[Alegas] Mes Critiques en 2017

[Alegas]

Voyage of Time : Life's Journey (Voyage of Time : Au fil de la vie) de Terrence Malick
(2016)

Le voilà enfin, le documentaire sur lequel Malick aura passé plusieurs décennies à monter. Un projet pour le moins étonnant mais qui, à y réfléchir, est un peu une évidence quand on considère globalement le travail de Malick à travers les années, notamment avec sa volonté de tracer un parallèle entre la condition humaine et des forces qui la dépasse, qu'elles soient de l'ordre du temps, du naturel, ou même du divin. A bien des égards, Voyage of Time fait penser à une version longue d'une superbe séquence de Tree of Life, à savoir la fameuse scène où Malick montre les origines de la vie dans l'univers jusqu'à l'apparition de l'humanité. Une simplification simpliste mais pas totalement fausse, puisque le film a des parallèles évidents avec la scène mentionnée, notamment sur la forme où on devine que beaucoup de plans du film viennent de rushes de Tree of Life. Pour autant, Voyage of Time est un film qui se suffit amplement à lui-même, et il suffit de constater que Malick s'adresse cette fois à la Nature, et non à Dieu, pour s'en convaincre, ce qui rend le film d'autant plus puissant à l'heure où le rapport de l'homme avec l'écologie devient un sujet d'urgence.

De ce côté là, le film de Malick a de quoi surprendre, puisque sur la forme, il rappelle bien plus des œuvres comme Koyaanisqatsi ou Baraka que le reste de la filmographie de Malick. Une succession d'images qui créent du sens entre elles donc, et sur lequel flotte une voix-off de Cate Blanchett qui est l'un des rares défauts du métrage. Sans être particulièrement agaçante, puisqu'elle rythme au final une bonne partie du film, il aurait été encore plus singulier que de se tourner vers un film entièrement muet et bercé par la musique, ce qui aurait donné encore plus de forces aux images. Pour le reste, difficile de décrire le film tant on est, comme les films de Godfrey Reggio ou Ron Fricke, dans de l'expérience purement sensitive et symbolique, mais clairement Voyage of Time est une jolie réussite, surtout quand il met en parallèle la simplicité de la nature face aux problèmes de notre civilisation. Le plus beau film de Malick depuis Tree of Life donc, et désormais je dois avouer être assez curieux de voir le cut avec Brad Pitt, ne serait-ce que pour voir s'il apporte quelque chose en plus à cette expérience de cinéma.

7,5/10

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Dinosaur (Dinosaure) de Ralph Zondag & Eric Leighton
(2000)

Si The Emperor's New Groove signe la fin de l'indépendance artistique de l'âge d'or 90's chez Disney, Dinosaur est clairement un film du changement qui rate totalement le coche. Pour la première fois de son histoire, le studio saute le pas de l'animation 3D, mais pas de la même manière que le studio Pixar puisqu'il n'est pas question d'un film entièrement réalisé à partir d'images de synthèse, mais plutôt d'un film où l'animation 3D se fondrait dans un univers réaliste, filmé via des caméras traditionnelles. Clairement un film très ambitieux à l'époque, ne serait-ce que pour le pari technique qu'il imposait à la face du monde, Dinosaur est une production qui a longtemps été en gestation chez Disney, partie d'un script de Paul Verhoeven dans les années 80, pour un film muet où les dinosaures devaient être animés en stop-motion. Avec l'évolution de la technologie 3D, Disney lance enfin le film dans la seconde moitié des années 90, mais en épurant largement le projet pour le rendre commercialement plus prometteur, notamment en incluant des personnages dinosaures capables de parler. Il en résulte l'image même de la jolie coquille vide, puisque le film, dès sa sortie, a été visé de nombreuses fois pour son script simpliste au possible, comme si un sujet comme les dinosaures ne pouvait que donner un énième pamphlet sur l'amitié et sur la force du rassemblement.

