par Scalp » Jeu 23 Nov 2017, 08:06
8,5/10
Brawl in Cell Block 99 de S.Craig Zahler - 2017
Après une revision bénéfique de Bone Tomahawk, celle ci de son second film est pas bénéfique car elle confirme juste ma première impression qui en fait toujours un des meilleurs films de ces 10 dernières années, voir plus (ouais je me lâche).
Comme j'ai dis avec Bone Tomahawk, Zahler est le meilleur réalisateur qui est apparu ces 10 dernières années, un mec unique avec ses trucs à lui et ce don de trouver des acteurs et les sortir de leur zone de confort (le mec de Lost pour Bone et Vaughn ici).
Encore une fois on se trouve devant un film qui prend son temps (plus de 2h encore mais pour moi le film ne souffre d'aucun problème de rythme) et Zahler a foi en son histoire car il faut y croire quand on reste pendant plus de 2h avec le même perso, on colle aux basques de ce personnage, on le suit dans sa lente descente aux enfers, on souffre avec lui, et ce que j'aime bien c'est que Zahler sait le rendre sympathique sans en faire des caisses, ça aussi c'est un talent rare de savoir doser pour nous faire apprécier un personnage. La force du film est sa linéarité, ça raconte une histoire simple et que ça prenne son temps est jamais un problème, et quand Vaughn atterrit en prison et qu'il va devoir avoir un "peu" recours à la violence, le film prend alors une autre dimension, on se dit ah ouais putain mais il tue ce truc.
Ça essaye pas d'être prétentieux, ça se perd pas avec des sous intrigues bidon ou des seconds rôles à la con comme Shot Caller qui est sorti en même temps et qui avait même meilleur presse. Non ici on a une lente descente en enfer qui sera de plus en plus violente. C'est clairement un des films les plus viscérale que j'ai vu ces dernières années, alors viscérale j'ai l'impression que c'est un mot qu'on emploi à tort et à travers mais c'est un adjectif qui colle à peu de réalisateur mais Zahler lui oui et c'est pas fake comme certains (coucou Aronofsky, je sais pas pourquoi je suis allé rechercher le nom de ce tocard oublié mais c'est bien le premier qui me vient à l'esprit quand on parle de fake). Ici on est devant de la violence frontale, c'est pas fun, on a mal pour eux et certains plans sont carrément ouf (la tronche de l'asiatique reste toujours un truc assez surprenant) mais là où le film est fort c'est que jamais ça fait gratuit, on est pas devant devant du torture porn ou du gonzo, non ça colle à l'univers du film donc quand on écrase sur une tête sur du béton ben on voit et c'est normal.
Le film prend donc son temps (mais la première heure est cool à suivre), pendant une heure ça pose le contexte et puis dans la seconde heure ça passe en mode on pète des tronches, de la manière qui fait le plus mal possible, le premier pétage de bras surprend et après on a toujours un petit détail cool (la dent dans le bras après un coup de coude).
Sur la forme c'est rough (et ça a rien à voir avec son western où il avait quand même chiadé le truc), ça sent le bitume et la prison elle sent la merde, on est devant un film tout droit sorti des 70's sans que ce soit une copie de ce qui se faisait à l'époque. On a beaucoup de plans fixe et de caméra à l'épaule mais ça fait sens et jamais on se dit c'est plan plan, non le mec sait exactement ce qu'il fait (les plans avec le gros tatoo de Vaughn donne une vraie classe au personnage et lui donne ce coté force tranquille assez impressionnant). Et quand ça bastonne pas besoin d'une caméra qui part dans tous les sens, pas besoin d'un surdécoupage, non juste le bon angle, une chorégraphie correct et un bon sound désign et on est devant un truc qui marche à fond. Et puis ce dernier plan quoi, peut on faire plus radical (et le film se termine avec une zic qui colle tellement pas à ce qu'on vient de voir).
Zahler a une qualité rare, il s'est sublimé les acteurs, sur ce coté là il est vraiment l'héritier de Tarantino, ici on retrouve Vince Vaughn jusque là dans sa carrière c'était que des comédies plus ou moins réussies (bon il était aussi dans le remake pourri de Psycho et l'année d'avant il avait bossé pour Mel Gibson, qu'il retrouvera d'ailleurs dans le film suivant de Zahler) et là il signe sa prestation la plus marquante et de loin, jamais on doute de sa force, de sa détermination, il en impose comme jamais. Don Johnson est impérial, encore une fois quand on le voit dans ce genre de rôle on se dit que c'est tellement dommage qu'on lui donne pas plus de rôle. On croise quelques autres têtes connues comme Jennifer Carpenter (faut qu'elle mange elle), Udo Kier qui joue pas que dans des nanards et le réal de série Clark Johnson (qui reste pour moi un des acteurs de The Wire).
Je crois bien que c'est tout simplement dans le top 10 des ces 10 dernières années. Zahler the last mohican du cinéma badass.
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