de la forme respectueuse (soit, entre adultes, la forme attendue) au profit de la forme familière. [La traduction française respecte ces principes (thou devient systématiquement tu). Toutefois, la distinction entre tutoiement et voussoiement (absente en anglais moderne) étant encore bien vivante en français, il a fallu, de manière plus générale, choisir entre les deux formes afin d’exprimer différents rapports (familiarité, autorité, égalité, connivence, etc.). (N.d.T.)]
8.
Le nom français traduit plus directement le nom elfique ; l’anglais Mirkwood signifie plus ou moins « bois sombre ». (N.d.T.)
9.
Le diminutif de Meriadoc, Merry, signifie en anglais « joyeux ». (N.d.T.)
10.
Cette démarche linguistique ne suppose pas que les Rohirrim aient été spécialement proches des anciens Anglo-Saxons à d’autres égards, que ce soit par la culture ou l’art, les armes ou les méthodes de guerre, sinon d’une manière très générale attribuable aux circonstances de leur milieu : celles d’un peuple plus primitif à l’existence relativement simple, vivant au contact d’une culture plus noble et plus vénérable sur des terres jadis comprises dans son domaine.
11.
[Cette description des caractéristiques du visage et des cheveux ne s’applique en fait qu’aux Noldor : voir Le Livre des Contes Perdus, p. 59.]
12.
En anglais, gamgee est un mot de la langue familière pour désigner un tampon d’ouate, d’où le rapprochement avec le nom Cotton, qui rappelle la matière textile. (N.d.T.)

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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Val » Mer 29 Nov 2017, 20:55

Après, c'est aussi un truc très contemporain de considérer que toutes les traductions un peu anciennes sont forcément à jeter avec toujours cet argument "ouais, mais dans la VO, c'est plus comme ci ou comme ça".

Sauf que plus que de traduction, il faudrait parler d'adaptation. Par exemple, on reproche parfois aux anciennes traductions de Dostoïevski d'être trop "travaillées" alors que le texte original serait écrit dans une langue plus "simple" (je ne parle pas russe, donc je me base sur ce que j'avais lu). D'accord, mais une adaptation est aussi le reflet de de son époque. Il ne s'agit pas forcément de donner l'équivalent exact en français du texte original mais bien d'en restituer le sens, le rythme et la construction. En l'occurence, en France, au XIXè siècle, on parlait avec une langue très travaillée. Il n'y a donc aucune raison pour que les traductions des oeuvres de l'époque n'aient pas ce niveau de langue.

Et il ne faut pas croire qu'un texte plus proche de la VO serait forcément plus respectueux. C'est par exemple ce qui arrive avec l'excellente adaptation du premier Star Wars par Eric Kahane qui est souvent moquée par les fans alors qu'elle est excellente. En grand traducteur qu'il était et fin connaisseur de la langue, il a au contraire fournit un travail très respectueux du film en ne le traitant pas avec condescendance mais au contraire avec intelligence, comprenant les liens du film de Lucas avec l'héroïc fantasy et donc avec tout ce qui touche au médiéval. D'où l'usage de termes soulignant ces liens (le fameux "malandrins") ou encore une traduction de la nomenclature qui n'a rien de honteuse (Z-6PO permettant de retrouver quasiment la même prononciation qu'en VO sans qu'il y ait de problème de sens). C'est finalement un travail beaucoup plus sérieux et respectueux qu'une adaptation qui se contenterait de faire une traduction bête et méchante.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Mer 29 Nov 2017, 21:03

Le terme maladrin dans de la sf je veux bien encore faut-il que dans l'original il y ait ce terme ou équivalent car si le délire médiéval n'est pas dans la VO, pourquoi le mettre dans la VF ?

Pourquoi faire parler un mec comme un bouseux (ex au pif : le mec qui parle est un paysan) alors que dans la version originale il parle normalement (on pourrait même voir ça comme un choix douteux, raciste etc...) ? Traduire c'est juste mettre un livre dans une autre langue si possible en gardant l'esprit de l'oeuvre et le style, or certaines traductions ne gardent pas le style et soit se permettent de le simplifier soit au contraire le rendre plus complexe. :shock: Je ne comprends pas. Autant je capte le fait que les langues ont des différences qui font qu'on doit "s'adapter" autant je capte plus quand les traducteurs donnent l'impression de réécrire un livre. :mrgreen:

Surtout que concernant le SDA ça fait 10 fois que je le dis mais Tolkien était un philologue passionné et il avait laissé un petit bouquin pour la trad FR. Le mec savait de quoi il parlait et ce qu'il voulait ; pour la nouvelle trad les mecs ont pris ses notes en considération + boulot de 10 ans et collectif puisque certes Lauzon est le traducteur mais il a été aidé par Vincent Ferré et la communauté Tolkiendil. C'est pas une trad au pif quoi.
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Re: [Auteur] JRR Tolkien et ses oeuvres

Messagepar Waylander » Ven 13 Avr 2018, 17:58

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