[Alegas] Mes Critiques en 2017

[Mark Chopper]

j'ai cru déceler deux-trois références sous-jacentes dans les dialogues

Je te conseille la critique de Dahan dans le dernier Opération Frisson, qui a vu un sous-texte baudrillardien

[Alegas]

Je viens de mater sa vidéo, c'est pas con du tout ce qu'il dit. Il y a bien cette idée de système dans un système, et forcément quand je vois les rues de John Wick 2 où n'importe qui est un tueur potentiel, comme n'importe quel civil dans Matrix était un agent, je me dis qu'il y a un truc.
Mais du coup, je pense que c'est plus le scénariste qui a vu Matrix et qui a pu se dire "je vais faire pareil" (ce qui expliquerait d'autant plus le choix de prendre Fishburne et les dialogues que j'évoquais) qu'une réelle réflexion baudrillardienne.

[Alegas]

Rumble Fish (Rusty James) de Francis Ford Coppola
(1983)

L'un des premiers Coppola que j'ai découvert avec Apocalypse Now et The Godfather, autant dire que je garde une certaine tendresse pour ce film qui m'a révélé le côté intimiste de Coppola, côté de sa filmographie que l'on a d'ailleurs un peu trop tendance à oublier. Tourné au coude à coude avec The Outsiders, Rumble Fish donne l'apparence d'être un proche cousin de ce dernier. Pourtant, hormis l'univers un peu semblable (on suit dans les deux films des jeunes profitant de leurs dernières années d'insouciance), on peut difficilement faire plus opposé que ces deux métrages. Ainsi, là où The Outsiders est un pur film de commande, Rumble Fish se révèle être une commande dynamitée de l'intérieur, où Coppola en profite pour faire une sorte de poème funeste autour du temps qui passe. On y suit donc des jeunes qui tentent tant bien que mal de ne pas reproduire les erreurs de leurs parents, persuadés que leur vie tournera toujours autour du quartier dans lequel ils ont grandis, et plus particulièrement un jeune homme totalement effacé par l'ombre de son frère, le Motorcycle Boy, ancien chef de gang charismatique qui cherche à devenir un autre homme.

Tout le film tourne autour de cette relation fraternelle particulièrement bien écrite, où Coppola donne le meilleur de lui-même, et totalement incarnée par le duo Dillon/Rourke qui atteint des sommets (on pourra bien dire que Rourke ne fait pas grand chose en terme d'acting, mais il y a une présence folle qui se dégage de ce personnage), le reste du casting n'étant pas en reste avec pas mal de têtes connues (et notamment la très jolie Diane Lane dans un de ses premiers rôles). Grandement inspiré par le néo-réalisme italien, Coppola fait de Rumble Fish un film plutôt lent, répétitif à bien des égards, mais qui dégage une fascination indéniable, ne serait-ce que par les choix formels fait par le réalisateur, du choix du noir et blanc à certains passages de toute beauté (la scène où Dillon sort de son corps, le plan-séquence de fin ), quand bien même la mise en scène de Coppola montre parfois ses limites (le combat du début, qui prouve bien que Coppola n'a jamais été à l'aise pour filmer l'action). Si le film n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains (son rythme particulier en rebutera plus d'un), c'est à mon sens le film typé arty le plus réussi de la carrière de Coppola avec son plus récent Tetro (qui lui ressemble d'ailleurs beaucoup), à la fois un petit film intimiste et une grande œuvre posant un constat pessimiste sur une génération à la dérive.

7/10

[Alegas]

The Sword in the Stone (Merlin l'enchanteur) de Wolfgang Reitherman
(1963)

En faisait ma rétrospective Disney dans l'ordre chronologique, je me rend compte que c'est à partir de ce film que l'on rentre dans la période de l'histoire du studio d'animation que j'apprécie le moins. Période qui aura été marquée par la mort de Walt Disney évidemment, et donc par la reprise du studio par Reitherman, mais qui sera aussi un moment difficile pour le studio qui aura du mal à trouver son public jusqu'aux années 80, au point de presque mettre la clé sous la porte. Quand on voit un film comme The Sword in the stone, on voyait déjà une certaine panne d'inspiration dans le choix des sujets. Car certes, ce qui touche à la légende arthurienne est sacrément intéressant, mais c'est une toute autre paire de manche de l'insérer au sein d'un film d'animation à destination des enfants. Il en résulte un film très étrange à bien des égards. Étrangeté qui, je le conçois, pourra faire le charme du film selon certains, mais qui à mon sens dénote beaucoup trop avec les qualités habituelles du studio. En premier lieu, l'écriture est sacrément simpliste, car on a beau traiter du passage à l'âge adulte, de la prise de responsabilités et de la connaissance du monde, la structure du film en trois épreuves distinctes donne quelque chose de très cyclique, au point de paraître carrément artificiel. En comparaison, le script de The Jungle Book, film suivant du studio qui reprend grosso modo les mêmes thématiques, s'en sort beaucoup mieux de ce côté là.

