Spiderman, l'homme-araignée.
Je suppose que c'est un peu difficile de parler correctement de ce film ; on parle d'un film un peu daté, dans un genre en plein "boom" (tristesse) ; on parle d'un film qui a initié une mode, une sorte de précurseur d'un genre (nul) de films.
Ok, je vais faire comme dans mes autres avis, pour ce qu'ils valent, et être clair d'emblée : j'ai vu Spiderman en salle à sa sortie, tout minot, et je n'avais déjà pas aimé. J'ai essayé de le revoir il y a quelques années, je n'ai toujours pas aimé. Et pris d'une forme de masochisme alimenté par l'impression que pas mal de gens le trouvent en fait bien, j'ai réessayé de le mater. Et non, définitivement, c'est nul.
Du coup, on va commencer par ce qui va.
D'abord, le film est plutôt bien joué. Certains personnages m'insupportent, mais c'est a priori plus lié à leur écriture que leur acting. Je ne peux pas donner de réelle fausse note à ce niveau (si on excepte le surjeu total de Willem Dafoe, mais ça n'a rien de réellement inhabituel...).
Ensuite, le scénario dans sa globalité se tient plutôt bien : des thèmes sont mis en place, ils trouvent leur écho dans plusieurs personnages, sont déclinés, le personnage principal notamment a une évolution. Bref, c'est très classique, mais ça coche la petite case, ok.
Enfin, la mise en scène a des moments sympas et innovateurs, notamment pour l'époque. Ok.
Maintenant, ce qui ne va pas (ou, en langage politiquement correct, "ce qui m'a déplu").
Premier point, et essentiel certainement, la photo est dégueulasse. C'est vraiment moche. Je n'essaie pas de contredire le point précédent, même si j'y réponds d'une certaine manière. Ok, il y a de l'inventivité, mais l'esthétique globale est vraiment à chier. Et ne parlons pas des effets spéciaux, parce que la date de sortie du film n'excuse pas tout, loin de là (surtout si, comme un certain monsieur Debbache, on la compare à la date de sortie de Jurassic Park). Les effets spéciaux sont dégueulasses, et pas uniquement la 3D : la "goutte de sang" qui tombe quand Peter Parker se cache au plafond est une purge qui justifie l'ablation des orifices oculaires à elle seule.
Ok, donc déjà, un film moche, c'est mal barré pour capter mon attention. Mais ce n'est même pas le pire. Un film moche, mais captivant, ça pourrait aller. Et là, je sais que c'est délicat, parce que ça suit sans doute la matériau de base, mais putain l'histoire clichée, quoi. Le nerd absolu qui n'existe que dans les comic-books écrits par des frustrés, que le bus n'attend pas juste parce que le conducteur s'éclate à l'emmerder, que personne ne veut à côté de lui parce que... parce que ! qui devient d'un coup ultra-badass, c'est à en pleurer. J'ai relu il y a quelque temps les merdes de fan-fictions que j'écrivais quand j'avais douze piges, et c'était naze, mais pas désolant à ce point.
Et puis la storyline du côté du Bouffon Vert... Même pas de mot pour la débilité de chaque scène. Je pense qu'un film avec ce script sortirait à l'heure actuelle, il serait conspué pour la caricature à laquelle il réduit le film de genre. Bref.
Parlons morale : elle est nulle, elle aussi. Le seul truc mémorable du film, c'est cette quote grandiloquente, et même elle n'est pas bien amenée. Elle est sortie par une pseudo-figure paternelle qui pense que son gosse s'astique trop dans sa chambre et est travaillé par sa sexualité. Elle est utilisée dans un contexte merdique.
Je m'arrête un instant là-dessus :
Peter se fait arnaquer par un mec ; le mec se fait à son tour voler. Peter pourrait arrêter le voleur du voleur, ou le laisser passer. Il choisit de ne pas intervenir, et le film nous explique, en servant d'inverse absolu à Robin des Bois, que c'est Mal. Il est puni par le script et la Main du Destin par la mort de son oncle (tué par le même mec, du coup) de n'avoir pas arrêté le voleur du voleur. Il sait maintenant qu'il est fort et doit donc intervenir partout et tout le temps, quand quelque chose de répréhensible est commis. Bref, on est dans une énorme métaphore des Etats-Unis gendarmes du monde qui justifient leur interventionnisme à tout bout de champ. De là à en faire un film de propagande, il n'y a qu'un pas que je franchirai presque...
Alors que dans le contexte du film, l'action de Peter est complètement justifiée. Le pire, c'est le flic qui débarque juste après et l'engueule quasiment. Depuis quand un flic engueule un mec désarmé de n'avoir pas empêché la fuite d'un mec armé ? Dans quel univers ?
Qu'est-ce qu'on en retient ? Que faut-il en garder ? J'en sais rien. Des acteurs plutôt justes, une évolution des persos sympas, des idées de mise en scène. Mais c'était la dernière fois que j'essayais de regarder cette purge, promis.