Après avoir relu
mon ancienne critique, mon avis a t-il évolué ou bien la version longue apporte un véritable plus ? Sûrement un mélange des deux, du coup, je me suis senti obligé de ressortir le clavier pour poser mon nouveau ressenti. Pour commencer, les enjeux m'ont semblé plus équilibrés, d'une simplicité redoutable et plutôt bien esquissés (seule la sous-intrigue avec le père de Thorin me paraît superflue) concentrés pour la plupart au tout début du métrage (l'ombre du dragon plane toujours malgré sa disparition et nous fait assister à un passionnant combat shakespearien de Thorin contre lui-même, luttant entre son obsession pour l'or et le pouvoir - l'apanage de sa lignée - et tout le reste, à savoir l'amitié, l'honneur, bref son identité profonde de Thorin Écu-de-chêne, et d'autre part le rôle géopolitique que joue la ville des nains permet d'ajouter une tension certaine entre les forces en présence). Ainsi, PJ fait vraiment honneur au personnage du chef des nains et confirme qu'il a fait le bon choix de centrer davantage son histoire sur lui que sur Bilbo. Et après ce petit prélude déjà bien sympathique en soi, voilà qu'on nous balance l'un des plus gros morceaux d'action du genre auquel j'ai pu assister depuis rien moins que
Le retour du roi.
En effet, après le plaisir d'assister à un bref mais intense combat contre le dragon (tous ceux qui n'ont pas lu le bouquin ont dû halluciner tant il semblait annoncer l'un des plus gros climax à venir alors qu'il en est que l'entrée), à un combat contre les neuf, puis à un rapport de force étonnamment relevé entre hommes, elfes, et nains, on assiste tout simplement à l'une des batailles les plus jouissives vues sur grand écran. Même les galipettes de Legolas, aussi souple qu'invincible, ne m'ont pas fait rouler autant les yeux cette fois-ci, tant tout est fait pour nous proposer un spectacle de tous les instants, un divertissement d'action de la démesure, dont la forme se renouvelle toutes les cinq minutes, déployant tactiques et machineries, souvent vicieuses, de toutes sortes et sous tous les angles possibles, le tout enrobé d'une violence palpable (grâce à la version longue, on retrouve enfin le réalisateur de
Braindead, je pense particulièrement à ce chariot conduit par des béliers qui déglingue de l'orc à la manière de
Ben-Hur en emportant membres et têtes sur son passage).
Ainsi, ce dernier opus de la trilogie du
Hobbit nous offre un dernier baroud d'honneur, déployant toutes ses dernières cartouches avec un plaisir communicable, à condition bien sûr qu'on accepte, encore une fois, la simplicité de ses intentions (sans exclure forcément la profondeur, comme je l'ai souligné plus haut). En tous cas pour ma part, si on prend ce film de la sorte, le tout s'enchaîne vraiment bien et à un rythme difficilement critiquable. Même Alfrid qui joue le
sidekick comique de service participe de cette générosité bouleversante tellement il se cantonne dans le rôle du lâche opportuniste qui fera tout pour échapper à ses responsabilités. Je serais un poil moins enthousiaste avec l'émotion censée se dégager durant les séquences dramatiques, du moins par rapport au
Retour du Roi, mais c'est quand même quelque chose (je pense bien sûr à ce qui tourne autour de la fin de la lignée de Thorin), surtout qu'au vu du matériau original qui lorgnait vers le conte pour enfants, ça tient du miracle. Bref, une trilogie, certes moins prestigieuse que celle du
Seigneur des anneaux, et parfois un peu redondante d'un point de vue narratif (on parle bien sûr des arcs avec le nécromancien, même s'ils se parent d'une esthétique baroque souvent très réussie) mais qui fait finalement bien le job, et que j'accepte volontiers dans cette grande famille de la Terre du milieu.