Les avis de vos dernières lectures

[pabelbaba]

il se contentait de ronfler sur la moquette en pétant tous les quarts d'heure

[Jack Spret]

"Huit millions de façons de mourir" de Lawrence Block - 1982

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Et l'alcoolisme en est une. Car c'est de ce combat là dont il est question tant l'intrigue est tellement banale qu'elle passe au second plan. Même sa finalité tombe comme un cheveu sur la soupe, preuve en est que l'auteur s'intéresse davantage à l'aspect psychologique de son détective qu'à l'ambiance et l'enquête. Matt Scudder n'a rien du personnage qu'on aime détester. Il est même plutôt pathétique lorsqu'on commence à le connaître. Mais l'humanité qui se dégage de lui est rare dans sa profession. Là où tous ses prédécesseurs de papier nous ont habitué à un archétype du détective, on trouve là une autre facette, tout aussi sombre, d'un homme à la dérive qui se raccroche à la bouteille pour survivre. A lire pour se faire une idée nouvelle de ce que peut être un polar.

"Knulp" d'Hermann Hesse - 1915

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En pleine aube de la guerre, Herman Hesse ressent le besoin de s'évader et rejoint le rang des auteurs romantiques dans un court roman. Aussi court qu'une vie à l'image de l'humanité, il découpe son histoire en trois âges bien distincts, dans un ordre non chronologique qui nous permet de saisir toutes les subtilités de son personnage de vagabond. Véritable ôde à la liberté et à la découverte de soi et des autres, l'auteur est toujours bienveillant envers son héros, sorte de gendre idéal refusant malgré tout toutes conventions sociales (mariage, famille, travail) au grand dam de la gente féminine dont il est éperdument amoureux. Mélancolique et poétique, le voyage que nous propose l'écrivain est celui d'une vie.

[Val]

Intérieur Nuit de Marisha Pessl (2013)

Ashley Cordova, 24 ans, se suicide en se jetant dans une cage d'ascenseur vide. Le fait divers suscite une petite agitation médiatique, la jeune femme étant la fille de Stanislas Cordova, énigmatique réalisateur de films d'horreur, objet d'un culte aux rituels très codifiés de la part de milliers de fans. McGrath, journaliste tombé en disgrâce après avoir voulu se payer Cordova dans un de ses articles, voit là l'occasion de se refaire et part sur les traces de cette jeune fille. Son enquête l'amène à pénétrer l'univers du cinéaste, où la frontière entre la réalité et la fiction est de plus en plus ténue. Projections secrètes dans les catacombes, plongée dans les limbes du Darknet, hôpitaux psychiatriques, sociétés secrètes, magie noire,... voilà quelques éléments que le journaliste devra affronter.

Je sors particulièrement enthousiaste du roman de Marisha Pessl, véritable page-turner, qui utilise avec intelligence un certain imaginaire cinéphile pour dresser une enquête riche en rebondissement, difficilement prévisible et qui évoque parfois l'Antre de la folie de Carpenter. Là où j'ai parfois du mal avec la littérature américaine contemporaine, avec des livres qui semblent ne jamais en finir dans les détails et descriptions inutiles, Intérieur Nuit surprend par sa capacité à maintenir en haleine, à se réinventer et à promener son lecteur hors des sentiers battus.
Un très bon roman que je recommande fortement, d'autant qu'il vient juste de sortir en poche.

[Mark Chopper]

Là où j'ai parfois du mal avec la littérature américaine contemporaine, avec des livres qui semblent ne jamais en finir dans les détails et descriptions inutiles,

Je suis d'accord. Et c'est un peu le problème que j'avais eu avec son premier roman...

Du coup, je l'ai classée dans la catégorie des auteurs trop doués formellement, tellement doués qu'ils se font bouffer par leur propre ambition au point de livrer un roman traversé certes par des fulgurances, mais globalement indigeste.

[Val]

Et bien là franchement, c'est le contraire d'un roman indigeste. J'ai été constamment surpris de voir que je ne m'ennuyais jamais malgré l'épaisseur du bouquin (700 pages dans l'édition grand format et bien remplies).

