The Sword in the Stone (Merlin l'enchanteur) de Wolfgang Reitherman
(1963)
En faisait ma rétrospective Disney dans l'ordre chronologique, je me rend compte que c'est à partir de ce film que l'on rentre dans la période de l'histoire du studio d'animation que j'apprécie le moins. Période qui aura été marquée par la mort de Walt Disney évidemment, et donc par la reprise du studio par Reitherman, mais qui sera aussi un moment difficile pour le studio qui aura du mal à trouver son public jusqu'aux années 80, au point de presque mettre la clé sous la porte. Quand on voit un film comme The Sword in the stone, on voyait déjà une certaine panne d'inspiration dans le choix des sujets. Car certes, ce qui touche à la légende arthurienne est sacrément intéressant, mais c'est une toute autre paire de manche de l'insérer au sein d'un film d'animation à destination des enfants. Il en résulte un film très étrange à bien des égards. Étrangeté qui, je le conçois, pourra faire le charme du film selon certains, mais qui à mon sens dénote beaucoup trop avec les qualités habituelles du studio. En premier lieu, l'écriture est sacrément simpliste, car on a beau traiter du passage à l'âge adulte, de la prise de responsabilités et de la connaissance du monde, la structure du film en trois épreuves distinctes donne quelque chose de très cyclique, au point de paraître carrément artificiel. En comparaison, le script de The Jungle Book, film suivant du studio qui reprend grosso modo les mêmes thématiques, s'en sort beaucoup mieux de ce côté là.
Et puis autant certains personnages fonctionnent, notamment Merlin (même si je suis pas fan du tout de l'anachronisme forcé pour que les petits s'y retrouvent dans ce Moyen-Âge peu glamour), la pauvreté des personnages secondaires me donne l'impression d'un film à l'écriture très inégale. Je ne parle même pas de la fin, amenée n'importe comment. Du côté du visuel, c'est la pauvreté qui prédomine, avec cette impression de voir une animation moins travaillée qu'à l'ordinaire, et des cadres beaucoup plus figés, et c'est d'autant plus choquant lors des séquences d'épreuves qui fonctionnent sur le rythme (pour le coup, deux scènes fonctionnent vraiment : celle des écureuils et le duel de transformations, le reste c'est vraiment pas la joie). Bref, on sent l'économie de budget, et là où dans le film précédent on jouait sur ça pour créer un style unique au film, ici on se dit que ça aurait pu avoir vraiment de la gueule avec le budget équivalent d'un Sleeping Beauty. On sent le projet plein de promesses qui voulait se distinguer des autres (et à bien des égards, c'est réussi) mais ça n'arrive jamais à s'imposer comme un Disney majeur. Une déception donc, de la part d'un studio qui va continuer sur cette voie pendant de nombreuses années.
5,5/10