Dinosaur a beau être impressionnant lors de ses premières minutes, avec son refus de faire parler ses personnages, sa capacité à créer de l'épique, le tout sur un superbe score de James Newton Howard, mais dès que les singes rentrent dans le récit, le film s'effondre au fur et à mesure pour laisser place à quelque chose de terriblement conventionnel et de carrément simplet par moment (faut voir la pauvreté des dialogues). Visuellement, le film avait beau faire illusion à l'époque de sa sortie, il est aujourd'hui une succession de plans qui vieillissent terriblement mal, la faute à des incrustations sacrément limites par moment. C'est bien simple, pour un joli plan, on doit se taper quatre ou cinq trucs bien hideux qui font relativiser sur des films sortis à la même période comme Final Fantasy. Bref, le film a beau avoir une ambition technique indéniable, le fait que cette même ambition ne se retrouve pas dans les autres aspects du métrage font couler ce dernier, rendant le projet aurtrefois pharaonique en simple petite curiosité aujourd'hui.

4/10

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Shallow Grave (Petits meurtres entre amis) de Danny Boyle
(1994)

Quand on demande aujourd'hui à Danny Boyle quel est l’œuvre de sa filmographie qu'il préfère, son choix se tourne, de façon étonnante, vers son premier essai à la réalisation, car selon lui le film possède une fougue de sa jeunesse qu'il estime avoir perdu depuis et qu'il ne retrouvera jamais, car elle était propre à l'époque et au contexte dans lequel il l'a tourné. En découvrant Shallow Grave, on comprend aisément ce qu'il veut dire. Non pas que ce premier film soit singulièrement différent de ce qu'il tournera par la suite, bien au contraire, on y trouve même déjà beaucoup de ce qui fera le sel de son cinéma à venir, mais clairement il y a dans cette première bobine un engouement visible à l'écran. Un engouement que je rapprocherais volontiers du fait que le film est, plus qu'une preuve d'un savoir-faire formel, une collaboration entre potes où l'entente se ressent sur chaque scène, quand bien même le script du métrage évoque au contraire la lente autodestruction d'une amitié solide (comme Trainspotting en somme). De ce fait, ce premier film aura beau avoir beaucoup de défauts, notamment quand il s'agit de titiller le script, la bonne volonté se ressent tellement sur l'ensemble du métrage que cela pousse à l'indulgence.

Oui le récit possède des facilités, oui le revirement psychologique des personnages, notamment celui de Christopher Eccleston, donne l'impression de sortir de nulle part, oui le rythme n'est pas toujours bien géré, mais le fait est que pour le reste, le film tient franchement bien la route, avec notamment un juste équilibre entre le premier degré des situations et l'humour noir qui parsème le métrage. Surtout que Boyle, dès ce premier film, montre déjà un certain talent pour la direction d'acteurs (le trio est excellent) mais aussi une certaine capacité à créer des ambiances particulières avec un petit budget, et de ce côté là le film est très inventif dans ses choix de photographie et de placement de caméra. Clairement pas un grand film à mes yeux (il faudra plutôt attendre le film suivant pour ça) mais un métrage sympathique qui possède à la fois les qualités et défauts visibles dans nombre de premiers essais de futurs réalisateurs confirmés.

6/10

[maltese]

Je l'ai découvert il y a peu celui-là et j'ai vraiment mais vraiment souffert pour aller jusqu'au bout, j'ai trouvé ça insupportable, les acteurs, les personnages, la mise en scène, le rythme... Ca m'a limite fait peur pour une future redécouverte de Trainspotting

[Jed_Trigado]

Il est pas terrible ce film, un des rares Boyle que je ne porte pas dans mon cœur.

[Alegas]

Pour un premier film je trouve ça franchement honnête. Après ouais le film a une réputation un peu abusée.

[Scalp]

Ca se traine pas mal pour pas grand chose.