[Mark Chopper]

Je vais tenter le coup. Si je m'emmerde, tu devras lire un Jonathan Franzen pour la peine.

[osorojo]

J"me le note aussi, tu le vends bien !

[Val]

J'ai déjà lu Purity l'an passé (et qui vient de sortir en poche avec une couverture bien dégueu^^). Pour le coup, c'était sympa mais effectivement traversé de longueurs rendant le livre indigeste.

J'avais bien aimé sur le coup mais un an après, je n'ai plus du tout envie de conseiller le poche, pour dire.

@oso : effectivement, je le conseille assez largement sur le forum, il pourrait plaire à pas mal de monde.

[Mark Chopper]

Tu as déjà lu La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski ? Si non, je te le conseille.

[Val]

Jamais mais effectivement, mon boss me l'a conseillé. Comme tu me le conseilles aussi, il remonte dans mes priorités.

[Mr Jack]

Intérieur Nuit de Marisha Pessl (2013)

Ashley Cordova, 24 ans, se suicide en se jetant dans une cage d'ascenseur vide. Le fait divers suscite une petite agitation médiatique, la jeune femme étant la fille de Stanislas Cordova, énigmatique réalisateur de films d'horreur, objet d'un culte aux rituels très codifiés de la part de milliers de fans. McGrath, journaliste tombé en disgrâce après avoir voulu se payer Cordova dans un de ses articles, voit là l'occasion de se refaire et part sur les traces de cette jeune fille. Son enquête l'amène à pénétrer l'univers du cinéaste, où la frontière entre la réalité et la fiction est de plus en plus ténue. Projections secrètes dans les catacombes, plongée dans les limbes du Darknet, hôpitaux psychiatriques, sociétés secrètes, magie noire,... voilà quelques éléments que le journaliste devra affronter.

Je sors particulièrement enthousiaste du roman de Marisha Pessl, véritable page-turner, qui utilise avec intelligence un certain imaginaire cinéphile pour dresser une enquête riche en rebondissement, difficilement prévisible et qui évoque parfois l'Antre de la folie de Carpenter. Là où j'ai parfois du mal avec la littérature américaine contemporaine, avec des livres qui semblent ne jamais en finir dans les détails et descriptions inutiles, Intérieur Nuit surprend par sa capacité à maintenir en haleine, à se réinventer et à promener son lecteur hors des sentiers battus.
Un très bon roman que je recommande fortement, d'autant qu'il vient juste de sortir en poche.

Une amie de bon gout me l'avait conseillé il y a un bail, elle avait pensé à moi direct en lisant le bouquin flatté je l'avais acheté en oubliant qu'il était dans ma bibliothèque. Merci de me rappeler à l'ordre, Val, je m'y mets après mon Trevanian.

[Val]

Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message (2016)

Des extra-terrestres ont débarqués sur Terre, attirés par nos tentatives de communiquer avec eux et par les conditions de vie qu'offre notre planète. D'abord présents dans le plus grand secret, occupés à nous observer, ils finissent par prendre le contrôle de la planète et par asservir les hommes, les reléguant à la place que ceux-ci affecte aux animaux. Ainsi, les hommes se divisent désormais en trois types : ceux à qui l'on confie les travaux pénibles, ceux qui tiennent compagnie et ceux qui seront mangés. Une génération plus tard, un de ses "envahisseurs" nous raconte comment les hommes sont devenus des esclaves et comment la société des nouveaux maîtres de la planète tente de réguler la présence des hommes.

Malgré son postulat de science-fiction, il est difficile de résumer le livre uniquement à ce genre. Car si Vincent Message invente une civilisation extra-terrestre, c'est évidemment pour mieux parler de notre société contemporaine. Ainsi, le livre à cet intérêt qu'il présente une forme de double regard sur nous-même : à la fois le récit que fait le personnage principal (rapporteur d'une loi sur la fin de vie des humains) sur l'organisation de sa société, qui reproduit in fine les mêmes erreurs et rencontre les mêmes difficultés que la nôtre, et le récit qu'il fait de l'état dans lequel ils ont trouvé la société des hommes à leur arrivée. Cette double mise en perspective aboutit à un roman puissant, aux nombreuses scènes malaisantes (tout la séquence dans les abattoirs est atroce) et qui nous amène à réfléchir à notre propre condition et à notre rapport au vivant.

