[Elpingos] Mes critiques en 2017

[elpingos]

Mes efforts de critique(s) de l'année ...

[Alegas]

KNIGHT OF CUPS
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Terrence Malick (2015) | 9/10

Un nouveau poème visuel de la part de celui qui décidément a encore beaucoup de choses à dire. Ici au travers de Christian Bale perdu autant dans un Los Angeles mi-rêve, mi-cauchemar, autant que dans sa vie, c'est à la fois l'occasion pour Malick de trouver une continuité à ses réflexions d'A la Merveille, que d'aborder le sujet de l'existence, de l'essence de la vie, comme il l'avait fait dans son Tree of Life. Pour peu qu'on accepte cette forme de cinéma, faite d'une succession incessante et déroutante de plans ou de courtes scènes, souvent splendides, Knight of Cups se vit comme une expérience philosophique, d'une beauté profonde mais jamais gratuite. Les images parfois les plus anodines arrivent à surprendre, à donner de la profondeur au propos, à illustrer et enrichir, sans jamais alourdir. La virtuosité du cinéaste y est beaucoup, sa caméra survole à volonté ses décors et ses personnages, dirigés d'une façon proche de l'improvisation, et la forme épouse alors le fond, renvoyant alors à l'un des messages du film, la hauteur et l'instantanéité d'une quête qui transcende les êtres et les générations. Et le film grandiose et puissant, devient tout simplement sublime, lorsqu'il termine d'illustrer, dans la litanie de Kilar, l'histoire de ce Prince et de sa perle dans ces villes presque archéologiques.

[elpingos]

UN ILLUSTRE INCONNU
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Matthieu Delaporte (2014) | 7,5/10

Un thriller français original, surprenant, non balisé, bien réalisé et porté par un personnage charismatique, c'est déjà assez rare pour le souligner. Et quand on voit que celui-ci a en plus été boudé par le public, j'avais donc envie de poser ma petite note. Car Un Illustre Inconnu c'est donc un de ces films qu'on n'attend pas, mais qui au final joue clairement dans la cour des grands. Car l'ambiance et le scénario en tête nous amènent sur ce terrain de l'angoisse du quotidien qui remue et fait réfléchir; et que Kassovitz qui est de tous les plans ou presque livre une prestation exemplaire.

La grande qualité du film réside donc dans une certaine évidence, Kassovitz, d'abord donc, avec cette dimension psychologique complexe, ambiguë et presque émouvante, et un jeu d'acteur multiple et appliqué. Une fois le film terminé, impossible d'imaginer quelqu'un d'autre pour incarner ce personnage, marque d'une grande prestation. Et puis donc une certaine évidence aussi en terme de scénario. Fruit d'auteurs plus portés d'habitude sur la comédie (Le Prénom et Papa ou Maman), l'histoire qui est au final d'une logique presque implacable, porte en elle une vraie tension et un suspense maintenu par des rebondissements et des scènes efficaces.

Très peu d'ombres au tableau, l'ensemble mérite donc clairement le détour. Et il témoigne donc d'une maîtrise indéniable et surtout chose rare, d'une belle et humble ambition cinématographique.

[Alegas]

Ouais, très sympa celui-là, il gagnerait à être un peu plus connu.

[Alegas]

IT FOLLOWS
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David Robert Mitchell (2014) | 5/10

Un 5 assez généreux pour un film qui m'a passablement ennuyé, sans doute que j'en attendais trop, au vu d'un buzz que j'ai pour le coup du mal à comprendre. Alors certes, la réalisation est quand même notable, avec des séquences efficaces, comme celle d'introduction et tout ce qui a trait à l'apparition du It du titre (et encore pas tout le temps). Certes la bande-son a un petit côté bontenpi à la Carpenter mais encore faut-il aimer ces références. Et oui aussi la thématique dans lequel s'inscrit l'histoire possède une certaine originalité, quoiqu'au final assez confuse et discutable. Et pour moi donc, à part la réalisation, les qualités du film s'arrêtent donc là. Trop juste, trop classique, trop facile presque et surtout ni marquant ni abouti. Les jeunes acteurs sont un peu lambda, les réactions et comportements un peu trop stéréotypés, et on s'ennuie donc à les voir flipper et/ou attendre et s'ennuyer (la scène du pet est peut-être celle qui m'a le plus marqué, pour dire que je n'ai jamais embarqué). Le film ne décollera jamais, et il n'y aura d'ailleurs pas de réelle fin. L'absence d'explication qui peut parfois s'avérer salvatrice dans ce genre de film, rend ici la trame évanescente. Et pour peu que la sauce ne prenne pas, les questionnements/incohérences qui abondent alors deviennent pénibles. Et le film en devient donc limite trop lisse, trop creux, et donc en bref une sacrée déception.