[Alegas]

Atlantis, The Lost Empire (Atlantide, l'empire perdu) de Gary Trousdale & Kirk Wise
(2001)

Nouveau gros projet pour Disney qui cherche à marquer d'une pierre blanche son entrée dans le 21ème siècle, notamment pour concurrencer une concurrence de plus en plus rude, qu'elle soit sur le terrain de l'animation 2D ou 3D. Difficile de se rendre compte aujourd'hui, avec juste le film en main, à quel point comptait Atlantis pour le studio, il fallait vraiment le vivre à l'époque, avec une promo marketing particulièrement agressive (je me souviens notamment des affiches absolument partout, et des jouets chez Macdo ), et une volonté de Disney de capitaliser à fond sur l'univers avec une série d'animation ou encore une attraction dédiée au film, et malheureusement le film sera un échec. Ce dernier peut, à mon sens, s'expliquer par un point assez simple, à savoir le manque d'identité Disney dans le métrage. Non pas que ce soit un défaut, loin de là (le film ressemble même par moment à du Don Bluth, ce qui est plutôt bon signe), mais il y a certainement eu un rejet du public habituel face à ce projet trop premier degré et surtout très éloigné de ce qu'a pu faire le studio par le passé (au final, c'est Shrek qui raflera tout cette année là). Ce qui est bien dommage car Atlantis est quand même un très gros hommage à Jules Verne, et aux récits d'exploration en général, avec cette histoire d'expédition qui va tout tenter pour accéder à l'Atlantide, et qui découvrira au final une civilisation en voie d'extinction.

Bref, sur les intentions le film fait plaisir à voir, c'est ambitieux, classique dans le bon sens du terme et même visuellement, malgré un character design pas génial, ça arrive à marquer la rétine par moment, notamment du côté des décors et de la mise en scène (que ça fait du bien de revoir un Disney en scope, surtout qu'ici c'est parfaitement justifié vu la teneur du projet). Là où le film pêche en revanche, ça va être du côté du script, et globalement de la durée du métrage. Atlantis est finalement tellement ambitieux qu'il en vient à s'écrouler par moment sous son propre poids, la faute à une durée trop courte qui fait que toutes les péripéties s'enchaînent trop rapidement, et surtout que bon nombre de personnages secondaires (et il y en a beaucoup) sont sacrifiés au profit du rythme. Résultat : un personnage aussi important que la princesse se résume à peau de chagrin, et quand bien même le potentiel est là, le personnage a beaucoup de mal à exister à l'écran. Encore une fois, c'est bien dommage, car le film a vraiment beaucoup de points positifs de son côté pour faire du pur film d'aventure (ce score de James Newton Howard, décidément le bonhomme était inspiré chez Disney) mais il reste au final un métrage clairement sympathique, mais néanmoins très perfectible.

6/10

[Alegas]

Tunnel de Kim Seong-hoon
(2016)

Vu le succès du film dans son pays d'origine, j'espérais un film catastrophe bien plus potable qu'à l'ordinaire, car bon dans ce genre là il faut clairement reconnaître que les coréens ont un peu trop tendance à copier ce qui se fait du côté du cinéma américain, mais manque de bol c'est au final un film que tout le monde aura oublié d'ici quelques mois. Alors déjà, il faut rendre à César ce qui appartient à César : le film se suit sans réel ennui. C'est jamais réellement passionnant non plus, ça se regarde en mode automatique, mais au moins on atteint pas la nullité de ce que peuvent faire les coréens dans ce type de film, genre The Tower. Le problème, c'est que passée la première demi-heure, le déroulement entier du film est super prévisible (ce qui est quand même un peu bête pour un film dont le suspense se joue sur la survie d'un homme) et que surtout ça n'ose pas filmer uniquement le personnage coincé, ce qui aurait pu donner un truc sympa à la Buried, et au final on se retrouve plus sur un film de sauvetage qu'un film de survie à proprement parler.

