[Alegas] Mes Critiques en 2017

Modérateur: Dunandan

Moonlight - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 18 Fév 2017, 13:30

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Moonlight de Barry Jenkins
(2016)


Il fait bien plaisir ce petit film qui ne paye pas de mine au premier abord, mais qui s'avère mine de rien assez ambitieux au final (globalement ça me fait pas mal penser à The Place beyond the pines dans l'approche). Pour un second long-métrage, c'est même sacrément encourageant, et c'est vraiment cette approche de narration qui transcende le film car la même histoire sur un déroulement plus classique aurait donné quelque chose de finalement assez anecdotique. Plus qu'un plaidoyer sur l'homosexualité comme certains le qualifient de façon assez simpliste, Moonlight est surtout un beau film sur la vie, en suivant le même personnage à trois étapes-clés de son existence, où il apprendra au fur et à mesure à se détacher des malheurs que lui a imposé la vie pour choisir sa propre voie. Un film simple, mais pas simpliste donc, qui s'avère éloigné de ce que l'on pouvait redouter, à savoir un énième produit approuvé par le public Sundance.

Ici, on est finalement assez loin des clichés du cinéma indépendant américain, que ce soit à travers le choix de narration mais aussi à travers la forme visuelle du métrage, bourrée d'effets de style, notamment du côté du montage (cuts au noir, une sorte d'ambiance lumineuse à l'écran avant chaque nouvelle partie, désynchronisation entre image et son, etc...), qui apportent une vraie identité à Moonlight, et qui laissent à penser que Barry Jenkins est le genre de bonhomme qui veut raconter une histoire à sa façon (et tant mieux car j'ai beau ne rien connaître du réalisateur, il est évident que ce récit possède quelque chose de très personnel). A la limite, si je devais faire un reproche au film, ça serait du côté du rythme, où ça prend un peu trop son temps par moment (la séquence du restaurant sur le dernier acte notamment). A côté de ça, la grande force du film tient dans son casting. C'est bien simple : tout le monde est bon, des trois acteurs jouant le héros à Naomie Harris en passant par Mahershala Ali (sacré acteur ce mec d'ailleurs), il n'y a pas de fausses notes et on sent une aisance peu commune dans la direction d'acteurs. Enfin, la musique est franchement jolie, mon premier coup de cœur musical de cette année. Un film très encourageant, et qui prouve qu'on peut marier un récit simple et une façon de le raconter ambitieuse tout en arrivant à quelque chose d'extrêmement cohérent.


7/10
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Air de Paris (L') - 7,5/10

Messagepar Alegas » Dim 19 Fév 2017, 15:09

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L'air de Paris de Marcel Carné
(1954)


Des films de Carné en solo que j'ai pu voir, c'est clairement celui qui me plaît le plus so far. Forcément, la réunion du trio Carné/Gabin/Arletty, qui avait donné le chef-d’œuvre Le jour se lève, doit forcément jouer sa part dans l'équation, mais même sans ça, L'air de Paris reste un petit film très sincère et bourré de qualités. Rien que le sujet a de quoi étonner, puisque la boxe n'est pas spécialement le sport que le cinéma français choisit d'illustrer le plus. Alors certes, la boxe ne reste globalement qu'une toile de fond pour évoquer une sorte de triangle amoureux, mais ça ne l'empêche pas d'être grandement mise en avant, notamment d'un seul et unique combat qui figure à mon sens parmi les meilleures scènes que Carné a pu tourner dans sa carrière. Limites de l'époque obliges, ce n'est pas de la boxe qui fait mal à l'écran, on sent que les acteurs ont beaucoup de mal à trouver l'équilibre entre des coups feints et un jeu plein de sauvagerie, mais le montage est tellement réussi pour le coup que la scène fonctionne vraiment très bien.

Du côté du script, ça fait parfois penser à du Million Dollar Baby avant l'heure, avec cette histoire d'ancien champion un peu désabusé qui décide de coacher un jeune venu de nulle part pour le transformer en champion, mais rapidement l'histoire se transforme pour passer de la success-story a quelque chose de bien plus ambiguë. Comme dit plus haut, c'est le triangle amoureux qui intéresse ici Carné, quand bien même la relation entre Gabin et Lesaffre est montrée seulement de façon sous-jacente (mais confirmée par Carné plus tard, il faut dire qu'un film pareil avec une relation homosexuelle pleinement avouée aurait sûrement fait du bruit à l'époque), et ça donne des jeux d'intention particulièrement intéressants, notamment du côté du personnage d'Arletty, coincé entre la volonté de voir l'homme de sa vie réussir son rêve et la jalousie extrême. Là où le film est clairement moins subtil en revanche, c'est du côté de l'histoire amoureuse du jeune héros, non pas qu'elle soit inintéressante, bien au contraire (la finalité est plutôt bien amenée en plus) mais la représentation de la bourgeoisie parisienne est trop appuyée pour paraître sérieuse. Pour le coup, on sent que Carné, homme proche du peuple, en fait des caisses pour souligner sa pensée.

