Wind River |
Réalisé par Taylor Sheridan Avec Elizabeth Olsen, Jeremy Renner, Kelsey Asbille Long-métrage : USA Genre : thriller Durée : 01h50min 2017 |
7.5/10 |
Synopsis Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…
CritiqueTaylor Sheridan habituellement scénariste, décide de passer derrière la caméra pour Wind River avec des thématiques qu'il affectionne pour un résultat efficace sans pour autant être révolutionnaire. Présenté au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, ce neo-western est dans continuité de ses précédents scripts Sicario et Comancheria avec des questionnements sur la société moderne qui se confronte aux traditions, le mélange entre les peuples.
Hélas, Wind River est nettement moins mordant que Comancheria avec plus de premier degré. Proche de Manchester by the sea à travers le trauma familial du héros (Jeremy Renner) qui le hantera toute sa vie.
Etant donné que Cory est un chasseur hors pair, difficile de ne pas penser à l'efficace Shooter avec Mark Wahlberg ou Cold Blood qui offraient également des scènes similaires de fusillades enneigées.
Taylor Sheridan souligne le mal-être de cette jeunesse et le gouffre entre générations. Les adolescents ont soif de liberté et souhaitent quitter ce cadre désertique,isolé pour fonder une famille au soleil laissant leurs traditions tribales derrière aux sans trop de remords. Pour ceux qui ne parviennent pas à quitter le nid, l'alcool ou la drogue sont des tentations puissantes qui les mènent à se métamorphose en zombies ambulants.
Les anciens regardent cette nouvelle génération de façon impuissante avec nostalgie.
La nature est au cœur du récit, Taylor Sheridan ne se contente pas de mettre en scène des images carte postales mais fait intervenir la faune. Ainsi, le personnage de J. Renner doit préserver la réserve indienne et détruire les prédateurs qui viennent tuer des troupeaux (il est sous-entendu que c'est dans le respect du cycle vital et dans le respect des lois).
Cory Lambert aura un rôle pivot car il connait la région et les montagnes comme sa poche et a hérité de sa belle famille le fait de pouvoir déchiffrer les traces animales ou humaines et sera désigné comme guide/co-enqueteur malgré lui.
Taylor Sheridan souligne de façon appuyée de manque de moyens financiers et humains dans ces régions reculées pour mener une enquête, des soins médicaux, ou quoi que ce soit d'urgent. De ce fait, les populations sont obligées d'outrepasser les lois et de régler ce genre de choses avec le système D.
Tout comme le personnage de Casey Affleck dans Manchester by the sea, Cory Lambert est peu bavard, mystérieux mais quand il se livre celà constitue la scène la plus poignante du film. Dommage que le reste du temps, Renner se contente d'un jeu trop minimaliste et son rôle un peu cliché (le cowboy qui a fait ami-ami avec les indiens dans le respect de la nature).
De part son métier, Cory Lambert est là pour remettre de l'ordre du point de vue écologique (c'est discutable) et permet une osmose entre troupeaux et bêtes sauvages qui doivent rester dans leurs terriers mais pas au délà. La comparaison avec les délinquants est toute trouvée.
Elizabeth Olsen tient le rôle d'un agent du FBI (Jane Banner), tel u n chien dans un jeu de quilles, débarque dans cette affaire, en milieu hostile à la fois du point de vue climat mais aussi au niveau des habitants qui sont du même acabit que la météo. Personnage féminin intéressant, ambigu qui doit imposer son autorité dans un contexte 100% masculin mais qui doit aussi avouer ses faiblesses pour demander de l'aide et avancer dans son enquête. Elizabeth Olsen assure ces différentes facettes avec justesse.
Quelques bémols...Jon Bernthal assure un rôle secondaire qui sera hélas trop bref (comme dans Baby Driver et plein d'autres métrages de sa filmo), demeure toujours aussi charismatique. Le coéquipier de Jeff bridges de Comancheria tient aussi un rôle dans Wind River(Gil Birmingham), hélas un poil trop cliché avec presque toute la panoplie de l'indien (au secours la perruque). Pas besoin de tous ces artifices pour croire à l'authenticité du personnage.
Wind River ne brosse pas la gente masculine dans le sens du poil. Taylor Sheridan montre l’inéluctable fuite des populations vers une quête de modernité et de divertissement en opposition aux tribus indiennes qui restent enracinées dans leurs traditions coûte que coûte. Dans ces no man's land, les meurtres, viols et autres délits restent non élucidés par manque de moyens et d’intérêt des autorités. Ce qui renforce l'envie de fuir ces régions sauvages et isolées. Dans cette mortelle nature, l'hémoglobine vient souiller la neige et le silence est troublé par des déflagrations ou des hurlements.
Le film oscille entre revenge movie et thriller, efficace mais qui aurait du creuser un peu plus la psychologie de ses protagonistes.