Et puis autant certains personnages fonctionnent, notamment Merlin (même si je suis pas fan du tout de l'anachronisme forcé pour que les petits s'y retrouvent dans ce Moyen-Âge peu glamour), la pauvreté des personnages secondaires me donne l'impression d'un film à l'écriture très inégale. Je ne parle même pas de la fin, amenée n'importe comment. Du côté du visuel, c'est la pauvreté qui prédomine, avec cette impression de voir une animation moins travaillée qu'à l'ordinaire, et des cadres beaucoup plus figés, et c'est d'autant plus choquant lors des séquences d'épreuves qui fonctionnent sur le rythme (pour le coup, deux scènes fonctionnent vraiment : celle des écureuils et le duel de transformations, le reste c'est vraiment pas la joie). Bref, on sent l'économie de budget, et là où dans le film précédent on jouait sur ça pour créer un style unique au film, ici on se dit que ça aurait pu avoir vraiment de la gueule avec le budget équivalent d'un Sleeping Beauty. On sent le projet plein de promesses qui voulait se distinguer des autres (et à bien des égards, c'est réussi) mais ça n'arrive jamais à s'imposer comme un Disney majeur. Une déception donc, de la part d'un studio qui va continuer sur cette voie pendant de nombreuses années.

5,5/10

[Alegas]

Split de M. Night Shyamalan
(2017)

Le meilleur Shyamalan depuis 13 ans, et tout simplement le premier bon film du bonhomme depuis cette même durée. Si ça se touche un peu en annonçant un peu partout le grand retour d'un réalisateur autrefois promis à une grande carrière, il y a clairement de quoi s'enthousiasmer devant ce film qui, malgré ces défauts, se rapproche de ce qui faisait la force de ses premières œuvres. Alors tout d'abord, en ce qui concerne la fameuse fin, que j'éviterais de spoiler ici, ça a beau paraître gratuit au premier coup, il faut bien avouer que c'est peut-être bien la meilleure idée de Shyamalan depuis des lustres. Après tout, il avait bien dit par le passé que faire une telle chose l'intéresserait, mais le faire sans prévenir et créer ainsi un mix d'univers fonctionne vraiment bien, d'autant qu'en y réfléchissant, il y a bien des pistes à creuser.

Dans Unbreakable, il est plusieurs fois fait référence à un vilain à l'apparence féline, comme une bête à taille humaine. Et même l'affiche vend la mèche si on se concentre un peu sur les bris de verre.

S'il y a bien un défaut que l'on peut trouver à Split, c'est bien son côté assez anecdotique, son côté "sympa, sans plus". Sans la fin, il faut bien reconnaître que le récit a du mal à créer quelque chose de mémorable, et ce malgré les très bonnes pistes lancées ici et là. Plus que le concept, le film repose surtout sur les prestations de ses deux interprètes principaux : James McAvoy qui livre une performance assez incroyable (mais bon c'est pas spécialement étonnant, c'est clairement un des meilleurs acteurs de sa génération) et Anya Taylor-Joy qu'on avait déjà pu remarquer dans The Witch. Malgré son caractère divertissant, et sa mise en scène qui rappelle parfois l'efficacité des meilleurs films de son auteur (on est loin de la fadeur visuelle de ses récents blockbusters), Split s'avère être surtout un film plein de promesses, une mise en bouche de luxe qui annonce un sursaut d'ambition dans la carrière de Shyamalan. Un pari excitant, mais dangereux : si Shyamalan se plante par la suite, il sera très difficile de lui pardonner.

7/10

[Alegas]

Dog Bite Dog de Soi Cheang
(2006)

Ça faisait des plombes que j'avais le dvd sur mes étagères, racheté pour je-ne-sais-quelle raison à un membre du forum. Si j'avais su devant quoi j'allais me retrouver, je me serais bien abstenu . Alors déjà, le premier truc qui choque, c'est que c'est moche. Et pas moche genre ça aurait pu avoir une meilleure photo, non pour le coup c'est moche style y'a pas de directeur photo . Chaque scène se ressemble, soit tout est gris, soit tout est noir, et jamais il y a un semblant de production value. J'aime pas spécialement dire ça d'habitude mais là hormis deux-trois séquences c'est typiquement le genre de film que je serais capable de reproduire avec la première caméra venue. Encore si ça la mise en scène sortait du lot, ça passerait (car bon, c'est pas parce qu'il y a l'excuse d'un petit budget qu'on peut rien faire de bien en terme de réal), mais non c'est de la caméra-épaule tout ce qu'il y a de plus dégueulasse, et on sent qu'elle est surtout là pour faire cache-misère dans les scènes d'action (jamais intéressantes). C'est bien simple, sur la totalité du film, il n'y a qu'une seule séquence qui m'a paru vraiment réussie, à savoir la dernière de Lam Suet, qui dégage un minimum de tension, le reste c'est oubliable en plus d'être laid.

