Cela faisait longtemps que je n'avais pas revu ce film qui a longtemps été l'un de mes préférés. Et quand bien même
The Truman Show n'a plus à mes yeux cet aura de long-métrage sans défauts, comme il avait pu l'avoir durant mes années collège-lycée, il reste quand même à mes yeux un sacré tour de force, en plus d'être ce qu'a pu livrer de meilleur un réalisateur comme Peter Weir, avec son
Master & Commander. Il est étonnant d'ailleurs de constater à quel point ce film est issu de la combinaison d'univers de deux cinéastes assez différents l'un de l'autre, car en adaptant le script d'Andrew Niccol (qu'il devait réaliser à la base, mais les producteurs n'était pas confiant de filer un projet pareil à un réalisateur débutant) et en le revisitant (à la fois pour descendre le budget et pour le rendre plus orienté grand public), Peter Weir livre finalement un film à mi-chemin entre le cynisme de Niccol et son propre humanisme, ce qui donne un film qui trouve vraiment un juste équilibre entre un côté premier degré prononcé et la volonté de proposer une fable humaine à grande échelle. De ce fait, le choix de Jim Carrey s'impose comme une évidence, ce qui n'était pas forcément le cas à l'époque vu qu'il était surtout connu pour ses rôles comiques, et au final il est vraiment celui qui va faire le pont entre les deux visions du film, pour en faire un tout cohérent.
Alors forcément, le film aujourd'hui a perdu un peu de sa superbe, avec ses trucages datés (le zoom sur Ed Harris dans la Lune ça pique bien les yeux avec les pixels apparents) et son propos qui n'est plus si original que ça (dans les deux années qui suivront sa sortie, des films comme
Matrix et
Dark City feront du sujet une sorte de mode cinématographique), mais c'est dingue de se rendre compte à quel point
The Truman Show n'a jamais été autant d'actualité, à l'heure où des télé-réalités proposent de suivre chaque jour des personnes enfermés avec d'autres, dans le simple but de s'amuser des problèmes sociaux/psychologiques qui peuvent en découler, et de satisfaire une envie de voyeur. D'ailleurs, à la revoyure, il est étonnant de constater le fait que Peter Weir ne cache jamais le côté artificiel du monde de Truman, alors que dans mes souvenirs la vision du studio et les agissements en coulisses étaient véritablement un twist qui arrivait en milieu de métrage. Dès le déut l'accent est mis avec le surjeu de l'entourage, les cadrages issus des caméras cachés mais aussi les réactions du public. Qualité ou défaut, je ne saurais dire moi-même, mais le fait est qu'en l'état ça marche toujours aussi bien, la surprise venant du fait que l'artificialité du monde de Truman a beaucoup plus d'ampleur que ce que l'on pourrait imaginer.
Côté mise en scène, comme souvent chez Weir, c'est tout ce qu'il y a de plus classique mais ça fonctionne vraiment, d'autant plus que la musique de Burkhard Dallwitz, avec des emprunts à Philip Glass, viennent renforcer la puissance des images (la tentative de fuite, la scène de la tempête, le final). Enfin, difficile de parler du film sans évoquer la performance de Carrey, qui méritait vraiment toutes les louanges qu'on a pu faire sur lui à l'époque, et à côté de ça le casting de second rôle a sacrément de la gueule (Ed Harris, Noah Emmerich, Paul Giamatti, Laura Linney, mais aussi Nate de Six Feet Under
). Alors forcément, quand on sait que le film a un temps été entre les mains de Brian De Palma, on se met à rêver de ce que ça aurait pu donner (un tel sujet, avec les thématiques de manipulation et de voyeurisme aurait été un sacré projet pour le bonhomme
), mais en l'état
The Truman Show reste un sacré métrage qui ne vole pas sa réputation.