Les avis de vos dernières lectures

[Olrik]

Oui, le ludisme et la simplification, ça n'a rien d'extraordinaire dans la pédagogie. La seule chose est de savoir si au bout du compte l'élève va en tirer des fruits ou si c'est juste un moyen de le mettre dans la poche ou d'acheter la paix sociale.
Et les versions raccourcies et abrégées sont aussi un moyen de s'adapter au public. Une classe d'excellents élèves pourra se farcir sans sourciller un pavé. Pour une autre, le prof aura intérêt à être plus modeste ou à fournir une version allégée. Imposer la lecture des Illusions Perdues in extenso à une classe de clèdes semi-analphabètes, c'est un peu comme escalader l'Annapurna en tutu (même si, encore une fois, le talent pédagogique du prof peut faire des miracles).
Enfin bref, vraiment les mecs ce sont des choses courantes, rien de neuf là-dedans.

[Waylander]

Ta première phrase : mon but n'est évidemment pas la paix sociale et...car je suis de ceux qui pensent que simplifier pour ça est une belle connerie. Je parle de simplification par la vulgarisation, sans oublier aucun détail , pas de zapper radicalement des choses pour éviter les fautes des élèves. Mais bon de nos jours on est choqué de tout , on pense que rien n'évolue ou quoi ? Les classiques d'hier ne sont pas ceux d'aujourd'hui qui ne seront pas ceux de demain et une langue n'est pas immuable, elle change elle évolue , les cultures aussi. Ca plait pas à certains, c'est humain, on a peur des changements " c'était mieux avant". Bizarrement ça choque quand on simplifie les choses mais si les changements rendaient les choses plus dures ça ne ferait pas tout un tapage médiatique.....bah ouais, on aime se donner de l'importance, croire qu'on fait des choses et qu'on comprend des choses complexes , on aime flatter notre matière grise....Simplifier, c'est péjoratif faut croire.

[Olrik]

Ta première phrase : mon but n'est évidemment pas la paix sociale et...car je suis de ceux qui pensent que simplifier pour ça est une belle connerie.

J'avais bien compris. C'est juste que j'imagine que c'est une chose qui peut se faire. Après, quand on est un enseignant aigri à quelques années de la retraite et que l'on se fait bordéliser à chaque cours, je veux bien comprendre. Par contre le prof qui ferait ça par paresse intellectuelle, là...
Tiens, exemple de prof qui sait comment naturellement acheter la paix sociale :

En fait la démagogie c'est le bien.

[osorojo]

J'viens de finir 1984 que je voulais (enfin) lire depuis longtemps. Je sors de la lecture un poil déçu. Forcément, le concept du bouquin est fascinant et particulièrement terrible, mais j'ai trouvé qu'Orwel se répétait, quitte à devenir un brin soporifique quand il rabâche une énième fois les préceptes qui sont les pierres angulaires de Big Brother. Cela étant dit, c'est solide, la fin est déprimante en diable parce que conforme à toutes les prévisions qu'on a pu faire pendant la lecture.

[Jack Spret]

"Le K" de Dino Buzzati - 1966

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Forcément, quand on se retrouve devant un recueil contenant plus d'une cinquantaine de nouvelles, il y a forcément du déchet. Parfois incompréhensibles, souvent loin de ce qu'on est venu chercher chez Buzzati, elles permettent toutefois de mettre en valeur les histoires qui sont clairement réussies. Et il y en a un paquet ! Plus du tiers des nouvelles sont savoureuses, empreintes de la réfléxion principale de l'auteur sur le temps qui s'écoule à une vitesse vertigineuse. Si on retrouvait ce thème à la puissance 1000 dans "Le désert des Tartares", on y a droit à un dosage plus équilibré, ce qui permet d'entretenir ici la réflexion avec une fiction toujours originale.
Débuter le livre par "Le K" est vraiment dommageable tant elle est le point d'orgue entre toute. "Chasseurs de vieux", "Ubiquité" et "Le veston ensorcelé" sont parmi les meilleures du recueil.
Buzzati fait des injustices sociales et du vernis écaillé de la civilisation son son fer de lance. Glissant toutes vers le fantastiques, les nouvelles sont basées sur un schéma identique permettant d'identifier rapidement le style et d'embrasser la morale plus facilement. Si certaines histoires sont un peu simplettes, elles n'en fonctionnent pas moins par leur intemporalité.

"Demain les chiens" de Clifford D. Sidmak - 1952

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"Demain les chiens" est un condensé de contes philosophiques écrit entre 1944 et 1951 cherchant à percer l'âme humaine par le biais d'intermédiaires pour le moins originaux: des chiens. Qui mieux que le meilleur ami de l'homme pour le comprendre, le juger voire remettre en cause sa propre existence ?
Se déroulant sur un espace-temps de 12 000 ans, les histoires contés dans l'ordre chronologique mettent en évident l'instinct autodestructeur de l'homme pour sa planète ainsi que sa propre espèce, par des décisions purement égoïstes et individualistes. Derrière des inventions et des avancées technologiques importantes, le monde tel que nous le connaissons n'est bouleversé que par un petit nombre de décideurs, mettant en évidence une critique acide de l'échiquier politique.
Malgré cet aspect sombre de l'être humain, Sidmak laisse une grande part à l'optimisme et à l'éradication du mal en utilisant la réflexion canine (venant des robots, et donc de l'homme) et la philosophie comme fondations pour un monde idéal. Malgré le final à la tristesse poétique déchirante, on ressort de la lecture avec un sourire, en se disant que nous sommes capables du pire mais aussi du meilleur.