Je parle même pas des idées à la con qui parcourent le film, car bon c'est pas parce que on a un héros qui réagit comme un chien qu'il faut forcément mettre du sound effect de chien enragé à chaque fois qu'il attaque quelqu'un, ça rend les scènes involontairement drôles pour le coup . Côté acting, rien de génial non plus, pourtant j'y croyais un peu avec Edison Chen en lead, mais bon autant le bonhomme est bon chez Johnnie To, autant là c'est un peu la misère. On me l'avait vendu comme une référence du cinéma HK, si c'est le cas ça fait un peu peur, mais bon ça serait pas étonnant vu la carrière qu'a eu le réal depuis (des trucs avec Donnie Yen qui sentent la merde à des kilomètres ), question de goût je suppose. Enfin bon, quand sur le même sujet on arrive à faire moins bien qu'une production Besson, c'est clairement qu'il y a un problème.

3/10

[pabelbaba]

Pareil, je l'avais pas trouvé terrible celui-là, pourtant il avait beaucoup plu à l'époque...

[Mark Chopper]

Je me rappelle avoir aimé à sa sortie...

Je n'ai plus aucun souvenir du film...

Je ne le reverrai jamais

(Sinon il y a des bonnes choses dans son SPL 2, mais c'est peut-être le chorégraphe qu'il faut remercier)

[Jed_Trigado]

J'aime beaucoup ce film, il y a juste la fin que je trouve too much.

Soi Cheang reste quand même un espoir déçu du genre, j'avais kiffé Love Battlefield et assez apprécié Coq de Combat (même si c'était archi-soft par rapport au manga) et depuis plus rien ou presque, SPL 2 c'est limite un incident de parcours.

[Alegas]

Körkarlen (La Charrette Fantôme) de Victor Sjöström
(1921)

Premier film de Sjöström que je découvre, réalisateur suédois dont j'ignorais tout il y a encore quelques semaines et sur lequel je me suis intéressé en remarquant que Duvivier avait remaké un de ses films (en l’occurrence celui-là). Du coup, je suis un peu choqué de n'avoir jamais entendu son nom mentionné dans un de mes nombreux cours d'histoire du cinéma, alors que le bonhomme a influencé ni plus ni moins qu'un réalisateur comme Murneau, notamment en intégrant beaucoup d’expressionnisme dans le visuel de ses films. Dans le cas de ce film, j'aurais presque envie de dire qu'il y a tout de l’œuvre avant-gardiste et novatrice sur bien des points, notamment le storytelling au cinéma. Et ce n'est même pas spécialement le fait d'avoir des flashbacks qui est en cause, mais plus la façon de les utiliser, car là on a quand même parfois des passages entiers du film avec un personnage qui raconte une histoire dans laquelle un autre personnage raconte une autre histoire. Ça donne lieu à une multiplication de strates scénaristiques, et je ne pense pas qu'il y ait un équivalent plus tôt dans l'histoire du cinéma (ou alors je veux bien un titre car ça m'intéresserait de le découvrir).

Alors forcément, ça n'est pas toujours au point, on se perd parfois dans ce dédale de storylines, le côté bavard du film n'aidant pas vraiment (le film est muet bien entendu, mais j'ai pas souvenir d'avoir vu autant de cartons de dialogues en si peu de temps), mais à côté de ça c'est un film qui ose énormément et qui, en plus, tente d'arriver à quelque chose d'émotionnellement très fort (même si je suis un peu déçu par la fin, j'aurais préféré quelque chose de plus tragique). L'autre gros point fort du métrage, c'est du côté de la mise en scène, et principalement sur la partie fantastique (de loin la meilleure du film). Tout le passage sur le fonctionnement de la charrette fantôme c'est assez incroyable de voir comment ça dégage une ambiance unique, et ça doit beaucoup au jeu de transparences, avec des scènes tournées deux fois au même endroit mais avec des actions différentes. Pas un grand film à mes yeux, mais clairement quelque chose d'extrêmement novateur et qui me fait découvrir au passage un grand nom du muet. Du coup, je suis très curieux de découvrir le remake de Duvivier fait quasiment vingt ans plus tard.

6/10

[Jed_Trigado]

Premier film de Sjöström que je découvre, réalisateur suédois dont j'ignorais tout il y a encore quelques semaines

Je pense que c'est le cas de beaucoup de monde.

[Val]

Ça fait un bail qu'il traîne sur mon DD celui-là, faut que je le mate.

[Mark Chopper]

je suis très curieux de découvrir le remake de Duvivier fait quasiment vingt ans plus tard.

La seule version que j'ai trouvée en Albanie avait un son atroce. Du coup, si tu trouves mieux, je suis preneur

(je le sens bien ce film)

[Olrik]

Film très envoûtant, j'en garde une image forte, notamment avec cette fameuse scène que Kubrick, en bon cinéphile, devait connaître par coeur :

[Alegas]

La seule version que j'ai trouvée en Albanie avait un son atroce. Du coup, si tu trouves mieux, je suis preneur

Je crois qu'on a la même version, ça s'écoute mais c'est clairement pas le master dvd sorti chez SNC (au pire ce dernier se trouve encore à pas trop cher sur le net).