[Mr Jack]

L'absence d'explication qui peut parfois s'avérer salvatrice dans ce genre de film, rend ici la trame évanescente

Au contraire, étant donné qu'on est plus dans le symbolisme que dans l'intrigue de thriller classique qui demande résolution. L'évanescence dont tu parles est peut-être le but recherché. Du coup je me demande si ton blocage vient d'une non-adhésion au style ou simplement au fait que tu n'aies pas regardé le film par le bon angle.

[elpingos]

Ouais sans doute, non-adhésion au style du réal qui a un côté un peu poseur ici. Je me trompe peut-être, mais j'ai trouvé que le tout faisait un peu "essai" et qu'au final je me dis que le mec n'avait pas grand chose à raconter (à part un pitch intéressant et quelques séquences).

[Mr Jack]

Essai je sais pas, peut-être. C'est un film de genre qui a une vraie idée, celle d'exploiter la peur de l'invisible, de l'inconnu. J'ai retrouvé ce que j'avais lu dans Le Horla de Maupassant : cette présence invisible qui amène l'épouvante. Et visuellement ça tente pas mal de trucs, quand même.

[elpingos]

C'est un film de genre qui a une vraie idée, celle d'exploiter la peur de l'invisible, de l'inconnu. J'ai retrouvé ce que j'avais lu dans Le Horla de Maupassant : cette présence invisible qui amène l'épouvante. Et visuellement ça tente pas mal de trucs, quand même.

Ok. Et oui c'est chiadé visuellement. Mais ...

la présence invisible fonctionne, mais tant qu'on lui jette pas un drap dessus ...
ou qu'on fait pas des blagues de prout (quoi que c'est peut-être un clin d'oeil méta assumé)
Mais bon en tout cas Maupassant fait pas ça lui (ou Lovecraft, Kubrick, ..., etc) ...

[Mr Jack]

Me rappelait plus de la blague de prout

[Alegas]

BABY DRIVER
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Edgar Wright (2017) | 8,5/10

Si certains pouvaient encore douter du talent de Wright pour emballer à sa manière le film de genre, Baby Driver devrait je l'espère convaincre les derniers sceptiques, tant d'un point de vue cinématographique, le film est une pure merveille. Evidemment scénarisé par Wright, le film mélange habilement un paquet de styles, du film de casse évidemment, avec son lot de courses poursuites et de fusillades, mais aussi comédie, romance, initiation, et même un petit côté revenge-movie assez détonnant. Déjà en cela Wright a donc de quoi contenter un maximum, car il nous fait et se fait plaisir à détourner ou rendre hommage à ces différents styles (les références cinéphiles sont d'ailleurs nombreuses et bien senties). Mais surtout, et c'est clairement là qu'est pour moi la plus grande réussite du film, il fait de son métrage une sorte de comédie musicale iconoclaste, parfaitement amenée dans un contexte justifié. On est évidemment et heureusement loin de Cherbourg et de ses parapluies, mais plus proche d'un Drive méga-fun avec une BO Tarantinesque. Le bon son innerve le récit, et surtout il a l'excellence de le servir. Difficile donc de ne pas jubiler à l'écoute des différents morceaux, tant chacune de ces saillies musicales iconise la scène qu'elles accompagnent. Évidemment cette zik ne servirait à rien si la réal de Wright n'était pas à l'avenant, et si elle n'était pas elle-aussi bourrée d'idées; on peut saluer aussi un casting efficace (Foxx, Hamm et Spacey sont comme souvent des bonnes idées) qui sait aussi, dans ce registre comique, ne pas non plus se prendre trop au sérieux; et donc aussi notamment le jeune Ansel Elgort qui personnellement constitue la jolie révélation du film.
Baby Driver est donc un film qui détonne, relativement simple en apparence, mais dont la précision et les idées forcent le respect.

[pabelbaba]

Je profite de ta critique pour indiquer un truc qui ne colle pas dans le film :

quand on a des acouphènes, on ne peut pas écouter longuement de la musique au casque et encore moins avec de simples oreillettes

[elpingos]

Oui mais on s'en fout un peu, non ?

[pabelbaba]

Effectivement.

C'est pas aussi grave que si un mec des Chariots de Feu était unijambiste, mais bon, voilà...

[elpingos]