Autre petite déception vu le titre : la capitale française est pas si bien utilisée que ça à l'écran, ce qui étonne de la part du bonhomme ayant livré Hôtel du Nord, finalement le film pourrait très bien se passer dans n'importe quelle ville de France que ça ne changerait pas grand chose. Côté interprétations, même si je ne suis pas toujours convaincu par Lesaffre dans sa façon de débiter ses dialogues, il assure en jeune boxeur amoureux. Gabin de son côté est comme souvent très bon, et pour le coup il a le physique de l'emploi, étant donné qu'il n'était pas encore dans l'époque où il avait sa gueule de patriarche. Enfin, Arletty est toujours aussi bien dans ce rôle de grande gueule qui lui sied à merveille. Un bon petit film de Carné qui signe là son ultime collaboration avec Gabin.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Mark Chopper » Dim 19 Fév 2017, 20:36

Côté interprétations, même si je ne suis pas toujours convaincu par Lesaffre dans sa façon de débiter ses dialogues, il assure en jeune boxeur amoureux.


Il m'a pourri le film tellement il joue comme une savate.
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Don't breathe - La maison des ténèbres - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mar 21 Fév 2017, 20:37

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Don't Breathe (Don't Breathe - La maison des ténèbres) de Fede Alvarez
(2016)


Je partais de loin avec ce film, car bon autant j'ai beaucoup de respect pour Sam Raimi en tant que réalisateur, autant je me méfie quand je vois son nom crédité simplement en tant que producteur. Puis bon, si on rajoute à ça le fait que c'est réalisé par le mec qui a osé faire un remake d'Evil Dead, et la promo autour du film à base des habituels meilleur film d'horreur depuis des années, autant dire que ça ne m'avait franchement pas tenté à sa sortie en salle. Une erreur de ma part, rattrapée heureusement sur les bons conseils de quelques connaissances, et quand bien même je ne trouve pas que Don't Breathe est un film exemplaire en tout point, c'est clairement un des films de genre les plus rafraîchissants que j'ai pu voir dernièrement. Déjà, je suis un peu étonné que le film soit vendu comme un film d'horreur, alors qu'on est plus à mon sens devant un pur thriller. Ici, on ne cherche pas à faire peur (ok, il y a bien quelques jump-scares, mais ça reste gentillet) mais bien à créer de la tension pendant un maximum de temps, et sur ce point le film remplit parfaitement son office. J'avais beau découvrir le film dans des conditions pas terribles (au casque, sur mon ordinateur, durant un déplacement en train, il y a mieux :mrgreen: ), je n'ai finalement pas décroché à un seul moment de ce film tendu comme pas permis, et dont le concept repose sur une idée toute simple, à savoir confronter trois cambrioleurs face à un ancien militaire aveugle.

Pendant longtemps, j'ai cru que le film allait jouer la carte de la facilité, et partir dans un délire fantastique à base de sens sur-développés, et finalement non, le script se tient de bout en bout sans jamais faire du personnage de Stephen Lang une menace inarrêtable, et ça rend le film d'autant plus efficace vu que ça met sur un pied d'égalité les héros et leur obstacle. Je pourrais reprocher au film de partir un peu trop en live dans son dernier acte (il y avait pas spécialement besoin de sortir de la maison) et d'en rajouter dans le côté malsain du perso de Lang (pour le coup, j'aurais préféré que ça reste un pauvre aveugle qui n'a rien à se reprocher, ça aurait créé une vraie ambiguïté sur l'objectif des héros), mais bon ça n'empêche pas le film d'être diablement efficace jusqu'au bout. Surtout que côté réalisation, ça envoie bien. Fede Alvarez s'avère être un mec plutôt doué, à mi-chemin entre le poseur (le film est vraiment joli visuellement) et l'expérimental (la séquence en vision nocturne), et globalement toute la mise en scène me fait penser à Panic Room, le côté show-off en moins (entre les plans-séquences présentant l'intérieur de la maison et le côté millimétré de certaines séquences, j'ai presque l'impression que c'est une référence assumée). Puis bon, le casting fonctionne bien, c'est cool de ne pas avoir des têtes à claques parmi les cambrioleurs, et Stephen Lang en impose carrément. Une jolie réussite que je n'hésiterais pas à revoir à l'avenir, et du coup ça me donne envie de découvrir le remake d'Evil Dead, chose que je n'aurais pas imaginé il y a encore quelques jours.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Val » Mar 21 Fév 2017, 20:44