[Jack Spret]

"La Tour de verre" de Robert Silverberg - 1970

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Comme toujours chez Silverberg, on retrouve un grand humanisme ainsi que des réflexions sur l'espèce humaine, le tout teinté d'une pointe d'humour et de pessimisme. Et comme toujours chez l'auteur, ses idées peuvent naître sur un millier de pages mais il décide de cloisonner le tout dans un récit court, se contentant de 300 pages pour exposer son histoire.
Après "Les Monades urbaines", Silverberg se prête à nouveau au jeu de l'inifiniment grand en mettant en scène la construction d'une tour de plus d'un kilomètre permettant d'envoyer des signaux aux confins de la galaxie. Cette volonté farouche de vouloir tutoyer les cieux pour montrer que l'espèce humaine est bien vivante et intelligente ressemble au côté religieux de la métaphore, un mix entre Babel et l'explication rationnelle qui voudrait qu'une telle tour, érigée telle une cathédrale, place son créateur au rang de Dieu lui même.
Ce subtil mélange de propos scientifiques et religieux, à priori antithétiques, sont permis par les créatures nés de l'imagination de l'auteur, androïdes serviles et stakhanovistes à l'extrême. Les deux races trouvent un savant équilibre dans leurs développements, jusqu'à un final renversant mais trop vite expédié. Un roman génial qui ravira les fans de SF hardcores en quête d'un divertissement intelligent, mais qui est aussi une superbe porte d'entrée dans ce genre pour les plus novices.

"Douze contes vagabonds" de Gabriel Garcia Marquez - 1993

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Douze histoires, douze voyages, douze destinations qui sont autant de faces du prisme de la personnalité de l'auteur. Tantôt humoristiques, tantôt poétiques, souvent hors du temps et songeuses, parfois réalistes et accrocheuses, toutes les nouvelles ne se valent pas mais l'ensemble forme un assez beau bouquet.
Si les plus étranges ont emportés mon adhésion, je garderais surtout en mémoire la dernière nouvelle du recueil, "La trace de ton sang sur la neige", qui est d'un romantisme déchirant.
Je ne conseillerai pas de s'intéresser à l'auteur par ce livre tant il n'est pas représentatif de son talent. Mais sûr qu'au détour de quelques histoires, vous y trouverez tout de même votre compte.

"Un dernier verre avant la guerre" de Dennis Lehane - 1994

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Premier roman de Lehane, le style est déjà bien posé et le thème de l'enfant dépouillé de son innocence par l'adulte clairement présent (Mystic River enfoncera le clou quelques années plus tard). Le duo de détectives est atypique car la dualité homme/femme et la connivence teintée d'une relation amour/haine amène une véritable touche dans ce polar qui file sur des rails.
Des rails, oui, mais solides. Les personnages sont bien campés, les enjeux bien définis, chacun sait où il va et ce qu'il doit faire, et chacun reste à sa place. Et c'est un peu en cela que le roman déçoit un peu. Non pas dans sa construction ni dans la narration vraiment très bonne, mais dans le fait que jamais Lehane surprend, jamais il dérive et nous emmène là où il ne faudrait pas aller. Il se met rarement en danger, phénomène typique du premier roman, et une fois accepté cet état de faits, le livre se suit sans déplaisir, malgré une fin à en vomir des arcs-en-ciels.
Maintenant que j'ai le duo de détectives en tête, il faudrait que j'aille faire un tour du côté de "Gone, Baby, Gone"...

[Mr Jack]

Maintenant que j'ai le duo de détectives en tête, il faudrait que j'aille faire un tour du côté de "Gone, Baby, Gone"...

Continue plutôt dans l'ordre, Ténèbres prenez-moi la main te décevras sans doute pas

Sinon je viens de finir Intérieur Nuit de Marisha Pessl et je souscris aux dires de Val, chouette bouquin !

[Val]

Content qu'il t'ait plu.