J'entrais dans la salle sans savoir ce que j'allais voir, si ce n'est que c'était un western et avec la connaissance des gros noms du casting, et finalement c'était pas plus mal car pour le coup c'est vraiment un film qui joue énormément sur l'effet de surprise, notamment au niveau de sa construction. Curieux film que ce
Brimstone qui, en apparence, a tout l'air d'une production un peu fauchée, et qui se révèle être, sur fond d'histoire de vengeance, une sorte de constat spirituel et existentialiste sur le Grand Ouest, et sur l'adage stipulant que le passé nous rattrape toujours. Je vois d'ici ceux qui crieront au film de petit malin, qui tente de prendre le genre de haut avec sa pose un brin pompeuse, mais pour le coup c'est clairement ce qu'il y a de mieux dans le film,
Brimstone n'étant jamais aussi bon que quand il se transforme en requiem macabre à la limite du fantastique. Ça donne du coup un film à la construction pour le moins intrigante, puisque remontant dans le temps pour comprendre l'origine de la vengeance, et avec une utilisation de chapitres de la Bible qui en dit long sur le caractère universel que souhaite donner le réalisateur à son récit.
Malheureusement,
Brimstone souffre d'un plutôt gros problème, à savoir celui de l’essoufflement au fur et à mesure que le récit progresse. Forcément, sur un film de presque 2H30, ça se ressent pas mal. Du coup, autant les deux premiers chapitres fonctionnent plutôt bien, autant le reste ne fait qu'énoncer des choses que l'on avait déjà deviné, en plus de rendre le propos de moins en moins subtil, notamment sur ses penchants féministe et anti-religieux, surlignés comme pas possible. Surtout qu'à côté de ça, le final apocalyptique ne porte pas très bien son nom, avec quelque chose de relativement convenu, si on excepte bien sûr la toute fin qui elle, pour le coup, est plutôt couillue dans son genre
(on aura beau dire ce qu'on veut, le film va jusqu'au bout de son propos). Formellement, le film est assez surprenant, surtout de la part d'un mec dont je n'avais jusqu'ici jamais entendu parler. C'est jamais virtuose mais on sent le bonhomme capable de dissimuler un budget assez maigre avec une réelle maîtrise pour livrer des plans bien chiadés. Côté musique, beau boulot de Tom Holkenborg, aka Junkie XL, qui livre un très agréable score qui rappelle pas mal les moments les plus lyriques de
Mad Max : Fury Road. Enfin, côté casting, Guy Pearce fait très bien le job en boogeyman bigger than life, mais la réelle surprise vient à mon sens de Dakota Fanning, qui n'avait pas été aussi convaincante depuis plus de dix ans. En revanche, je suis bien moins convaincu par la présence de Kit Harrington, dans un second rôle qui aurait mérité bien plus quelqu'un de moins connu et de plus charismatique. Un film sympathique au demeurant à bien des égards, mais qui s'effondre malheureusement sous le poids de ses ambitions, ainsi que de son manque flagrant de subtilité.