Time & Tide de Tsui Hark - 2000
Vendredi soir, salle Henri Langlois, Cinémathèque Française, le film qui m'a fait basculer dans la folie du barbichu et de sa colonie étrange passe sur grand écran.
Avec l'excitation d'un gamin de 8 ans qui va voir son premier film d'action au ciné mais en même temps la peur du vieil aigri qui se rappelle que ça doit bien faire 10 ans qu'il ne l'a pas revu, je m'installe. Mais tout ça s'évanouit dès les premières secondes avec ce générique complètement daté qui nous plonge directement dans cette ambiance si particulière de la dernière fin de siècle. Je suis aux anges.
Derrière, ce sera comme prévu un mélange bizarroïde de tout ce qui fait le charme de ce cinéma aussi génial que mal foutu : une histoire racontée n'importe comment, avec des manques, un montage aussi bordélique qu'un bac de Noz et de bonnes grosses ellipses de bâtard.
Objectivement, ça devrait être considéré comme des défauts limite rédhibitoires. Mais force est de constater qu'ici ça passe sans problème. Qu'on s'en branle de tout remettre dans l'ordre, on n'est pas dans un film à twist de petit malin qui se serait planté dans les grandes largeurs. Ici tout est dans la pélloche et il ne faut pas quitter l'écran des yeux parce que le spectacle est total et constitue tout l'intérêt du film.
Tsui Hark tente à peu près tout. Et le cochon réussit systématiquement. Après avoir beaucoup expérimenté dans ses deux derniers JCVD, il se lâche encore davantage, se prend pour Fincher, Greengrass (avec plusieurs années d'avance
), Woo et repousse systématiquement les limites de ce qui est acceptable pour une rétine, avec en point d'orgue ses fameux lâchés de caméra qui dynamisent comme pas permis une simple descente en rappel.
Rétrospectivement, on pouvait penser que le loulou semblait au max sur
The Blade, mais là il va toujours plus loin et le démontre en permanence. Il n'attend pas qu'il y ait de l'action pour proposer quelque chose. Et ça, c'est purement jouissif.
D'autant plus qu'on ne ressent jamais d'overdose. Pour cela, les plages plus calmes avec cet humour un peu concon aident bien. Tout comme ce casting pourtant méchamment casse-gueule avec un kéké de 20 balais, le Johnny Halliday du sud-est asiatique et
Mr Ebola Syndrome, qui portent parfaitement le film au milieu des sales trognes de brésiliens qui parlent espagnol.
Au final, même si le film ne m'a pas retourné la tête comme la première fois, il agit encore comme une immense bouffée d'air frais mêlée de folie complètement unique.
10/10