Snowpiercer, Bong Joon-ho (2013)
Bong Joon-ho m'épate une fois de plus dans ce Blockbuster bien plus malin qu'il n'y parait, ne dévoilant toutes ses cartes que progressivement. N'ayant pas encore lu le comics, je ne vais pas m'amuser à faire le jeu des différences, mais en tous cas, ce film parvient très bien à rendre son univers post-apocalyptique cohérent et crédible, parfaitement dépeint à travers ce train cosmopolite aux wagons dotés d'ambiances fortement disparates (reproduisant ainsi la société humaine en miniature), obligé d'effectuer le même circuit à l'infini. Dommage que certains personnages parviennent plus difficilement à exister avant de passer à l'action au moins (au moins, pas de traumas à rallonge), incluant celui de Chris Evans. Mais il faut relativiser avec surtout Song Kang-ho, génial dès son apparition (véritable acteur-caméléon), formant un duo décalé avec celle qui incarne sa fille, et Ed Harris, extrêmement convainquant malgré un rôle casse-gueule de sauveur excentrique jouant à Dieu.
Ensuite, malgré un premier degré mis en avant avec des séquences sacrément sombres et dérangeantes en jouant malicieusement avec le suggéré puisqu'on est dans un PG13, Bong Joon-ho imprime sa patte par des ruptures de ton plus ou moins heureuses. Ainsi, Tilda Swinton en fasciste illuminée lorgne dangereusement vers le surjeu éhonté (la satire va un peu trop loin). Mais la séquence de la révolte, menée de manière plutôt intéressante et intelligente en mettant l'accent sur l'observation (ça devient néanmoins trop facile vers la fin), est réjouissante tant elle bouscule les codes du héros, en introduisant d'abord un retournement de situation sur fond de course de relais évoquant la stratégie collective de The Host, puis un psychopathe qui dépasse dangereusement les limites simples de la survie pour faire cesser cette insurrection, renvoyant tous deux au propos central du film selon lequel il faut de tout pour faire un monde. En tous cas, c'est sacrément puissant et symbolique, et plus on avance, plus ça gagne en subtilité tout en demeurant divertissant.
Du coup, je ne comprends pas trop certains reproches envers le film pointant son soit-disant manichéisme. Alors certes, le train est conçu de manière à séparer sa queue du reste, mais lors du discours final, Wilford, l'allumé "bienfaiteur" du train, délivre des choix étranges mais parfaitement justifiés qui vont à l'encontre de ce genre de critique. Ce qui termine de faire de Snowpiercer un drôle de film humaniste (utilitariste diront certains) sur la condition humaine, tout en étant brillant dans la manière de rompre avec le sérieux ambiant sans être gratuit dans le fond (c'est même là qu'il révèle son coeur). Sans oublier une utilisation parcimonieuse et intelligente des CGI qui sont rarement là pour faire joli. Bref, jusqu'à présent Bong Joon-ho ne m'a jamais déçu, en espérant que sa prochaine oeuvre sera du même calibre, bien qu'il s'agisse d'un divertissement plus ouvertement tout public.
Ensuite, malgré un premier degré mis en avant avec des séquences sacrément sombres et dérangeantes en jouant malicieusement avec le suggéré puisqu'on est dans un PG13, Bong Joon-ho imprime sa patte par des ruptures de ton plus ou moins heureuses. Ainsi, Tilda Swinton en fasciste illuminée lorgne dangereusement vers le surjeu éhonté (la satire va un peu trop loin). Mais la séquence de la révolte, menée de manière plutôt intéressante et intelligente en mettant l'accent sur l'observation (ça devient néanmoins trop facile vers la fin), est réjouissante tant elle bouscule les codes du héros, en introduisant d'abord un retournement de situation sur fond de course de relais évoquant la stratégie collective de The Host, puis un psychopathe qui dépasse dangereusement les limites simples de la survie pour faire cesser cette insurrection, renvoyant tous deux au propos central du film selon lequel il faut de tout pour faire un monde. En tous cas, c'est sacrément puissant et symbolique, et plus on avance, plus ça gagne en subtilité tout en demeurant divertissant.
Du coup, je ne comprends pas trop certains reproches envers le film pointant son soit-disant manichéisme. Alors certes, le train est conçu de manière à séparer sa queue du reste, mais lors du discours final, Wilford, l'allumé "bienfaiteur" du train, délivre des choix étranges mais parfaitement justifiés qui vont à l'encontre de ce genre de critique. Ce qui termine de faire de Snowpiercer un drôle de film humaniste (utilitariste diront certains) sur la condition humaine, tout en étant brillant dans la manière de rompre avec le sérieux ambiant sans être gratuit dans le fond (c'est même là qu'il révèle son coeur). Sans oublier une utilisation parcimonieuse et intelligente des CGI qui sont rarement là pour faire joli. Bref, jusqu'à présent Bong Joon-ho ne m'a jamais déçu, en espérant que sa prochaine oeuvre sera du même calibre, bien qu'il s'agisse d'un divertissement plus ouvertement tout public.
Note : 8/10