Troupe d'Elite : L'Ennemi Interieur - José Padilha (2011)
Je pense comme pour beaucoup le premier Troupe d'Elite avait été une grande surprise, un revival du polar 70's qui dénonce tel pratiqué par Sidney Lumet délocalisé au pays de la Samba, bien cash dans sa réalisation. Pourtant, je pensais que le film n'appelait pas de suite, mais c'est bien sous-estimer le talent de José Padilha qui nous propose une séquelle très différente dans son ton qui prolonge intelligemment le premier opus. Pour bien poser son trip, Padilha décide de commencer sur les chapeaux de roues avec un flash-forward percutant, puis ensuite une longue séquence d’émeute dans une prison où l'on retrouve le badass Nascimento (toujours campé par l'excellent Wagner Moura), toujours aux commandes de la BOPE. Jusque là, on se dit rien de nouveau sous le soleil mais un événement malheureux va pousser notre Rambo des favelas de ranger les flingues pour devenir un petit bureaucrate ET c'est là qu'on saisit le projet : ce n'est plus les petits dealers, les vrais bad guys, mais la société brésilienne qui va être visée en son for intérieur, magouilles, trafics, élimination de témoins, impliquant flics ripous (le long passage où on les voit monter leur juteux business est passionnant) et politicards.
C'est d'autant plus réussi que le film jongle avec énormément de personnages agissant tous sur différentes strates sans jamais nous perdre ou nous emmerder une seconde, on peut même dire qu'il prépare le terrain pour la série Narcos grâce a un montage étudié et une voix off fluidifiant les compréhensions des tenants et des aboutissants de l'histoire, d'autant que certains personnages/situations se recoupent d'un programme a l'autre (Nascimento et Carillo, c'est clairement le même perso). Mais ce qui est encore plus dingue, c'est qu'on bien du mal a ne pas croire a cette vision complètement anarchique et inébranlable de la criminalité, où peut importe les moyens a mettre et ça va parfois très loin, on arrive toujours a ses fins (difficile de faire plus pessimiste que le monologue final). Au final, je pense préférer d'une courte tête cet opus, parce qu'il ne se contente pas de recycler ses acquis et propose un récit extrêmement ambitieux, mais les deux films se complètement parfaitement en somme.
8,5/10