Du coup, à un moment du film, le script finit par se foutre de comment le héros arrive à subsister avec pas grand chose, donc jamais on voit comment il se débrouille pour chier pendant plusieurs jours dans une bagnole (oui c'est un détail mais je me suis posé plusieurs fois la question ). Et forcément, Corée oblige, ça insiste à fond sur les injustices et les erreurs politiques avec zéro subtilité, ce qui donne parfois des moments bien gênants en terme d'écriture. Puis bon, le coup des médias pas gentils c'est le truc vu et revu dans ce genre de film, un peu d'originalité n'aurait pas été de trop. Le seul point où je ne serais pas méchant ça sera du côté de l'interprétation, car hormis Bae Doona dans un rôle ultra-simpliste (ce qui étonne vu que d'habitude elle choisit plutôt bien ses rôles) tout le monde se débrouille bien, Ha Jeong-woo en tête (mais bon j'ai l'impression qu'il a jamais été mauvais de sa carrière lui). Pas honteux, mais pas génial non plus, c'est surtout carrément anecdotique à mon sens, et pendant ce temps, le dernier Kim Jee-woon n'a toujours pas droit à une sortie française...

5/10

[Dunandan]

il se débrouille pour chier pendant plusieurs dans une bagnole

Je ne comprends pas ta phrase .

[Alegas]

J'avais oublié un mot.

[Mark Chopper]

C'est le chien qui mange les restes

[Alegas]

Beurk.

[Mark Chopper]

Bah écoute, le mec boit déjà sa pisse, il ne peut pas tout faire

[Alegas]

Treasure Planet (La Planète au trésor, un nouvel univers) de John Musker & Ron Clements
(2002)

Je retourne totalement ma veste sur celui-là : découvert il y a 3-4 ans, je l'avais détesté, et maintenant j'y vois l'un des Disney les plus appréciables de ces quinze dernières années. Il faut dire que le film n'est pas totalement dénué de talents, puisqu'on retrouve à la barre du projet le duo Clements/Musker qui est à mon sens le meilleur duo de réalisateurs ayant officié chez Disney (Great Mouse Detective, Little Mermaid, Aladdin, Hercules, c'était eux, excusez du peu), et si on rajoute à ça le concept assez génial, qui est de transposer la trame scénaristique de L’île au trésor de Stevenson dans un univers de science-fiction, on obtient un des meilleurs divertissements d'aventure du studio. C'est bien simple : j'ai finalement assez peu de réserves sur le métrage, car hormis un character-design pas toujours inspiré (il y a des persos qui pètent la classe pendant que d'autres sont très moches), ce film c'est du tout bon, entre mise en scène dynamique, rythme bien géré et globalement un script plutôt bien foutu avec des relations entre personnages assez inédites pour du Disney. Puis bon, Clements/Musker oblige, il y a un aspect qui est particulièrement réussi ici alors que c'est pas souvent le cas dans des productions de ce genre, à savoir l'humour, qui fonctionne ici vraiment bien (je pense notamment à des sidekicks comme Morph qui non seulement arrivent à faire rire, mais qui en plus ont une véritable utilité dans l'histoire).

Visuellement, le film est particulièrement réussi avec un mélange pas trop mal du tout entre la 2D traditionnelle et la 3D pour les éléments plus spectaculaires (on se rapproche pas mal du rendu qu'avait Tarzan), et surtout la direction artistique est franchement grandiose, entre les cités spatiales gigantesques et les navires du 17ème qui naviguent dans les étoiles, il y a vraiment de quoi en prendre plein les yeux (faut dire aussi que le film était un sacré budget pour l'époque : 140 millions ). En revanche, sur ce film, la VO est obligatoire, sous peine de se taper David Halliday et Loránt Deutsch, d'ailleurs je les soupçonne grandement de m'avoir fait détester le film à la première vision . Un Disney injustement sous-estimé, et dont l'échec au box-office m'attriste, car bon, au final c'est quand même un cran au-dessus de Pirates des Caraïbes, qui sortira un an plus tard.

7/10