[Jack Spret]

"Rue de la sardine" de John Steinbeck - 1945

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Steinbeck livre un portrait très tendre du prolétariat en faisant vivre cette rue de la ville de Monterey. Tous les personnages sont très différents mais sont unis dans cette manière de vivre au jour le jour, sans se soucier du lendemain. L'argent reste tout de même le point central du récit, Steinbeck s'évertuant à montrer que c'est lorsqu'on en a le moins que l'on croque la vie à pleine dents. Sous la couche de bons sentiments se cache des blessures, des faiblesses et des désillusions presqu'aussi profondes que les joies éphémères qui maintiennent en vie les personnages. Pour ceux qui trouvent déjà l'écriture de Steinbeck trop pittoresque, c'est à bannir complètement tant le bouquin transpire la société dans ce qu'elle a de plus mixte et déviant.

"Le Duel" de Joseph Conrad - 1908

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Récit d'aventure kafkaïen en diable, "Le Duel" fait partie de ces nouvelles dont on admire la richesse à tous points de vue. Le style est maîtrisé, l'humour est parfaitement dosé, le suspense est total et malgré les répétitions des scènes de batailles et de duels, j'ai été scotché par la faculté qu'à Conrad de faire vivre les guerres napoléoniennes au rythme des atermoiements de ces deux gradés. L'honneur et la quête identitaire, deux thèmes chers à l'auteur, trouvent ici un paroxysme évident dans la conclusion. Hâte de voir le film de Ridley Scott à présent !

[Jack Spret]

"Anarchaos" de Donald E. Westlake - 1967

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Quand j'ai remarqué que Westlake avait fait une timide incursion dans la SF, j'étais obligé de voir ça de plus près. Le résultat n'est pas mauvais mais on est loin de la SF pure. L'histoire se concentre sur la vengeance du personnage principal, anti héros qui va aller de surprises en surprises sur cette planète hostile dont l'une des faces est baigné par un soleil qui ne se couche jamais.
L'environnement est génial, il y avait un réel potentiel là dedans mais l'auteur n'en fait pas grand chose malheureusement. Ce qui est plus intéressant, c'est le pseudo "rise & fall" du personnage. Sûr de lui et badass à son arrivée, il va tout doucement rompre face à la dureté d'Anarchaos. Au lieu de s'endurcir pour accomplir sa vengeance, il va se rammollir, nous faire pitié et devenir d'une lâcheté écoeurante. Evolution intéressante donc qui change un peu du traditionnel surhomme blindé de toute émotions.
Le texte est remanié plus tard et l'édition de 1989 que j'ai bénéficie de deux nouvelles supplémentaires ("Le Gagnant" écrit en 1970 et "Hydra" en 1984). Là aussi, il y a un énorme potentiel et on est en droit de regretter que Westlake n'ait pas livré davantage d'oeuvres de SF tant il est à l'aise avec le style, bien que les aspects scientifiques du genre soient inexistants.

[Waylander]

J'ai tenté Macbeth....euh...bon déjà je pige que dalle mais alors putain je pige que dalle. Du coup j'abandonne parce que je sens que j'ai pas le level.

[Mark Chopper]

De toutes les pièces les plus connues/réputées de Shakespeare, s'il y en a une que je déteste, c'est celle-là.

Tu pourrais tenter Othello ou Hamlet.

[Waylander]

Ah bah c'est rassurant parce que là j'en chie. La narration pfffiou , 10 000 noms, en 3 pages le mec m'a perdu.

[Creeps]

Tu le lis en anglais ?

[Waylander]

Non.

[Mark Chopper]

Tu le lis en anglais ?

Le Highlighter n'aime pas l'anglais, faut suivre.

[Creeps]

[Jack Spret]

"La Chaussée des Merry Men" de R.L.Stevenson - 1882

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Pétri de mélancolie teinté d'amour impossible, d'humanisme perturbé par l'instinct animal de l'homme, le tout subjugué par les descriptions magnifiques de la mer, force de la nature et personnage central de son histoire, Stevenson arrive en très peu de pages à nous captiver et nous embarquer avec lui sur cette île battue par les vents, les tempêtes et les naufrages.
Les personnages vivent au rythme des vagues venant lécher plus ou moins violemment la plage, tantôt sombrant dans la folie, tantôt dans l'espoir crédule. Dommage que le récit se clôture de manière si abrupte car j'aurais bien passé une centaine de pages supplémentaires à leurs côtés. Mais en y réfléchissant bien, il aurait été difficile de trouver une fin qui convienne mieux (et qui m'a fait penser par son aspect romantique à celle du Maître de Ballantrae).

"La vallée des rubis" de Joseph Kessel - 1955

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C'est en route pour la Birmanie, et imprégné de l'atmosphère de Rangoon et de Mandalay que j'ai lu ce roman. Et la ville de Mogok n'en paraissait que plus vivante à mes yeux, mes propres observations du pays s'ajoutant aux descriptions de Kessel qui, bien que 70 ans nous séparant, gardait de leur impact et de leur vérité. Pas de chichis, nous sommes absorbés dans l'aventure dès la fin du premier chapitre. Kessel se révèle plus spectateur qu'acteur dans ce voyage, le business des pierres précieuses lui étant alors inconnu. C'est donc avec une certaine distance et un respect total qu'il s'attache à nous révèler la magnificence de Mogok et de sa fameuse vallée des rubis. Un carnet de voyages légèrement fictionné qui touche vraiment ma fibre aventureuse en voyage (comme l'avait également fait "Hong-Kong et Macao" du même auteur lors de mon voyage en Chine)