HORNS
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Alexandre AJA / 2013 .................. 7.5/10
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Godammit, qu’est-ce que c’est ce que final ? Alors que je m’entichais de ce Horns qui avait su flirter avec les genres, en jouant avec une aisance redoutable dans la cour du polar satirique fantastico-horrifique, je vois mon enthousiasme se modérer devant la défaillance du dernier geste. Quelle tristesse, tant tout le reste, ou presque, avait su me conquérir.
A commencer par les premières poussées de cornes que l’on redoute au moment de commencer l’aventure, parfaitement gérées, à la mythologie qui les entoure, redoutable. Voir Daniel Radcliffe, —qui embrasse un vrai rôle d’adulte pour définitivement archiver le petit sorcier au lunettes rondes dans les cartons du grenier—, se régaler des déviances de tous les pauvres bougres qui croisent son chemin est délicieux, entre sketch Benny Hillien, épopée horrifique Fulcienne et farce salace à la Dino Risi, l’équilibre était difficile à trouver... Aja relève les manches et le défi avec Brio.
Le voir dessiner un charisme rageur au plus célèbre attrapeur quand il passe enfin la seconde et décide qu’il est temps d’invoquer les flammes de l’enfer donnerait presque le frisson. Les premières mutations radicales de son poulain sont franchement convaincantes, il se passe quelque chose à l’écran, à la fois dans la folie douce qui anime le crayon mais aussi dans la mise en scène, en équilibre stable entre les effets numériques nécessaires et la photographie léchée qui se met au service d’une caméra mobile. Rares sont les cinéastes qui vont au bout de leurs idées, qui mènent leur barque comme ils l’entendent sans oublier qu’il faut aussi composer avec la cohérence : Horns possède un squelette narratif bien pensé, que son statut de fable horrifique légitime certains écarts de conduite, mais joue le jeu avant tout de son genre premier, le whodunit paranoïaque. Et jusqu’à la sortie du quai d’un pot de yaourt à moteur prisonnier des flammes, tout se tient, et de belle manière.
Dès lors se pose la question du dernier acte : que s’est-il passé ? Comment la retenue qui permettait à Aja de doser ses idées, d’en retenir la partie qui fait sens, a pu s’évaporer tout à coup pour laisser place à un lâchage de bride macabre pour le moins discutable. On pourrait presque entendre le petit « fuck it » qui aurait précédé le tournage de la sérénade finale, comme si le chien fou aux commandes avait cédé à ses envies d’aller toujours plus loin. C’est bien dommage, la torture en mode serpentar est de trop, le requiem de l’ange déchu est ridicule et le dernier au revoir, sponsorisé par Tartimiel®, interminable.
C’est triste, épuré de cette dernière errance, amputé de quelques bouts de gras —quelques coupes auraient permis à l’histoire d’être plus vive, les flashbacks en mode Goonies sont sympathiques mais un peu longuets et les scènes de roucoulades traînent en longueur, même si, Juno Temple oblige, je les ai plutôt appréciées—, Horns aurait pu faire acte et s’imposer comme une référence solide en matière de polar fantastique flirtant avec le Bis non sans une certaine intelligence.
Toujours est-il qu’un bonhomme qui signe ce genre de péloche a toute ma sympathie. Il en faut du tempérament pour mener à bien un tel projet, en sachant pertinemment que le résultat ne plaira qu’à une poignée de siphonnés du caisson. Dès lors, je peux comprendre cette envie d’ouvrir en grand les vannes de l’outrance avant de dire au revoir, mais c’était peut-être sous-estimer le potentiel précédant la révérence. Pendant 1H40, Horns est à mon sens une réussite totale qui ne souffre que d’un rythme trop lancinant, une fable sérieuse qui reste légère nourrie par une bande son particulièrement bien sentie. A n'en pas douter, malgré sa sortie de route, Horns est une vraie bouffée d'air frais dans une production cinématographique souvent trop calibrée. Merci Aja et vivement le prochain.
