par Val » Lun 09 Oct 2017, 17:51
Bah ouais, c'est cool Wonder Woman.
Blade Runner 2049 : 7/10
Je sors de la séance avec un avis globalement positif devant ce film soigné et qui essaie de prolonger les thématiques de son prédécesseur sans essayer de (trop) le singer. On ne peut pas enlever à Denis Villeneuve le fait qu'il est un vrai cinéaste, trop souvent impersonnel (c'est encore le cas ici, je crois), mais un vrai cinéaste tout de même, c'est à dire un mec qui est capable de s'exprimer par l'image. Épaulé par le grand Roger Deakins, il livre un film qui fait plaisir à voir et qui s'inscrit dans les trop rares tentatives de proposer un blockbuster "pour adultes".
Toutefois, le film n'est pas exempt de défauts. Soigné et appliqué, il n'a clairement pas le charme et le pouvoir de fascination du film de Scott. Cela est particulièrement frappant sur la production design, impersonnelle et sans âme et qui, pour le coup, ne parvient pas à réincarner ce qui marchait dans le film de 1982. Les nouvelles thématiques du film sont très intéressantes et s'inscrivent dans la logique de l'original mais la trop longue durée du film a pour effet, je trouve, de "noyer" tous ces éléments dans une enquête qui prend bien trop son temps. Et malgré les 2h40 des éléments essentiels, comme Jared Leto, sont bien trop rapidement esquissés alors qu'il aurait fallu les développer.
Il me semble aussi que le film original fonctionnait, à l'instar d'Alien, grâce à un univers qui était plus suggéré que montré (cf. le monologue final de Hauer), où l'on imagine comment fonctionne la société de 2019 avec ses structures sociales, ses colonies, sans jamais le montrer ou l'expliciter. Scott se contente de son enquête et le reste reste hors-champs. Or, ici, précisément, il n'y a jamais de hors-champs. Tout est montré et souligné quitte à désincarner parfois cet univers.
Sans doute le film souffre de s'appeler Blade Runner. L'opportunité d'une suite ne s'imposait clairement pas et, à la vue de ce film, on peut rester perplexe. La base de ce scénario retravaillé de sorte à s'affranchir de Blade Runner en virant Harrison Ford et on aurait peut-être pu avoir un film de SF se déroulant dans son propre univers, adulte et ouvrant des perspectives stimulantes. Mais il faut croire qu'il faut désormais se raccrocher à une marque, quitte à improviser des franchises improbables, pour obtenir le budget permettant de livrer un blockbuster qui ne vise pas uniquement les ados.
Ainsi donc Blade Runner 2049 n'est sans doute pas une suite à la hauteur de l'original. Mais il ne faudrait pas pour autant le bouder car il demeure un film globalement réussi et intéressant. Je me disais pendant la séance que son destin serait peut-être celui du 2010 de Peter Hyams, désormais complètement oublié dans l'ombre du 2001 de Kubrick mais qui reste une forme de complément, de variation, intéressante pour qui se laisse prendre.