Destricted - Matthew Barney, Marina Abramovic, Richard Prince, Larry Clark, Marco Brambilla, Sam Taylor-Wood & Gaspar Noé (2006)
Voilà une idée qui était intéressante sur le papier : demander a 7 réalisateurs venus d'horizons divers de livrer leur vision de la pornographie a travers une anthologie de courts métrages sur lesquels ils ont le champ libre. Là dessus le contrat est respecté, on a autant de la pure fiction, du semi-documentaire et surtout des délires formels bien chelous, mais c'est bien oublier la dimension pseudo-arty du projet qui tombe les pieds joints dans l'absurde et le caricatural, quand c'est pas juste du foutage de gueule. Dès le premier plan du premier court, j'ai compris que j'allais pas être au bout de mes souffrances avec cet interminable plan fixe d'un pénis dégueu qui débande en temps réel, suivi du même gars qui s'en va frotter son sexe longuement contre un tour de potier dans une atmosphère psuedo-futuriste, passionnant. Mais là, c'est encore rien comparé a House Call, ex-aequo avec Death Valley pour la Palme du court le plus feignant, le mec il a juste pris une scène d'un vieux porno des 70's, trifouillé légèrement l'image pour la rendre encore plus sale et mis une musique angoissante, typiquement le genre de conneries warholiennes que je peux pas encadrer, sinon Death Valley c'est un long plan fixe d'un type qui se pignole dans le désert pendant 5 minutes.
Je passerais outre celui d'Abramovic, pour rester sur les seuls trucs a "sauver", premièrement le Larry Clark qui certes s'est pas trop cassé la tête en reprenant le concept des auditions de Pierre Woodman mais en essayant de se donner une vocation plus documentaire, puisqu'il convie des anonymes qu'il va interviewer a tour de rôle afin de parler de leur rapport a la pornographie (certains propos sont quand même assez flippants), avant que ces anonymes eux-mêmes jouent les intervieweurs face a des pornstars qu'ils se taperont sous l'oeil de la caméra impudique de Clark. L'idée est pas mauvaise en soi, puisqu'elle révèle une certaine frustration sexuelle de notre époque, mais derrière, je ne peux m’empêcher de trouver le réalisateur assez dérangeant quand il sort a un type de 21 ans
"t'as une belle bite", on a tout de suite envie de sortir de la pièce.
Le Gaspar Noé, là on est également dans du court sans prises de risques pour lui : c'est certes le plus travaillé sur le plan de la cinégenie, mais il ne fait que reprendre ses acquis avec une caméra virevoletante, des stroboscopes et une musique bourdonnante. Efficace et glauque a souhait, il fait figure de bon élève comparé a ce qu'on a vu.
Finalement, le plus réussi est paradoxalement le plus court et est réalisé par le plus étonnant nom de cette anthologie, Sync de Marco Brambilla (
Demolition Man les gars), qui est un collage d'environ une minute de milliers de plans issus de divers pornos et qui enchainés a une vitesse ahurissante donne l'impression de voir un acte sexuel reconstruit, là pour le coup, le taf est impressionnant et vraiment interessant sur le plan pictural, si vous tombez dessus sur le net, je le conseille fortement.
2/10