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Alexandre AJA / 2013 .................. 7.5/10
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Godammit, qu’est-ce que c’est ce que final ? Alors que je m’entichais de ce Horns qui avait su flirter avec les genres, en jouant avec une aisance redoutable dans la cour du polar satirique fantastico-horrifique, je vois mon enthousiasme se modérer devant la défaillance du dernier geste. Quelle tristesse, tant tout le reste, ou presque, avait su me conquérir.
A commencer par les premières poussées de cornes que l’on redoute au moment de commencer l’aventure, parfaitement gérées, à la mythologie qui les entoure, redoutable. Voir Daniel Radcliffe, —qui embrasse un vrai rôle d’adulte pour définitivement archiver le petit sorcier au lunettes rondes dans les cartons du grenier—, se régaler des déviances de tous les pauvres bougres qui croisent son chemin est délicieux, entre sketch Benny Hillien, épopée horrifique Fulcienne et farce salace à la Dino Risi, l’équilibre était difficile à trouver... Aja relève les manches et le défi avec Brio.
Le voir dessiner un charisme rageur au plus célèbre attrapeur quand il passe enfin la seconde et décide qu’il est temps d’invoquer les flammes de l’enfer donnerait presque le frisson. Les premières mutations radicales de son poulain sont franchement convaincantes, il se passe quelque chose à l’écran, à la fois dans la folie douce qui anime le crayon mais aussi dans la mise en scène, en équilibre stable entre les effets numériques nécessaires et la photographie léchée qui se met au service d’une caméra mobile. Rares sont les cinéastes qui vont au bout de leurs idées, qui mènent leur barque comme ils l’entendent sans oublier qu’il faut aussi composer avec la cohérence : Horns possède un squelette narratif bien pensé, que son statut de fable horrifique légitime certains écarts de conduite, mais joue le jeu avant tout de son genre premier, le whodunit paranoïaque. Et jusqu’à la sortie du quai d’un pot de yaourt à moteur prisonnier des flammes, tout se tient, et de belle manière.
Dès lors se pose la question du dernier acte : que s’est-il passé ? Comment la retenue qui permettait à Aja de doser ses idées, d’en retenir la partie qui fait sens, a pu s’évaporer tout à coup pour laisser place à un lâchage de bride macabre pour le moins discutable. On pourrait presque entendre le petit « fuck it » qui aurait précédé le tournage de la sérénade finale, comme si le chien fou aux commandes avait cédé à ses envies d’aller toujours plus loin. C’est bien dommage, la torture en mode serpentar est de trop, le requiem de l’ange déchu est ridicule et le dernier au revoir, sponsorisé par Tartimiel®, interminable.
C’est triste, épuré de cette dernière errance, amputé de quelques bouts de gras —quelques coupes auraient permis à l’histoire d’être plus vive, les flashbacks en mode Goonies sont sympathiques mais un peu longuets et les scènes de roucoulades traînent en longueur, même si, Juno Temple oblige, je les ai plutôt appréciées—, Horns aurait pu faire acte et s’imposer comme une référence solide en matière de polar fantastique flirtant avec le Bis non sans une certaine intelligence.
Toujours est-il qu’un bonhomme qui signe ce genre de péloche a toute ma sympathie. Il en faut du tempérament pour mener à bien un tel projet, en sachant pertinemment que le résultat ne plaira qu’à une poignée de siphonnés du caisson. Dès lors, je peux comprendre cette envie d’ouvrir en grand les vannes de l’outrance avant de dire au revoir, mais c’était peut-être sous-estimer le potentiel précédant la révérence. Pendant 1H40, Horns est à mon sens une réussite totale qui ne souffre que d’un rythme trop lancinant, une fable sérieuse qui reste légère nourrie par une bande son particulièrement bien sentie. A n'en pas douter, malgré sa sortie de route, Horns est une vraie bouffée d'air frais dans une production cinématographique souvent trop calibrée. Merci Aja et vivement le prochain.
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