Nocturnal Animals
On va le dire d'emblée : j'ai profondément détesté ce film. J'y allais sans a priori, voire même plutôt enthousiasmé par la bande-annonce que je trouvais intrigante. Moralité, j'ai eu envie de sortir au bout d'une petite demi-heure et cette sensation dégueulasse ne m'a pas lâché jusqu'à la fin. La dernière fois que j'avais ressenti c'était ça, c'était devant
Melancholia - té, 'me souviens encore du cinéma, c'est dire si ça m'a marqué.
Ok, mais maintenant que ça fait deux bonnes semaines, j'ai un peu eu le temps de ressasser et d'essayer de déterminer pourquoi j'ai trouvé ce film si mauvais. Et le cœur du problème, c'est que je trouve que le film ne raconte vraiment pas grand chose, et qu'il prend un temps fou pour le faire, comme s'il avait des choses importantes à cacher. Alors que non.
D'abord, il y a l'intégration de ce récit ridicule et cliché sous la forme du roman de l'ex-mari. Honnêtement, à la fin du premier passage par Amy Adams, je pensais sincèrement qu'elle allait le fermer pour se payer sa tête tant c'est d'un cliché immonde. Je veux dire, le coup de l'absence de réseau, suivi de la voiture de flic qui passe l'air de rien devant les gens arrêtés sur le bas-côté d'une route déserte, en pleine nuit, et qui appellent de manière complètement obvious ? Même dans un épisode de
24, ils n'oseraient pas.
J'entends bien que le récit est une métaphore... Mais c'est une métaphore pour nous, mais un vrai roman pour le personnage. Reste que le personnage d'Amy Adams le trouve incroyable et bouleversant. Elle en a des sursauts, le laisse tomber à des moments complètement ridicules, et en enlève et remet ses lunettes au moins trois ou quatre fois, c'est dire. Et pour cela, il faut quand même que le récit, au-delà de ce qu'il évoque pour elle, soit bon. Et clairement, il ne l'est pas. D'ailleurs le passage qu'on a le temps de lire rapidement quand un plan s'attarde sur l'objet-livre lui-même est affreusement mal écrit (bon ok, ce n'est qu'une page, mais quand même).
Pour la métaphore elle-même... Ce que j'en comprends, c'est qu'elle y comprend quelque chose, et que l'ex-mari y a mis autre chose. Il représente cette rupture violente, et je vois dans le personnage des trois violeurs/meurtriers le personnage d'Amy lui-même.
Amy, elle, comprend l'inverse. D'ailleurs le film superpose régulièrement Amy au personnage principal du livre. Elle appelle sa propre fille angoissée après avoir lu la mort de la fille du personnage principal. Bon, déjà, c'est idiot, mais elle est insomniaque, donc soit. Ensuite ça amène un personnage qui ne sert à rien d'autre, qui me semble très limite en terme de timeline (elle avorte 19 ans avant, et sa fille a clairement l'air d'avoir plus de 19 ans...). Et ça rajoute une dimension "est-ce qu'elle hallucine ?" au film ; et c'est un peu la dimension de trop, je trouve. Entre ça, le passage "clinique médicale" lors de la réunion de gestion de la galerie d'art, j'ai l'impression que le film veut poser la question de la santé mentale d'Amy alors que... Ben, je n'en vois pas la raison. Ou alors je suis passé d'un élément-clé.
Bref, c'est (je crois) l'histoire d'une rupture et d'un renversement des positions de pouvoir entre une femme et son ex-mari. Là-dessus, la dernière scène fonctionne (c'est peut-être la seule scène qui fonctionne réellement du film, pour moi) ; mais elle conserve un air de "tout ça pour ça". J'apprécie le fait de faire un récit un peu obscur, laisser le spectateur comprendre et interpréter ce qu'il voit, mais en l'occurrence je trouve que cela revient à rajouter une complexité artificielle et franchement pas nécessaire.
Et on pourrait se dire que c'est une note un peu sévère pour un film qui m'a quand même fait cogiter un minimum. Légitimement. Sauf qu'en prime, là où il m'arrive volontiers de reconnaître qu'un film qui me déplaît est objectivement réussi, je trouve les performances d'acteur pour la plupart quelconques (notamment Amy Adams, que j'ai pourtant adoré dans
Arrival) et la réalisation + la photographie franchement laides. J'ai plus l'impression de regarder une pub de parfum qu'un film ; et même le récit dans le récit ne relève pas réellement le niveau : autant la photographie y est plus agréable, autant la mise en scène n'est jamais intéressante (j'ai notamment trouvé la "poursuite" en voiture franchement ratée).
Bref, ça me donne presque envie de revoir
Melancholia pour voir lequel des deux j'aime le moins.