Alien Covenant - Ridley Scott - 2017
Ayant bien décroché de l'actu ciné depuis l'année dernière, j'ai attendu le plus tard possible avant d'avoir enfin le courage de lancer le trailer de cet Alien Covenant. Mon amour indéfectible pour le monstre le plus fascinant de l'histoire du cinéma, je ne suis sûrement pas le seul à en penser autant, a eu raison de mon désintérêt devant la mise en bouche proposée. Alien Covenant essaie de nous la faire à l'envers en reprenant dans son patronyme les 5 lettres magiques du film originel : A.L.I.E.N mais il s'agit bien de la suite directe de Prometheus. Je parie d'ailleurs un billet sur le retitrage de ce dernier d'ici quelques mois ou quelques années, quand d'autres suites auront pointé le bout de leur nez.
Bon alors Covenant, kezako? Bah c'est un peu toujours la même rengaine. Une mission spatiale, ici de colonisation, un androïde qui gère le vaisseau pendant que l'équipage fait cryo-dodo, un appel de détresse, toute le monde quiche au réveil et c'est partie pour une excursion qui se finit généralement en cul de sac avec un xénomorphe qui défonce quelques crânes.
Sauf que depuis Prometheus, la pure série B horrifique, qu'elle soit plutôt du genre survival (Alien), badass (Aliens) ou carcérale (Alien 3), a laissé place a une des grandes obsessions du cinéma contemporain : dissiper toute forme de mystère. La mise à mort de l'imaginaire, en même qu'un travail de sape d'un univers devenu culte... Pendant une trentaine de minutes, Covenant nous la joue façon remake du 8ème passager. Sait-on jamais, des fois que quelqu'un n'ait jamais entendu parler d'Alien. Je lis un peu partout que cette phase d'exposition est ce que ce nouvel opus a de mieux a proposer. Pour ma part, je me suis bien emmerdé. Sans quelques belles images (bien évidemment dépourvues de dramaturgie), j'étais à deux doigts de commencer à bailler. Une décision d'équipe de scientifiques débiles plus tard, je suis finalement entré dans le film, bien décidé à savourer sans broncher les événements qui allaient se présenter (ceux du trailer, et puis j'ai vu les mots "gore et nihiliste" dans certaines reviews).
10 minutes de treck plus tard, ça va déjà mieux. Enfin permettez-moi de faire un apparté sur la magnifique gestion du temps de Covenant. Avant de débarquer sur cette terre hostile, l'équipage décide donc de se détourner de son trajet pour suivre le signal de détresse. On nous informe que cette planète inconnue est à un saut de puce (quelques semaines) de la position du vaisseau. 30 secondes plus tard, les quelques semaines sont passées, le temps d'un changement de scène... A une époque, on aurait au moins pris la peine de nous mettre un carton en pleine tronche, du style "quelques semaine plus tard". Le cinéma taylorisé ne s’embarrasse plus avec ce genre de détails. Il y a de toute façon de bien plus grosses couleuvres à avaler.
La suite est hyper classique, la troupe suit le signal, deux gus se font infecter par la matière noire, se mettent à roter du sang dans de violentes crises de spasmophilie, on commence à s'amuser. Par contre, le père Ridley, on l'a connu plus lisible dans l'action. Parce que la première attaque, c'est juste incompréhensible. Au contraire du script, qui jusque là est d'une parfaite limpidité et ne s'encombre pas de chichis. Mais ça c'était avant l'arrivée de Fassb' de Nice, aka David, le couteau suisse de Prometheus. La suite ne sera pas plus complexe mais cette volonté de tout élucider sonne comme un rejet total du film précédent (qu'à titre personnel je trouve satisfaisant, à défaut d'être transcendant). Et c'est partie pour la foire aux ellipses et pour une belles brouette de scènes "autres" (baby alien, le duo au pipeau, la découverte des oeufs, une séquence Tahiti Douche approved et j'en passe...).
Entre deux atermoiements, j'ai cependant vite fait le deuil d'un film qui pourrait se hisser au niveau de l'illustre saga. Le plaisir, assez sommaire, de revoir enfin ce monstre fascinant, même s'il est CGI, même s'il saute partout comme un Marsupilami, l'a emporté sur tout le reste. Bien que développée à la truelle, la thématique sur la création engendrée par Prometheus, a le mérite d'exister. Fassbender sauve un peu le film grâce à sa performance robotique et je pense qu'il ne faut pas avoir peur de rire et de prendre tout ça avec une certaine distance. Au premier degré, c'est la peine de mort assurée. Je me suis finalement délecté de voir enfin tout ces ersatz de scientifiques mourir dans d'atroces circonstances. Ou de très drôles de situations pour les plus illuminés. Je préfère ne pas parler du twist, grillé avant même qu'on puisse s'imaginer que le film souhaite en proposer un. Je parlerai juste de cette fin, nihiliste est un grand mot, qui a le mérite d'ouvrir la perspective sur un possible défouloir qui y réfléchira peut être à deux fois avant de philosopher sur le sens de la vie.
Au final, Alien Covenant c'est nul mais j'ai passé un bon moment. Je doit être aussi convaincant en critique que les personnages du film le sont en matière de prévention des risques. Le prototype du film que je devrais détester mais que je me suis décidé à aimer (aller au ciné 2 fois par an, ça fait aussi relativiser sur la façon d'appréhender ce moment de détente).
5.5/10