Bah ouais il est très bien ce Don't Breath, tout comme l'était le remake d'Evil Dead qui s'est fait bâché de manière totalement injuste car beaucoup surestime les qualités du film original (que j'adore, mais dont il faut admettre les nombreux défauts, qui font sont charme d'ailleurs).
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Alegas » Mar 21 Fév 2017, 20:53

C'est moi d'ailleurs où les avis étaient mitigés ici pour Don't Breathe ? Pour une fois qu'on a un truc aussi bien foutu, c'est dommage de faire la fine bouche. :|
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Val » Mar 21 Fév 2017, 20:55

Non non effectivement c'est plutôt mitigé. Il me semble aussi que Fede Alvarez s'impose comme un mec à suivre.
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De Palma - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mer 22 Fév 2017, 21:40

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De Palma de Noah Baumbach & Jake Paltrow
(2016)


A l'heure où la plupart des bonus sur les éditions vidéos de films se révèlent être de simples arguments promotionnels, ça fait du bien de voir un documentaire pareil, où l'on retrace une filmographie variée et cohérente avec en interview tout le long le réalisateur lui-même qui, pour le coup, ne fait jamais dans la langue de bois, bien au contraire. Sur ce point, la vision de ce documentaire, fait par un fan pour les fans, ne peut que plaire à quiconque apprécie le cinéma de Brian De Palma, ce dernier faisant preuve d'un vrai recul sur sa carrière, jusqu'à concéder ses échecs (il s'avère particulièrement sévère sur Obsession, et avoue à demi-mot que ses derniers films sont plus des moyens de gagner sa vie tout en expérimentant encore un peu), mais aussi en prenant conscience de ce qu'il a pu réussir durant sa vie (c'est particulièrement émouvant de savoir qu'il était conscient à la vision de Carlito's Way qu'il ne pourrait jamais faire mieux par la suite).

A cela s'ajoute évidemment des anecdotes bien senties, que ce soit gentillet ou carrément assassin (Cliff Robertson s'en prend plein la gueule), qui finissent de rendre le film presque indispensable pour un amateur du réalisateur. Un défaut toutefois : la sensation d'avoir affaire à un film trop court pour saisir pleinement toute la densité de la filmographie de De Palma, et du coup certains films en souffrent pas mal (ses plus récents sont trop rapidement évoqués). Nul doute que l'interview de De Palma dans son intégralité doit être passionnante, mais pas sûr qu'elle puisse être visible un jour, car même l'édition vidéo du documentaire s'avère être vide de tout suppléments (un comble tout de même). Pour quelqu'un qui ne connaît que peu le cinéma de De Palma, ça peut difficilement se conseiller vu que ça parle du contenu des films et que ça spoile pas mal sur les intrigues, mais pour un fan qui a vu la majorité de la filmographie du bonhomme, ce documentaire s'impose de lui-même.


7,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Jed_Trigado » Mer 22 Fév 2017, 21:47

Le dialogue croisé d'une heure entre Baumbach et DePalma sur le blu-ray Criterion de Blow Out est une mine d'or, faut dire que le fait que les deux gusses soient amis dans le privé aide a une certaine liberté de ton.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Alegas » Mer 22 Fév 2017, 21:48

Tu sais si ce dialogue est dispo quelque part sur le net ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Scalp » Mer 22 Fév 2017, 21:49

C'est bien il est lucide sur Obsession.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Jed_Trigado » Mer 22 Fév 2017, 21:53

Alegas a écrit:Tu sais si ce dialogue est dispo quelque part sur le net ?

Aucune idée, en tous cas sur YT, il y a que dalle. :(

Scalp a écrit:C'est bien il est lucide sur Obsession.

Non, après venant d'un mec qui croit que Femme Fatale c'est bien, je mets ça sur le compte d'un aveuglement temporaire. :chut:
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Waylander » Mer 22 Fév 2017, 22:03

Alegas a écrit:C'est moi d'ailleurs où les avis étaient mitigés ici pour Don't Breathe ? Pour une fois qu'on a un truc aussi bien foutu, c'est dommage de faire la fine bouche. :|



J'ai trouvé presque bidon pour ma part. On a pas vu le même film.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Val » Mer 22 Fév 2017, 23:19

Femme Fatale est bien plus réussi que Obsession.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2017

Messagepar Mark Chopper » Mer 22 Fév 2017, 23:38

Le cul de Mystique fausse ton jugement.
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