From here to eternity (Tant qu'il y aura des hommes) de Fred Zinnemann
(1953)
Un classique à la réputation pour le moins élogieuse, typiquement le genre de film dont n'importe quel cinéphile a entendu parler un jour sans forcément le voir, ne serait-ce que pour sa séquence de baiser sur la plage qui a, depuis, posé son empreinte sur la pop-culture. Un film dont je savais pertinemment que j'allais le voir un jour, mais dont je repoussais la vision, et finalement il aura fallu que le film soit cité directement par mes réalisatrices favorites pour que je passe le cap, et pour le coup je suis bien loin d'être déçu. C'est pas spécialement étonnant que le film possède la réputation qu'il a aujourd'hui, tant il y a un peu tout ce qui peut faire un classique américain : des bons sentiments, des valeurs à prôner, une justice à remettre en place, des histoires d'amour qui s'entrecroisent et des personnages torturés qui n'auront pas forcément la fin qu'ils méritent. Bref, à partir du moment où l'on accepte quelques ficelles un peu grosses, c'est vraiment un plaisir que de découvrir ce métrage qui méritait amplement son succès.
Forcément, il faut remettre le film dans son contexte de sortie, quelques années après la fin de la guerre, où l'heure était encore à honorer de façon plus ou moins pompeuse les institutions militaires, et là en l’occurrence, contrairement à pas mal de films du même genre, on est loin de la glorification de l'armée, et l'intérêt va se trouver bien plus dans les portraits d'hommes à travers quelques soldats. Des figures pourtant franchement pas héroïques au premier abord : un ancien boxeur en manque d'amour qui refuse de combattre pour sa compagnie, un sous-officier qui séduit la femme de son supérieur, un bon-vivant qui aime bien s'attirer des ennuis, bref, on est loin d'être devant des personnages classiques de ce genre de film, mais c'est clairement ce qui va faire la force de From here to eternity. Surtout qu'à côté de ça, la vision des militaires est pas toujours glorieuse, entre les officiers qui font n'importe quoi pour arriver à leurs fins et les gardiens du camp de redressement qui s'avèrent être des tortionnaires inhumains. Alors certes, les bonnes valeurs reprennent le dessus à la fin, mais l'institution en prend pas mal pour son grade, et c'est justement, comme pour les personnages, ce regard qui refuse l'idéalisation qui rend le métrage aussi intéressant à regarder.
Le récit a en plus le mérite d'être carrément surprenant par moment, surtout dans son dernier acte avec ce qui s'apparente un peu à un twist (en ce qui me concerne, je l'avais pas vu venir, même si au final c'est carrément logique) même si, de côté formel, c'est somme toute assez convenu. En revanche, gros bonus concernant le casting quatre étoiles où quasiment tout le monde est utilisé à contre-emploi, et où tout le monde s'avère bon, Burt Lancaster en tête, et il y a même Ernest Borgnine dans un de ses premiers rôles (et il est bien plus convaincant que dans tous les autres films où j'ai pu le voir auparavant). Un classique indéniable dont l'influence se ressent encore dans des productions contemporaines (pour moi, c'est évident que c'est la principale influence de Bay sur Pearl Harbor), un excellent film que je conseille vivement.
8/10