Koyaanisqatsi, de Godfrey Reggio
Voila un film s'il en est dont je trouve qu'il est difficile de parler. Mon père me l'avait fait découvrir il y a une bonne dizaine d'années, et j'en avais gardé un souvenir étrange : celui d'un film mystérieux et fascinant, beau et que je n'étais pas certain d'avoir compris. J'ai donc décidé qu'il était temps de remettre le pied à l'étrier et voir de quoi il retournait. Amusant, je pense que je vais rester sur le même constat.
Film sans parole, qui se contente de donner à voir et de laisser au spectateur le soin de comprendre ce que les images véhiculent,
Koyaanisqatsi est à la fois daté dans ses images, et d'une certaine manière dans sa musique (celle-ci, composée par Philip Glass, sonne terriblement années 80 ; elle n'en est pas moins magnifique et en tout point approprié, s'entend) et relativement intemporel (ce qui est amusant pour un film qui alterne entre timelapse et ralentis). Si le détail des images aurait certainement changé, eut-ce été un projet des années 2010, ou même 2000, les grandes lignes sont toujours présentes.
De ce que je crois en comprendre, il s'agit là d'opposer la nature, intemporelle et suivant son rythme, à la frénésie du monde des humains. La nature ne se veut pas pour autant jolis paysages paradisiaques et sans relief : ce sont des vallées, des paysages volcaniques, la mer, tantôt calme, tantôt déchaînée, etc.. Puis vient l'homme, introduit à l'image par le biais de champs de culture, d'un tracteur, d'usines... Avant de plonger dans la ville et ses mille rythmes, de nuit, de jour, en véhicule ou à pied...
Tout cela ne constitue pas vraiment une critique, mais je ne sais pas vraiment quoi dire de plus. C'est un film dont la grande qualité est, je trouve, de ne pas être bêtement un pamphlet écologique, ou que sais-je, mais une manière de dépeindre notre monde avec une sorte d'amertume teintée d'admiration. S'il est clair (à commencer par le titre, "une vie en déséquilibre") que le réalisateur souhaite montrer les errements de notre mode de vie, je ne peux m'empêcher de voir une certaine fascination pour celui-ci (et les parties centrées sur la ville, et sur l'humain, produisent d'ailleurs des images incroyables). Un peu comme un parent expliquant à son enfant qu'il fait une connerie, avec un demi-sourire amusé qu'il essaie de lui cacher parce qu'il l'a faite aussi, la connerie, et qu'il trouve ça assez touchant somme toute.
Un film saisissant, somme toute, dont le caractère expérimental fait qu'il ne plaira vraisemblablement pas à tout le monde... Mais j'invite quand même les curieux à essayer, et se laisser happer par l'expérience !