Koroshi no Rakuin (La Marque du tueur) de Seijun Suzuki
(1967)
Première incursion personnelle dans le cinéma de Seijun Suzuki, et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est assez particulier
. Sur le papier, ça paraît être un film de tueur parmi tant d'autres, mais bon j'avais lu auparavant pas mal de choses sur le métrage, et notamment son caractère assez expérimental, donc je m'attendais à quelque chose de spécial et pour le coup j'ai été bien servi. C'est l'exemple typique du film qui, sur la base d'un script très simple, va tout chambouler d'un point de vue formel. Ici, tout est matière à expérimentations, que ce soit sur la mise en forme visuelle pure ou sur le montage, et la moindre scène classique (une fusillade, un assassinat, une scène de sexe, etc...) va être proposée de façon carrément inédite. Tout ne marche pas forcément, et certains choix formels paraissent totalement gratuits, mais à coté de ça c'est d'une générosité totale pour le moindre cinéphile qui a envie de voir du neuf dans un genre codifié, et c'est souvent très recherché d'un point de vue graphique.
Forcément, l'originalité formelle va se faire au dépend de l'histoire à raconter, et de ce côté là le film est vraiment inégal : parfois c'est d'une limpidité totale, mais souvent le montage est tellement elliptique (aucune notion temporelle ou géographique) qu'on se demande réellement ce que ça tente de raconter, et il suffit de relâcher sa garde deux minutes pour qu'on soit totalement à l'ouest côté narration. A cela s'ajoute des détails scénaristiques qui rendent le film encore plus étrange qu'il ne l'est, notamment tout ce qui touche au personnage principal, tueur dont la vitalité sexuelle est liée à l'odeur des grains de riz en train de bouillir
. Du coup, j'ai un peu suivi le film d'un œil pas toujours réellement captivé, mais le récit possède assez de séquences réellement marquantes (les scènes de sexe, la fusillade au bord de mer
, la séquence des papillons, l'assassinat par la tuyauterie
) pour remporter mon adhésion. Toujours est-il que c'est un film que je ne recommanderais pas à tout le monde, c'est typiquement le genre de bobine où il faut être préparé à l'expérience.
6/10