LE VOL DU PHOENIX
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Robert Aldrich / 1965 ............................. 8.5/10
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Quand un petit grain de sable aidé de ses copains pose au sol l’un des plus grands accomplissements de l’humanité, c’est l’heure pour Aldrich d’observer au microscope ses semblables, en confrontant ces derniers à leurs peurs les plus primales : isolement, manque d’eau, de nourriture, naissance du désespoir. Un enchaînement radical qui conduit fatalement au seul tunnel que les sains d’esprit ont à cœur de traverser le plus tard possible.
C’est une plume redoutable qui pose personnages et enjeux pour une fresque humaine accusant 2h40 à la pesée qui ne faiblit jamais d’intensité. Il fallait un sens de la narration sans faille pour réussir à faire naître la tension d’un immobilisme caractérisé. Les hommes sont privés de leurs mouvements, condamnés à s’engluer dans l’ombre d’une carcasse morte, mais ce qui fait leur complexité est bel et bien au cœur du film.
Les caractères se dessinent progressivement, chaque personnage possède une part d’ombre qu’il expose aux autres plus ou moins tardivement. C’est certainement à ce niveau que Le vol du Phoenix convainc tout particulièrement : s’il n’évite pas quelques lieux communs nécessaires à cadrer l’intrigue (le pilote d’expérience autoritaire, son fidèle acolyte porté sur la bibine, l’allemand très pragmatique…), il parvient à rendre intéressant le moindre personnage en tirant le meilleur des acteurs qui les incarnent pour illustrer la complexité de leurs états d’âme : entre instinct de survie, principes personnels et impulsivité, difficile pour tout le monde de garder sa lucidité alors que sa propre vie est menacée.
Pour le reste, c’est le savoir-faire d’Aldrich qui s’exprime à l’écran alors qu’il donne vie à un désert impitoyable. Si sa mise en scène, composée essentiellement de plans fixes, reste relativement sage, elle n’en reste pas moins efficace. L’espace filmé est particulièrement restreint –on est presque dans un huit-clos finalement– et pourtant on ne ressent pas, ou très peu, cette limite. Par quelques plans larges rappelant l’isolement des hommes, Aldrich donne de l’ampleur à ses images et renforce l’oppression des hommes qu’il rend prisonniers du soleil.
Son sens du rythme fait le reste, ainsi qu’une rencontre avec l’habitant au creux d’un Dune. Comme quoi, les détails font parfois la différence : même si l’ensemble du film est remarquable, une séquence en particulier, on ne peut plus furtive, mais d’une violence sourde, me restera en mémoire, tant elle donne, non seulement, toute sa gravité à cet ultime vol du Phoenix, mais elle justifie aussi sa fin plus légère. Aldrich n’a jamais oublié que son histoire est un drame couteux en vies humaines, il le rappelle à son audience par quelques trépas marquants. C’est sa marque de fabrique, illustrer le drame sans jamais sortir les violons. Une réussite ici : si les rires concluent la séquence, le spectateur sait très bien à quoi s’en tenir.
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Robert Aldrich / 1965 ............................. 8.5/10
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Quand un petit grain de sable aidé de ses copains pose au sol l’un des plus grands accomplissements de l’humanité, c’est l’heure pour Aldrich d’observer au microscope ses semblables, en confrontant ces derniers à leurs peurs les plus primales : isolement, manque d’eau, de nourriture, naissance du désespoir. Un enchaînement radical qui conduit fatalement au seul tunnel que les sains d’esprit ont à cœur de traverser le plus tard possible.
C’est une plume redoutable qui pose personnages et enjeux pour une fresque humaine accusant 2h40 à la pesée qui ne faiblit jamais d’intensité. Il fallait un sens de la narration sans faille pour réussir à faire naître la tension d’un immobilisme caractérisé. Les hommes sont privés de leurs mouvements, condamnés à s’engluer dans l’ombre d’une carcasse morte, mais ce qui fait leur complexité est bel et bien au cœur du film.
Les caractères se dessinent progressivement, chaque personnage possède une part d’ombre qu’il expose aux autres plus ou moins tardivement. C’est certainement à ce niveau que Le vol du Phoenix convainc tout particulièrement : s’il n’évite pas quelques lieux communs nécessaires à cadrer l’intrigue (le pilote d’expérience autoritaire, son fidèle acolyte porté sur la bibine, l’allemand très pragmatique…), il parvient à rendre intéressant le moindre personnage en tirant le meilleur des acteurs qui les incarnent pour illustrer la complexité de leurs états d’âme : entre instinct de survie, principes personnels et impulsivité, difficile pour tout le monde de garder sa lucidité alors que sa propre vie est menacée.
Pour le reste, c’est le savoir-faire d’Aldrich qui s’exprime à l’écran alors qu’il donne vie à un désert impitoyable. Si sa mise en scène, composée essentiellement de plans fixes, reste relativement sage, elle n’en reste pas moins efficace. L’espace filmé est particulièrement restreint –on est presque dans un huit-clos finalement– et pourtant on ne ressent pas, ou très peu, cette limite. Par quelques plans larges rappelant l’isolement des hommes, Aldrich donne de l’ampleur à ses images et renforce l’oppression des hommes qu’il rend prisonniers du soleil.
Son sens du rythme fait le reste, ainsi qu’une rencontre avec l’habitant au creux d’un Dune. Comme quoi, les détails font parfois la différence : même si l’ensemble du film est remarquable, une séquence en particulier, on ne peut plus furtive, mais d’une violence sourde, me restera en mémoire, tant elle donne, non seulement, toute sa gravité à cet ultime vol du Phoenix, mais elle justifie aussi sa fin plus légère. Aldrich n’a jamais oublié que son histoire est un drame couteux en vies humaines, il le rappelle à son audience par quelques trépas marquants. C’est sa marque de fabrique, illustrer le drame sans jamais sortir les violons. Une réussite ici : si les rires concluent la séquence, le spectateur sait très bien à quoi s’en tenir.
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